DJENNE PATRIMOINE

BP 07 DJENNE Mali

 

DJENNE PATRIMOINE Informations

numéro 1, juin 1996

 

NOUVELLES DE DJENNE

Depuis le 13 mars 1996, la ville de Djenné dispose de l'électricité. Un groupe a été installé dans le quartier de Djoboro, un éclairage public a été mis en service dans certaines rues, et les particuliers qui le veulent peuvent obtenir le branchement d'un compteur à domicile. Le courant est distribué de 7 h à 13 h et de 18 h à 24 h. Du point de vue de la protection du site, l'opération a évidemment entrainé la pose de poteaux et de cables, que les photographes auront désormais bien du mal à éviter. Cependant, les poteaux ne sont pas en ciment (ce sont des troncs assez larges et noueux) et les cables, d'assez fort diamètre, découpent les façades, mais évitent qu'elles soient striées d'écheveaux de fils noirs. A l'occasion de la cérémonie d'inauguration de cette installation, DJENNE PATRIMOINE a souhaité qu'on envisage pour l'avenir la pose de cables souterrains, et le Ministre de l'Energie, des Mines et de l'Hydrologie a promis de faire préparer un projet en ce sens.

Un nouveau château d'eau de 150 m3 a été construit au début de l'année grâce à un financement de la République fédérale d'Allemagne. Il est en service depuis le 29 avril 1996. Fort heureusement, on a donné à ce bâtiment un aspect extérieur inspiré de l'architecture traditionnelle de Djenné: lors de sa visite à Djenné, le 26 avril, le Président de la République s'est félicité de cette contribution à la préservation du caractère architectural du site.

NOUVELLES DE LA PROTECTION DU PATRIMOINE DE DJENNE

Le 9 février 1996, au lendemain de l'ouverture de l'exposition "Djenné" au Musée National de Bamako -cette exposition est issue de celle qui a été présentée à Leyde pendant plusieurs mois en 1995-, l'Ambassadeur des Pays-Bas au Mali, accompagné de MM. Samuel Sidibe, Directeur du Musée National de Bamako, Rogier Bedeaux, Directeur du Musée de Leyde (Pays-Bas), Ibrahim Toloba Keita, chef de la Division du Patrimoine au Ministère de la Culture et de l'Information se sont rendus à Djenné, où ils ont rencontré notamment Monsieur Diaby, chef de la Mission Culturelle de Djenné, Monsieur Mahamane Santara, Député de Djenné, le Commandant de Cercle, et Monsieur Papa Cissé, Président de DJENNE PATRIMOINE.

Au cours de plusieurs réunions organisées à cette occasion, l'ensemble des problèmes de l'aménagement de la ville de Djenné a été examiné : projet de construction d'un second pont sur le bras du Bani, projet de lotissement au lieu-dit Dontémé Tolo, assainissement, voirie... Parmi les informations qui ont été données, certaines ont un intérêt immédiat :

- l'exposition présentée de janvier à avril 1996 au Musée National de Bamako sur Djenné sera transférée à Djenné même, pour être installée à la Maison des Hôtes à partir de juillet 1996 en principe ;

- le financement par les Pays-Bas d'une opération de restauration d'un certain nombre de maisons typiques de Djenné est acquis, et les premiers travaux pourraient commencer avant la fin de l'année 1996 (4 ou 5 maisons, à choisir par une Commission sur proposition d'un architecte, seraient concernées, la première année, par la phase d'expérimentation) ; parmi les problèmes qui semblent n'avoir pas encore retenu beaucoup l'attention figure celui de l'évacuation des eaux usées : leur volume a fortement augmenté avec l'évolution des modes de vie et avec l'amélioration de l'approvisionnement en eau ; l'administration semble croire que le problème pourrait être résolu par un système communautaire ou privé de vidange des puisards, à intervalle rapproché ; ne pourrait-on pas imaginer que l'on se préoccupe aussi, à l'occasion des travaux de restauration des maisons typiques, de modifier le système d'évacuation lui-même, sans toucher à l'aspect extérieur des façades ?

- en ce qui concerne le futur musée de Djenné, il a été annoncé que DJENNE PATRIMOINE participerait à sa gestion et à son animation, de sorte que soit réalisée une sorte de cogestion entre l'administration et la population, d'une part, et que le musée soit un lieu de culture vivante (exposition des chefs-d'œuvre des artisans, spectacles -théâtre, chants, marionnettes...-, conférences, projections cinéma et vidéo...); DJENNE PATRIMOINE sera très probablement aussi chargée de participer à l'organisation touristique (formation et supervision des guides, information des touristes...). Ce dernier sujet a été à nouveau évoqué avec Madame le Ministre de l'Artisanat et de l'Industrie, le 27 mai 1996, lors de sa tournée dans la