DJENNÉ PATRIMOINE Informations

 

n° 28, printemps 2010

 

 

NOUVELLES DE DJENNÉ

A.T.T à Djenné

 

Le mardi 23 février 2010, le Président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, a effectué une visite à Djenné, dans la cité religieuse, pour le lancement des travaux du seuil de Djenné. Il a été accueilli par une foule nombreuse composée des autorités adminis-tratives et locales, de populations des communes du cercle de Djenné, de ressortissants de Djenné à Bamako (élèves, étudiants et fonctionnaires, etc.).

 

Le Chef de l’État était accompagné d’une forte délégation composée de ministres, de directeurs nationaux et régionaux, de députés, de représentants des bailleurs de fond, etc. L’objet de sa visite était de lancer les travaux préliminaires du seuil de Djenné (qui sera réalisé à Soala) pour un coût d’environ 110 milliards de FCFA sur financement de la Banque africaine de développement (BAD) et d’autres bailleurs.

 

Le Chef de l’État a profité de l’occasion pour inaugurer l’éclairage public de la ville de Djenné (voir DPI n° 27). S’adressant à la population sur la place publique de Djenné, Amadou T. Touré a promis la construction d’un lycée, de 50 logements sociaux, d’un centre de santé, l’extension de l’adduction d’eau et il a remis un chèque de 10 millions de FCFA pour la réalisation des terrains de sports (football et basket-ball).

Mise en place du Bureau de la Société Civile de Djenné

 

Le 16 mai 2010 a eu lieu, dans la salle de la Maison du Peuple, la mise en place du Bureau local de la Société Civile du cercle de Djenné, en présence de M. Amadou Bocar Tegueté, vice-président du Conseil National de la Société Civile et de M. Badou Samounou, membre du Bureau national. La réunion était présidée par le sous-préfet central représentant le préfet du cercle empêché. La mise en place du Bureau a également été marquée par la présence du président du Conseil de cercle de Djenné et du premier adjoint au maire de la Commune urbaine de Djenné.

 

La société civile est un contrepoids et non un contre-pouvoir du gouvernement. Pour parler de la société civile au Mali, il faut remonter à 1236, date de l’élaboration de la Charte de Kouroukanfouga, bien antérieure aux déclarations des droits de l’homme américaine ou française. Mais M. Téguété rappelle que cette charte n’est pas plus ancienne que le Coran révélé par le Prophète (PSL).

 

Le bureau de la Société Civile du cercle de Djenné sera un véritable instrument capable de défendre les intérêts de la population. Sans être hostile au pouvoir administratif, le Bureau permettra une meilleure prise en compte des préoccupations de la population dans les projets de développement du cercle.

 

En voici la composition :

1- Président : Boubacar Garba SAMOUNOU (Association des artisans)

2- Vice-président : Baba TOURÉ (AMDH)

3- Secrétaire général : Mamadou SANOGO (SyPCES)

4- Trésorier général : Abba MAÏGA (REDECOMA)

5- Trésorière générale adjointe : Tiédo SOW (CAFO)

6- Secrétaire à l’organisation : Boubacar Garba KOÏTA (Association DJENNE PATRIMOINE)

7- Secrétaire à l’organisation adjointe : Nako YARRO (CAFO)

8- Secrétaire chargé des politiques et stratégies de développement : Abagoue NIANGALY (Gina-dogon)

9- Secrétaire chargé des relations avec les partenaires : Baminata NIENTAO (ReFOE)

10- Secrétaire à l’information et à la communication : Kassoum KONÉ (Réseau des communicateurs traditionnels)

11- Secrétaire chargé des renforcements des capacités et développement des composantes de la société civile : Hamadoun WAÏGALO (CASA/Djenné Patrimoine)

12- Secrétaire chargé de l’éducation : Mamadou COULIBALY (SNEC)

13- Secrétaire chargé de la santé et du développement social : Adama DIARRA (OMAES)

14- Secrétaire chargé du développement rural et environnement : Alphadi YARRA (ADCI)

15- Secrétaire chargé de la sécurité et paix : Demba WAÏGALO (Croix rouge)

16- Secrétaire chargé de la promotion de la femme et de l’enfant : Kadidia DJENNÉPO (AADI)

17- Secrétaire chargé de la micro finance, commerce et artisanat : Ibrahim petit Baba TRAORÉ (CCIM)

18- Secrétaire chargé de la jeunesse, art, culture, tourisme et culte : Mamadou SAMAKÉ (JCI)

19- Secrétaire chargé de la citoyenneté, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance : Baba CISSÉ (Association des personnes âgées)

 

La proposition du Bureau par la Commission d’Investiture a été approuvée par acclamation par l’Assemblée générale.

 

Renouvellement du Bureau de la Coordination Locale des Jeunes du Cercle de Djenné

 

Le jeudi 10 juin 2010, s’est tenue dans la salle de la Maison du Peuple une assemblée générale au cours de laquelle le Bureau de la coordination locale des jeunes a été renouvelé.

 

La séance a été présidée par le sous-préfet central de Djenné, Sama DEMBÉLÉ, et le chef de service de la jeunesse de Djenné, Drissa Katikon TRAORÉ.

 

Après la démission de l’ancien Bureau, qui a présenté un bilan d’activités et dont le mandat a pris fin ce jour, un Bureau consensuel a été mis en place non sans de multiples interventions des uns et des autres.

 

Composition du nouveau Bureau de la Coordination Locale des Jeunes de Djenné :

 

1- Président : Abdramane DEMBÉLÉ (Djenné), trésorier de DJENNE PATRIMOINE

2- Vice-président : Mahamane DIAWARA (Dandougou-Fakala)

3- Secrétaire Général : Boubacar CISSÉ (Djenné), secrétaire administratif de DJENNE PATRIMOINE

4- Secrétaire Général Adjoint : Moussa CISSÉ (Kewa)

5- Secrétaire chargé des relations extérieures et à l’intégration africaine : Bahasseye SAMOUNOU (Djenné)

6- Secrétaire à l’organisation : Bréhima SOW (Djenné)

7- 1er secrétaire à l’organisation : Moya YARSANA (Djenné)

8- 2ème secrétaire à l’organisation : Ballen KONATÉ (Femaye)

9- Secrétaire chargé de la communication et des technologies de l’information : Aly CISSÉ (Djenné)

10- Secrétaire chargé de l’économie et des finances : Gouro BOCOUM (Djenné)

11- Secrétaire Adjoint chargé de l’économie et des finances : Naouma SYLLA (Ouro Aly)

12- Secrétaire chargé de l’éducation et la formation : Mahamadou SAMAKÉ (Djenné)

13- Secrétaire chargé de l’éducation-formation : Ousmane CISSÉ (NBK)

14- Secrétaire chargé de l’emploi : Sarmoye TRAORÉ (Djenné)

15- Secrétaire chargé de l’environnement et de la santé : Dr Abdoul Wahab SOW (Djenné)

16- Secrétaire chargé des droits de l’homme et de la citoyenneté : Lamine KONATÉ (Madiama)

17- Secrétaire chargé du développement rural : Nouhoum CISSÉ (Djenné)

18- Secrétaire chargé de la vie associative : Modibo CISSÉ (Djenné)

19- Secrétaire chargé de la promotion de la jeune fille : Kadidia Mossi TRAORÉ (Djenné)

20- Secrétaire chargé du développement social et de l’économie solidaire : Sominé SAYE (Djenné)

21- Secrétaire chargé de la culture, des sports et loisirs : Mamoudou CISSÉ (Djenné)

22- Secrétaire aux comptes : Adama COULIBALY (Dérari)

23- Secrétaire chargé de la médiation et de la gestion des conflits : Mahamane KOROBARA (Djenné)

 

La Caravane de l’Intégration Africaine à Djenné

Le 19 juin 2010, la Caravane de l’Intégration Africaine est arrivée à Djenné aux environs de 21 h. Organisée par la Télévision « Africable, la chaîne du continent », en collaboration avec des télévisions partenaires de l’Afrique de l’ouest, la Caravane a sillonné les villes historiques de cette partie de l’Afrique, Djenné étant l’avant-dernière étape sur le territoire malien, juste avant le départ pour le Burkina Faso.

 

L’objectif de cette caravane, selon Sékou Tangara (journaliste-présentateur à Africable), est de sensibiliser le peuple africain à sa culture, afin qu’il réalise la valeur et le potentiel des richesses culturelles et sociales de ce continent.

 

Cette caravane a été accueillie sur la place publique par le maire de la Commune urbaine de Djenné, le représentant du Chef de village, le Conseil communal des jeunes de Djenné dirigé par Bahassé SAMOUNOU et le Bureau de la coordination locale des jeunes du cercle dirigé par Abdramane DEMBÉLÉ, trésorier de Djenné Patrimoine.

 

Après le dîner, place au journal télévisé de la Caravane de l’Intégration : sur le plateau, le journaliste Sékou TANGARA recevait le préfet du cercle de Djenné, Mamoutou Balla DEMBÉLÉ, le maire de la commune urbaine de Djenné, Bamoye Sory TRAORÉ, le président de DJENNE PATRIMOINE, Amadou T. BAH, le représentant du bureau de la coordination des jeunes, Modibo CISSÉ.

 

Ce journal a été diffusé sur la chaîne Africable le 21 juin, illustré par une série de reportages sur les sites historiques et touristiques de Djenné, grâce aux commentaires de Mamadou SAMAKÉ mandaté par le bureau de la coordination locale des jeunes, dont il est membre également.

 

NOUVELLES DU PATRIMOINE DE DJENNÉ

 

Projet de formation des maçons et construction de la Maison du Patrimoine

A) Alphabétisation 2ème Phase

Dans le cadre du projet « Formation des maçons et construction de la Maison du patrimoine de Djenné », il a été mis en place depuis l’an dernier des cours du soir d’alphabétisation en langue bamanan, afin d’initier les maçons à écrire, lire et calculer dans cette langue nationale. Ces cours sont dispensés par Abdoulaye Koïta depuis la première phase.

 

Cette année, les cours ont débuté le 15 janvier 2010 avec 19 stagiaires en 2ème année et 7 en 1ère année. Les cours se déroulent du samedi au mercredi de 19h à 22h (1 h 30 par classe). Cette phase a pris fin le 31 mai 2010 avec la remise des attestations aux stagiaires de 2ème année.

 

B) Voyage d’étude à Mopti

Dans le cadre du même projet, DJENNE PATRIMOINE et le Barey Ton ont organisé le 11 avril 2010 un voyage d’étude sur les chantiers bâtis en terre à Mopti. L’équipe du jour était composée du secrétaire administratif de DJENNE PATRIMOINE, M. Boubacar CISSÉ, et du président du Barey Ton, Bé Sékou TRAORÉ, accompagné de 19 maçons.

Maçons de Djenné sur le toit de la grande mosquée
de Mopti

 

Après la visite de courtoisie chez le chef de village, M. Konipo, l’un des membres du comité de gestion a fait un brillant exposé sur la restauration de la mosquée et la gestion de son suivi. Après ces explications, une visite guidée a été organisée, donnant lieu à une série de questions portant sur le mode de crépissage, les battants (portes, fenêtres, etc.).

La visite du Centre de Santé de Référence de Mopti

L’équipe a aussi visité le centre de santé de référence (en face de la mosquée) construit en terre stabilisée ;  certains membres de l’équipe se souviennent avoir participé aux travaux de construction de cette maternité. Cette visité était dirigée par Zakaria Ouédraogo, représentant de l’architecte Ismaël N’Diaye. La visite s’est terminée à la Maison Rouge, dont le propriétaire, pourtant informé de la visite, avait malheureusement fermé ses portes.

C) Émission radiophonique à Radio Jamana :

La sensibilisation de la population de Djenné se fait à travers les conférences-débats, les expositions photos et maintenant les émissions radiophoniques (Djenné Patrimoine a participé il y a quelques années à l’émission « Racine » de Radio Jamana).

 

C’est dans le cadre du projet qu’une émission radiophonique a été mise en place pour sensibiliser la population sur un certain nombre de thèmes :

1) Connaissance du patrimoine culturel ;

2) Inscription de Djenné sur la liste du patrimoine mondial et national ;

3) Connaissance de DJENNE PATRIMOINE et du Barey Ton ;

4) Connaissance du Projet de Formation des maçons et de construction de la Maison du Patrimoine.

 

L’émission, qui est diffusée chaque dimanche, est animée en langue bamana par Mamadou Samaké de la Mission culturelle et Boubacar Dembélé de Radio Jamana de Djenné.

 

D) Travail avec les groupes du Barey-ton :

 

Depuis l’an dernier, il a été créé trois groupes de travail de 6 personnes sur trois thèmes distincts :

Groupe 1 sur l’organisation du chantier de construction de la Maison du patrimoine (notamment la fabrication de djenne-ferey)

 

Groupe 2 sur l’amélioration de la qualité des enduits

 

Groupe 3 sur la modernisation de la corporation des maçons (incluant la formation).

 

Cette année, il y a eu quelques changements dans la composition des groupes de manière à ce que les nouveaux venus puissent être informés des réflexions qui ont été conduites l’an passé. Les groupes ont travaillé avec Olivier Scherrer et Boubacar Cissé.

Activités de la mission culturelle de Djenné

 

Rapport sur l’état d’avancement des travaux de restauration de la mosquée

 

« Le présent rapport s’inscrivant dans le cadre des travaux de restauration de la mosquée de Djenné porte sur la période allant de début février à début  mai 2010.

Il est à rappeler que les travaux du chantier sont exécutés, sous la conduite des architectes de la Fondation Aga Khan pour la Culture, par des maçons et des manœuvres de Djenné. Leur contrôle est assuré par la Mission Culturelle de Djenné.

Le rapport est axé sur trois points :

• les travaux réalisés de début février à début mai 2010 ;

• les travaux en cours de réalisation ;

• les observations.

 

Une vue de la façade Est de la mosquée

pendant les travaux

 

 

 

 

I. – Les travaux réalisés de début février à début mai 2010

1. – La façade Nord

La partie restaurée est comprise entre l’angle Ouest et la tour de l’escalier. Les opérations suivantes y ont été effectuées :

• le décapage des enduits et la vérification de l’état des maçonneries ;


• la réparation et la consolidation des maçonneries (remplacement de briques, pose de mortier de revêtement) ;

• la pose d’enduits de banco pourri.

 

Après cette tranche de la façade Nord, les travaux ont été interrompus du fait de l’état de dégradation très avancé de la base de la tour de l’escalier. Cette mesure a permis aux architectes de mettre en place, très rapidement, un dispositif de soutènement pour éviter l’effondrement de la tour qui semblait imminent. Le très mauvais état que présente cette structure rend indispensable sa démolition avant d’envisager sa reconstruction.

 

2. – L’intérieur de la salle principale de prière

 

Les travaux ont concerné le dernier tiers de la salle – espace comportant quatre rangées de piliers dans le sens Est-Ouest et Nord. Les réalisations effectuées ont porté sur :

• le décapage des enduits et la vérification de l’état des maçonneries ;

 

• la réparation et la consolidation des maçonneries (remplacement de briques, pose de mortier de revêtement) ;

 

• la pose d’enduits de banco pourri.

 

À la date du 6 mai 2010 où l’équipe de contrôle de la Mission Culturelle a effectué une visite des lieux, l’ensemble de la salle principale de prière a fait l’objet des opérations de réparation et consolidation susmentionnées.

 

3. – L’intérieur des galeries

Les travaux effectués sur ces parties sont pareils à ceux de la salle principale de prière. À la date du 6 mai 2010 les opérations de réparation et de consolidation sont terminées à ce niveau.

Une travée de la salle de prière

 

 

 

 

 

 

4. – La façade Est 

 

4.1. – La partie Sud située entre l’extrémité et le mihrab Sud

 

Elle présente une restauration achevée à laquelle la reconstruction du mihrab – qui s’était effondré – donne une fière allure mise en relief par la netteté de la forme des pilastres et la surface uniforme et lisse des espaces que ceux-ci délimitent. La restauration, apparemment complète et réussie, de cette portion préfigure le nouveau visage de la mosquée.

 

4.2. – Les murs de la façade et leurs pilastres

 

Ces structures ont aussi fait l’objet de réparation et de consolidation. Les opérations effectuées sont :

 

-          le décapage des anciens enduits et vérification de l’état des maçonneries ;

 

-          la réparation et la consolidation des maçonneries (remplacement de briques, pose de mortier de revêtement) ;

 

-          la pose d’enduits de banco pourri.

 

5. – Les murs d’enceinte : le mur du côté Sud

 

Les travaux de réparation et de consolidation réalisés à ce niveau concernent :

-          le décapage des anciens enduits et vérification de l’état des maçonneries ;

-          la réparation et la consolidation des maçonneries (remplacement de briques, pose de mortier de revêtement) ;

-          la pose d’enduits de banco pourri.

Au cours de la première opération, les maçons ont fait la découverte de nombreuses sépultures à la base du mur, sur la portion comprise entre le portail Sud et l’angle Ouest. Ce qui confirme bien la mention faite de l’utilisation de la mosquée comme cimetière après sa destruction par Sékou Amadou. Les sépultures mises au jour ont toutes été minutieusement refermées avant la poursuite des autres opérations de restauration.

 

A la date du 6 mai 2010, le mur du côté Sud est complètement restauré.

 

6. – Les portails

 

Ils sont deux à faire l’objet de réparation et de consolidation à la date du 6 mai 2010. Il s’agit du portail Sud incrusté dans le mur d’enceinte du côté Sud et de celui de l’Ouest dont la position est à la jonction de deux murs (Sud et Ouest). Les travaux effectués sont les mêmes que ceux du mur d’enceinte du côté Sud.

 

II. – Les travaux en cours de réalisation

1. – Le mur du côté Nord

Les travaux y ont commencé dans la dernière décade du mois d’avril 2010. Le mur fait l’objet de réparation et de consolidation à travers les opérations suivantes :

 

-          le décapage des anciens enduits et la vérification de l’état des maçonneries ;

 

-          la réparation et la consolidation des maçonneries (remplacement de briques, pose de mortier de revêtement) ;

 

-          la pose d’enduits de banco pourri.

 

A la date du 6 mai 2010, toute la portion du mur comprise entre l’escalier Nord et l’angle Ouest est touchée par les premières opérations.

2. – Les portails du côté Nord

Le mur d’enceinte du côté Nord comporte deux portails. Seul celui incrusté dans la portion du mur comprise entre l’escalier Nord et l’angle Ouest est en cours de restauration, en ce moment. De ce fait, il lui sera appliqué les mêmes opérations de réparation et de consolidation que celles effectuées sur les murs d’enceinte restaurés. Par ailleurs, l’autre portail, ainsi que  toute la portion du mur entre l’escalier Nord et l’angle Est qui le comporte, n’a pas été encore touché.

 

3. – Le mihrab Nord

 

Il fait partie des structures de la mosquée fortement dégradées nécessitant une reconstruction. À la différence de sa jumelle du côté Sud entièrement reconstruite suite à un effondrement, ce mihrab a été démoli partiellement puisque qu’une bonne partie de sa base, encore très solide – c’est-à-dire en bon état – a été conservée. La reconstruction de la partie démolie est envisagée dans le courant de ce mois de mai 2010. Pour ce faire, l’atelier de confection de briques traditionnelles (jenne-ferey) mis en place depuis mi-août 2009 est à pied d’œuvre et a déjà produit la quantité de briques à utiliser.

 

4. – Le mihrab central

Les opérations de vérifications entreprises à ce niveau ont révélé que la structure présente un bon état à la différence de ses deux jumelles dont elle est flanquée. Selon les architectes, les travaux de réparation et de consolidation à y effectuer doivent commencer impérativement avant l’installation de l’hivernage.

 

5. – Les terrasses (salle principale et galeries) et les murs de protection

L’imminence de l’hivernage a conduit les architectes à faire effectuer par les maçons le rafraîchissement des enduits de banco pourri sur la terrasse principale, les terrasses des galeries et les murs de protection. Pour les


 

terrasses, les enduits permettront de colmater les fissures et de renouveler la couche de finition usée du fait des piétinements occasionnés par les travaux en cours. Quant aux murs de protection, ils constituent les parties les plus exposées aux pluies, nécessitant que deux à trois enduits de banco pourri leur soient appliqués. Le travail a commencé le 5 mai 2010 et se poursuit.

 

6. – L’escalier côté Nord

Les travaux de réparation et de consolidation ont commencé sur cette partie à la fin du mois de janvier 2010. Ils y ont été interrompus suite à la découverte de dégradations très profondes, notamment à la base où les briques se transformaient en poussière après qu’elles aient été dégagées de l’épaisse couche d’enduits qui les recouvrait. Les architectes ont rapidement procédé à la mise en place d’un périmètre de sécurité aux alentours (fermeture systématique de la ruelle de Yoboucaïna qui borde la mosquée côté Nord) et installé ensuite un dispositif de soutènement en bois de menuiserie autour de l’escalier. La sérénité a pu revenir presque trois jours après la menace, ce qui a permis d’ouvrir à la circulation des personnes la ruelle auparavant fermée.

 

La démolition de la tour de l’escalier a commencé le 6 mai 2010 et se poursuit. À la fin de l’opération, les architectes envisagent la reconstruction avant l’installation de l’hivernage qui ne tarde plus.

 

III. – Conclusion / Observations 

 

1. – Des travaux restent à faire

Ü      Concernant la façade Est qui retrouvera son vrai visage, tout au plus dans un mois et demi, avec la reconstruction du mihrab Nord et la réalisation des travaux de réparation et de consolidation du mihrab central.

 

Ü      Concernant l’escalier Nord dont la reconstruction sera entamée bientôt, en même temps que les travaux de la façade Est.

 

Il faut souligner qu’en ce moment, les architectes ont accordé la priorité à ces travaux. Leur préoccupation reste, bien entendu, de les terminer avant que s’installe l’hivernage. Pour y parvenir, ils procéderont à un recrutement de maçons et de manœuvres.

 

Ü      Concernant la façade Nord dont la portion comprise entre l’escalier et l’angle Est fera d’abord l’objet de sondages sur l’état des maçonneries avant de décider des opérations à y effectuer. Les travaux interviendront probablement après ceux programmés comme prioritaires.

 

Ü      Concernant l’intérieur de la salle principale de prière et des galeries où il y a d’importants travaux de finition à réaliser :

 

-          l’installation des gaines électriques pour l’éclairage, la ventilation et la sonorisation ;

 

-          la menuiserie (portes, fenêtres grillagées) ;

 

-          l’application des enduits de finition (plafonds et murs) ;

 

-          le revêtement du sol.

Ü      Concernant les murs d’enceinte des côtés Est et Ouest, le portail du côté Est, la maisonnette du muezzin, les trois sépultures où aucune intervention n’est encore envisagée. Compte tenu de la priorité accordée par les architectes aux travaux des tours (les mihrab Nord et centre, escalier Nord) qui doivent être exécutés avant l’installation de l’hivernage, la restauration de ces éléments interviendra plus tard. Tout compte fait, le programme des architectes de l’AKTC prévoit la finalisation des travaux du chantier avant le 22 septembre 2010.

 

Ü      Concernant l’éviction des chauves-souris qui n’est pas achevée. L’opération a été effectuée, dans une première phase, entre février et mars 2009. Elle a permis à l’expert zoologue de chasser toutes les chauves-souris adultes grâce à une technique basée sur leur surveillance pendant les heures de mobilité et grâce à un dispositif de grillage et de filet dont les fenêtres et les portes de la mosquée ont été équipées. Le zoologue a formé sur place un jeune de la ville qui continue d’assurer l’éviction de ces animaux de la mosquée en veillant au fonctionnement correct du dispositif de fermeture des ouvertures. Selon le surveillant, il existe encore un petit nombre de chauves-souris qui vivent à l’intérieur. Cette situation s’explique selon lui par l’inobservance des consignes de fermeture par certains fidèles après la prière de l’aube. Pour les architectes, il faut attendre la fin des travaux avec l’installation de toutes les portes et fenêtres grillagées pour parvenir à une éviction totale de ces animaux.

 

2. La conservation et la valorisation d’une technique constructive traditionnelle

Depuis mi-août 2009 un atelier de Djenné-ferey a été mis en place sous la direction du vieux maçon Aboubacar TOURÉ, le seul à maîtriser la technique. Son but est non seulement de pourvoir à tous les besoins du chantier en Djenné-ferey mais aussi de contribuer à la conservation et à la valorisation d’une technique constructive traditionnelle menacée de disparition. De son installation à aujourd’hui, il contribue à former une quarantaine de maçons sur la technique de confection. La reconstruction du mihrab Sud et celle envisagée des tours (mihrab nord de la façade Est et escalier Nord) illustrent fortement l’importance de cet atelier.

 

3. Le non lieu du crépissage annuel 2010

Pour cette année 2010 la tradition séculaire de crépissage de la mosquée de Djenné a été annulée. La décision a été prise de façon parfaitement unanime par le Conseil de Village de Djenné lors d’une réunion ad hoc tenue chez le Chef de village, le 1er mai 2010. Les raisons sont surtout liées aux conditions de sécurité qui ne sont pas très favorables à un grand rassemblement comme celui qu’occasionne l’entretien annuel de la mosquée. Cependant, il faut souligner que la population comme ses représentants y tiennent et entendent le  poursuivre dès l’année qui suivra la fin des travaux de restauration. »

 

Réserve de djenne-ferey

dans la cour de la mosquée en décembre 2009

 

 

 

Enquête sur les manuscrits de langue arabe de Djenné : projet de préservation, de numérisation et de catalogage – par Sophie SARIN

 

Djenné, ville classée comme Patrimoine Mondial par l’UNESCO, avec sa magnifique mosquée en terre, a été un centre important pour la culture et le commerce au sud du Sahara pendant au moins un millénaire. Réputée pour sa culture islamique, Djenné possède peut-être autant de manuscrits que Tombouctou, sa ville sœur. Aujourd’hui encore, la pratique de la copie des textes arabes perdure au sein des familles de lettrés de la ville, mais aussi dans les nombreuses écoles coraniques, où les élèves (tâlib) apprennent à écrire sur des tablettes en bois (lawâh).

 

Il y a une cinquantaine d’écoles coraniques à Djenné et beaucoup de maîtres coraniques (alfâ) qui y enseignent détiennent des manuscrits, dont certains sont transmis de générations en générations. Si une partie de ceux-ci sont destinés à être lus à haute voix dans les écoles coraniques, notamment lors des fêtes musulmanes du Ramadan, de ‘Îd al-’Adhâ, du Mawlid, etc., d’autres se rapportent à la vie quotidienne (actes de propriété, reconnaissances de dettes, chroniques familiales, etc.), sans liens directs avec l’enseignement islamique.

 

L’enquête préliminaire qui est présentée ici s’inscrit dans la continuité du travail commencé en 2004 par Abdel Kader Haïdara, directeur de la bibliothèque privée Mamma Haïdara de Tombouctou, en collaboration avec Stéphanie Diakité. Haïdara avait alors estimé le nombre de manuscrits présents à Djenné à environ 10 000 et il avait établi un catalogue de la collection de l’imam de Djenné, intitulé « Bibliothèque de l’Imam Korobara ». Mais ce catalogue porte en réalité la mention « Bibliothèque de Djenné », car il était destiné initialement à constituer la base de la Bibliothèque des manuscrits de Djenné nouvellement construite.

La bibliothèque des manuscrits de Djenné

 

Par la suite, l’imam devait décider de conserver la plupart de ses manuscrits dans sa propre bibliothèque, déposant toutefois 100 documents à la Bibliothèque de Djenné. Ainsi, la plupart des manuscrits qui y sont aujourd’hui conservés sont des dépôts provenant d’autres personnes.

I/ La mise en place du projet

L’enquête, conduite dans le cadre du « Programme des archives en danger » de la British Library de Londres d’août à novembre 2009, visait à établir l’étendue et l’intérêt des manuscrits de langue arabe présents à Djenné, aussi bien ceux de la Bibliothèque de Djenné que ceux des bibliothèques privées, dont certaines sont liées à des écoles coraniques.

 

Le projet a été lancé publiquement à l’occasion d’une émission télévisée consacrée à la Bibliothèque de Djenné, le 16 août 2009, émission à laquelle étaient conviés les personnalités de la ville et les représentants des grandes familles de Djenné connues pour posséder des collections de manuscrits. Abdel Kader Haïdara était présent en qualité de conseiller et prononça une allocution remarquée.

 

Le même soir, un banquet était organisé dans la bibliothèque. Cet évènement avait pour but de sensibiliser la population à l’égard du projet et faciliter ainsi le travail des archivistes. Il a atteint son objectif dans la mesure où de nombreuses familles contactèrent immédiatement les archivistes, tandis que des rendez-vous furent pour visiter les collections in situ, chez leurs détenteurs. Parallèlement, de nombreux manuscrits furent déposés en lieu sûr à la Bibliothèque.

 

L’équipe comprenait un archiviste expérimenté de Tombouctou, Samba Ibrahim, et deux archivistes liés à la Bibliothèque de Djenné, Garba Yaro et Yelfa Djéité. Ces derniers reçurent, au cours du travail, une formation donnée par Samba Ibrahim sur l’établissement des listes et la manipulation des manuscrits. Vers la fin du projet, l’équipe a été rejointe par Moustapha Issa, de Tombouctou, qui a consacré un mois à retranscrire sur ordinateur l’ensemble des notes en arabe prises par les trois archivistes et montrer à Garba Yaro comment poursuivre lui-même ce travail de saisie.

   

 

 

 

   

     

 

    Après avoir posé les lignes directrices du projet en août 2009, Abdel Kader Haïdara est revenu quelques jours à Djenné durant le mois de décembre pour évaluer l’avancement du travail qui avait été fait et donner des conseils sur la façon de le poursuivre en vue d’un éventuel futur Grand Projet. Le bilan des activités effectuées par l’équipe d’archivistes est encourageant, les enquêtes ayant été dirigées vers deux types de manuscrits : la collection de la Bibliothèque de Djenné et les manuscrits des bibliothèques privées.

 

 

Les Archivistes de la Bibliothèque de Djenné, Garba Yaro et Yelpha Dieité (de gauche à droite) en train de travailler sur les manuscrits d’Alpha Issa Kantao

 

II/ La collection de la Bibliothèque de Djenné

Le démarrage de la mission coïncidant avec le mois du Ramadan, il était difficile de recenser les manuscrits familiaux. Il a donc été décidé de concentrer le travail durant ce premier mois sur la seule collection de la Bibliothèque de Djenné.

 

Celle-ci contenait 1 519 manuscrits au début du projet, lesquels ont été déposés par 24 familles. Ces manuscrits ont été recensés en vue d’un éventuel catalogage. À chaque collection privée correspond ainsi une notice d’indentification mentionnant pour chaque manuscrit : A/ numéro du manuscrit ; B/ nom du manuscrit ; C/ sujet ; D/ auteur ; E/ copiste ; F/ date ; G/ nombre de feuillets ; H/ langue ; I/ état du manuscrit et autres remarques.

Au moment où le projet s’achevait, 9 autres familles déposèrent 653 manuscrits supplémentaires, portant ainsi la collection de la Bibliothèque de Djenné à un total de 2 172 ouvrages. Cependant, ces derniers dépôts n’ont pu être recensés, car pendant les trois mois qui ont suivi, l’équipe était mobilisée autour des visites quotidiennes chez les particuliers qui avaient accepté de leur ouvrir leurs bibliothèques.

III/ Les manuscrits des bibliothèques privées

Ce ne sont pas moins de 13 familles qui ont autorisé l’équipe à voir leurs collections de manuscrits. Plusieurs journées ont été nécessaires pour trier le contenu des nombreuses caisses et boîtes où les documents étaient conservés. Le propriétaire était toujours présent durant les manipulations, exigeant même parfois d’être le seul à toucher les ouvrages. Dans la majorité des cas, plusieurs visites furent nécessaires, et l’équipe devait évidemment s’adapter à l’emploi du temps du détenteur des manuscrits.

 

Afin d’obtenir une rapide vue d’ensemble du matériel disponible et de l’évaluer, il avait été décidé d’opérer un simple comptage des manuscrits. Les informations relatives au contenu furent relevées en utilisant une feuille sur laquelle figuraient, en colonnes, 30 rubriques descriptives (« Coran », « astronomie », « rhétorique », etc…), rédigées en arabe et traduites par la suite en français par un membre de l’équipe de Haïdara. Chaque ouvrage fut ainsi recensé par une simple croix dans la colonne correspondante, de sorte que les 13 collections privées sont représentées actuellement par une feuille de ce type, constituant le résultat le plus probant de la présente enquête.

 

Malle en métal où sotn déposés des manuscrits de la famille d’Ahmed Bacaïna Traoré (Konofiya)

 

Une fois qu’un manuscrit avait été porté sur la liste, il était recouvert d’une feuille de papier blanc ordinaire, pliée en deux, pour être conservé en l’état et identifié comme un seul et unique manuscrit. Ainsi traité, le manuscrit était alors rangé à nouveau dans son coffre, le plus souvent une cantine en métal, ce qui constitue un mode de stockage relativement correct pour la préservation.

 

 

IV/ Les principaux résultats de l’enquête préliminaire

Les critères d’intérêt documentaire et de datation des manuscrits n’ont pas été privilégiés par les experts, qui ont simplement noté que le manuscrit le plus ancien déposé à la Bibliothèque de Djenné était un ouvrage de grammaire daté de 1631, même si d’autres peuvent être plus anciens, leur datation n’étant pas systématique.

 

Un certain nombre d’entre eux se sont toutefois signalés par leur caractère inhabituel : un manuscrit traitant de théologie en langue peul et écrit en caractères arabes (ajami) ; une chronique (Ta’rîkh) du Macina, l’État musulman fondé au début du XIXe siècle dans la région de Djenné ; un document sur la médecine traditionnelle dans l’espace mauritanien ; une biographie de lettrés peuls ; une histoire des groupes de peuplement peul ; une copie du Ta’rîkh al-Sûdân ; un compte-rendu des relations commerciales entre Djenné, la Lybie et la Tunisie ; et un recensement du quartier de Sankoré à Djenné.

 

Manuscrit de Djenné daté de 1717 contenant des formules talismaniques

 

 

 

 

L’archiviste de Tombouctou, Samba Ibrahim, a relevé qu’une des particularités des manuscrits de Djenné par rapport à ceux de Tombouctou est la grande proportion de documents traitant de la magie (as-sihr). Quasiment la moitié des nouveaux manuscrits furent enregistrés sous la rubrique « ésotérisme » (bâtin), même si Samba Ibrahim estime qu’il s’agit en réalité d’ouvrages traitant des modes d’action, de protection et de guérison contre la magie et la sorcellerie (ar-ruqyah), un savoir et un savoir-faire pour lesquels Djenné est très réputée.

 

Samba Ibrahim a également noté la réticence de certains à montrer leurs documents et leur inquiétude à laisser des chercheurs les examiner. Ils ne comprenaient pas pourquoi l’équipe s’intéressait aux seuls manuscrits et semblaient craindre que ceux-ci ne leur soient volés ; d’où l’insistance des chefs de famille à être présents durant le travail d’inventaire. Cependant, Samba Ibrahim reconnaît que la même réaction s’était produite à Tombouctou au début de son travail, une attitude que Haïdara juge pour sa part normale et attendue.

 

À cet égard, les archivistes estiment que les manuscrits montrés à l’équipe ne représentent qu’une partie des collections privées. Pendant les visites, il est en effet apparu que beaucoup de détenteurs de manuscrits ne donnaient accès qu’à certains ouvrages, promettant parfois d’en présenter d’autres à une date ultérieure ; de fait, plusieurs grandes caisses, probablement pleines de manuscrits, restaient souvent fermées, faisant penser que les manuscrits présentés n’étaient pas ceux que les intéressés considéraient comme les plus importants.

 

Enfin, il y a aussi beaucoup de familles qui, possédant des manuscrits, n’ont pas encore donné leur accord pour une visite de l’équipe, bien qu’elles aient promis plusieurs fois de déposer des ouvrages à la Bibliothèque de Djenné ou de donner accès à leurs manuscrits à la prochaine occasion.

 

Au-delà de ces réticences bien naturelles, le projet a aussi parfois été accueilli avec hostilité, car certains pensaient qu’ils recevraient quelques émoluments s’ils permettaient à l’équipe d’accéder à leurs manuscrits. Il est d’autant plus remarquable que tant de familles, dont certaines sont économiquement fragiles, aient ainsi accepté de collaborer avec les enquêteurs, et même parfois de déposer des manuscrits à la Bibliothèque, alors qu’aucun subside ne leur avait été donné.

Conclusion

Le travail entrepris reste inachevé, en partie à cause de l’importante quantité des manuscrits qui se trouvent à Djenné, et en partie à cause d’une certaine résistance de la part de la population.

 

Abdel Kader Haïdara était toutefois plus que satisfait des efforts de l’équipe et de ses résultats. Il a indiqué qu’il continuerait volontiers à participer aux recherches en qualité de consultant malien, si le projet se poursuivait sous la forme d’un Grand Projet, c’est-à-dire non pas financièrement important, mais bénéficiant de moyens scientifiques appropriés. Il suggère qu’on adopte à Djenné les mêmes méthodes que celles employées à Tombouctou, puisque celles-ci ont fait leurs preuves et que les collections de manuscrits de Tombouctou sont désormais en bonne voie pour leur conservation et leur valorisation.

 

Haïdara recommande également, dans la perspective de ce Grand Projet, qu’on accorde une grande importance à la mise en place d’ateliers de vulgarisation réguliers, lesquels donneraient ainsi à la population l’occasion de découvrir les multiples aspects liés aux manuscrits. De cette façon, leurs détenteurs pourraient être impliqués personnellement dans la préservation et participer ainsi d’une politique locale de conservation, dès lors que les manuscrits sont considérés, non pas seulement comme importants en soi, mais comme un véritable patrimoine pour Djenné.

 

Il n’est pas encore possible d’apprécier toute la richesse de ces nouveaux manuscrits inventoriés par l’enquête préliminaire puisqu’ils n’ont pas été étudiés en détail. Mais comme l’a souligné Haïdara avec la modestie qui le caractérise, ce travail n’est pas du ressort de l’équipe. Celle-ci s’est engagée à recueillir et préserver les manuscrits et à mettre en place une bibliothèque bien organisée, de manière à pouvoir fournir des copies numérisées aux futurs chercheurs spécialisés dans l’analyse scientifique de ce type de documents. Tel est l’enjeu du Grand Projet qui devra, on peut l’espérer, faire suite à cette enquête préliminaire. Quant à la valeur des manuscrits, et au-delà de leur dimension patrimoniale, ce sont les recherches qu’entreprendront les islamologues, historiens et autres anthropologues qui en préciseront tout l’intérêt scientifique.

 

NOUVELLES DE DJENNÉ PATRIMOINE

 

Une réunion des artisans créatifs de Djenné

Le 29 décembre s’est tenue, à la Maison du Peuple, une réunion des artisans créatifs de Djenné. Ces artisans ont été identifiés en 2008 et 2009 par Évelyne BERTRAND qui a photographié un certain nombre de leurs productions typiques et préparé un diaporama pour faire connaître leur travail.

La réunion était présidée par Garba SOUMOUNOU, en qualité de président de l’Union professionnelle des artisans de Djenné (UPAD, qui concerne en réalité l’ensemble du cercle de Djenné, et les artisans de production comme les artisans d’art). Tous les artisans recensés étaient présents ou représentés. Il est apparu que la majorité d’entre eux n’étaient pas membres de l’UPAD. M. SOUMOUNOU a annoncé qu’il travaillait à la création d’une association des artisans de Djenné ville et il a invité les présents à y adhérer.

 

Au cours de la discussion, quelques intéressantes suggestions ont été faites :

 

• faire en sorte que Djenné Patrimoine puisse se donner les moyens de prendre des apprentis en formation dans les métiers menacés de disparition ;

• concentrer tous les moyens et toutes les initiatives sur les objets typiques de Djenné, en laissant les produits que les touristes peuvent trouver partout en Afrique et qui n’ont aucune spécificité djennenké (tels les masques, les sacs et vêtements en tissus de pagne, etc.) ;

 

• ne pas négliger certaines fabrications d’artisans trop discrets (par exemple les boîtes à bijoux en calebasse décorée de motifs géométriques en fibre végétale) ;

 

• envisager une exposition du travail des artisans qui fabriquent des calebasses pyrogravées, car les motifs qu’ils utilisent sont d’une très grande variété.

 

Réunion des artisans créatifs de Djenné dans la salle de la Maison du Peuple où se tient l’exposition sur le patrimoine architectural en terre

 

 

Le Président de DJENNE PATRIMOINE sur le plateau du journal d’Africable

Lors du passage de la Caravane de l’Intégration Africaine à Djenné, la mairie a invité le président de DJENNE PATRIMOINE à parler de l’histoire de la ville et de sa gestion en présence du préfet du cercle de Djenné, lequel a ainsi pu répondre à la question de la violation des textes législatifs et réglementaires concernant le patrimoine culturel – et plus particulièrement celui de Djenné – par l’État malien lui-même

 

Le président de DJENNE PATRIMOINE a aussi expliqué l’historique de la mosquée de Djenné et évoqué, à la suite d’une allusion du journaliste, la question du pillage des sites archéologiques.

 

 

Exposition sur le Patrimoine Architectural

 

Exposition sur la richesse du patrimoine architectural en terre de l’humanité organisée par Évelyne BERTRAND, du 24 décembre au 23 février

L’exposition, prévue du 24 décembre 2009 au 21 janvier 2010, a été prolongée jusqu’au 23 février pour coïncider avec l’arrivée des représentants du jumelage coopération de Vitré (France) et la visite du président de la république à Djenné. La manifestation, qui s’est tenue dans la salle de la Maison du Peuple, présentait 9 panneaux issus de l’exposition « Architectures de terre dans le monde » du Centre Georges Pompidou à Paris, complétés par les panneaux « Djenné il y a 100 ans » et les clichés d’Évelyne BERTRAND sur « L’architecture traditionnelle actuelle à Djenné ».

 

C’est Évelyne BERTRAND qui a assuré les visites commentées de l’exposition pour les visiteurs maliens ou étrangers, mais aussi les scolaires qui le souhaitaient. Le nombre de visiteurs témoigne de l’intérêt porté à l’exposition, avec pas moins de 1 500 visiteurs maliens, 328 élèves et 683 étrangers.

 

Le but de cette manifestation était de sensibiliser les maçons et la population de la ville à la richesse de son patrimoine architectural, en montrant que les matériaux de terre ne sont nullement des matériaux « de pauvre », mais qu’ils se prêtent au contraire à une grande variété de forme à travers le monde. C’est ainsi que l’on utilise la terre dans la construction d’immeubles, comme au Yémen par exemple, mais aussi dans certaines maisons actuelles aux États-Unis, ce qui a d’ailleurs beaucoup surpris le public de Djenné.

 

Visite des scolaires à l’exposition

 

Si cette exposition a été une réussite, il est toutefois à regretter le manque de communication et signalisation permettant d’informer le public (banderoles, etc.), tandis que la salle d’exposition a été réquisitionnée pour de multiples réunions par les autorités, gênant ainsi considérablement les visites.

 

 

 

 

Réunion du Bureau de DJENNE PATRIMOINE

 

Le samedi 14 août 2010 à 17 heures, le bureau de l’association malienne DJENNE PATRIMOINE s’est réuni à la résidence de Joseph BRUNET-JAILLY, à Djoboro. L’ordre du jour portait sur :

1/ La présentation de Gilles HOLDER, nouveau Secrétaire Général de l’Association Internationale DJENNE PATRIMOINE ;

2/ Les dernières informations à mettre en ligne dans le prochain bulletin de l’association ;

3/ Divers

Étaient présents Messieurs Amadou Tahirou BAH, Hamadoun WAÏGALO, Bamoye GUITTEYE, Ali TANAPO et Boubacar CISSÉ.

 

Sur le premier point, Amadou Tahirou BAH a présenté Gilles HOLDER aux membres présents à la réunion et a également présenté les membres du bureau de l’association malienne. Juste avant de donner la parole à Gilles, Amadou a fait le point sur le terrain de la future Maison du Patrimoine, les difficultés faites par les autorités administratives, et a signalé que notre partenaire ACROTERRE risquait de se retirer du projet si l’acquisition du terrain n’était pas réalisée avant la fin septembre 2010. Il a profité de l’occasion pour indiquer que le bureau venait de recevoir un ordinateur portable destiné aux diverses activités de l’association.

 

Gilles HODLER, qui est anthropologue spécialiste de l’islam au Mali, actuellement détaché à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Bamako, a alors présenté un certain nombre d’objectifs qu’il entend poursuivre dans le but de renforcer, de faire connaître et d’ouvrir plus largement l’association DJENNE PATRIMOINE, aux niveaux aussi bien local que national et international.

 

Gilles à également communiqué la composition du nouveau bureau de l’Association Internationale DJENNE PATRIMOINE, qui a été élu le 9 juillet dernier à Meyrargues, près d’Aix-en-Provence. Ont été élus :

            • Joseph BRUNET-JAILLY, Président ;

            • Gilles HOLDER, Secrétaire Général ;

            • Pauline DUPONCHEL, Trésorière.

Concernant le second point, les membres du bureau ont passé en revue les rubriques, les articles et les informations à diffuser dans le n° 28 de DJENNE PATRIMOINE Informations.

 

Enfin, dernier point, Amadou Tahirou BAH s’est réjoui de ce que Gilles apporte son soutien à DJENNE PATRIMOINE et a souligné qu’avec le bureau local qui vient d’être renouvelé, incluant de nouveaux membres jeunes et dynamiques (cf. DJENNE PATRIMOINE Informations n° 27), l’association bénéficie désormais de savoirs et de savoir-faire qui lui permettront d’élaborer un programme d’activités digne de ce nom et faire en sorte que le Bulletin devienne une véritable plateforme d’information et de débats autour des enjeux du patrimoine à Djenné.

 

Chaque membre a ensuite donné son point de vue sur l’association, son fonctionnement, ses missions, avant que Gilles ne fasse un certain nombre de propositions discutées par le bureau international :

 

-Élaborer un plan d’actions de l’association avec la mise en place d’un programme annuel d’activités ;

 

-Renforcer les dynamiques du bureau de DJENNE PATRIMOINE par la tenue de réunions régulières et de séances de réflexion et d’analyse sur les objectifs  et les actions de l’association ;

 

-Intensifier les relations avec les autorités locales et nationales, par un effort plus marqué sur la communication ;

 

-Définir une politique de sensibilisation à travers des actions visant à se rapprocher des différents publics (locaux, nationaux et internationaux) et des personnes ressources que sont, notamment, les guides touristiques, etc.

L’ordre du jour étant épuisé, la séance a donc été levée à 18 h 15, juste avant la rupture du jeûne du ramadan.

 

Résultats du test d’alphabétisation des maçons

 

Du 15 janvier au 31 mai 2010, la 2ème phase des cours d’alphabétisation suivie par les maçons de Djenné a été dispensée par le professeur Abdoulaye Koïta. La liste des maçons ayant passé avec succès le test final est, par ordre alphabétique : Bara CISSÉ, Baber DJÉNÉPO, Soulakata DJÉNÉPO, Amidou GABA, Hasseye GOMÉDA, Bokari KONTAO, Mamadou KOSSINANTAO, Bamoye KOUMA, Bamoye MAYANTAO, Ousmane MAYANTAO, Ba Oumar NABO, Bayaya SAMPANA, Baber SAO, Njé SAO, Soumaila SIDIBÉ, Ba TOURÉ, Bamoye YONOU, Oumarou YONOU.

 

Un grand bravo à tous !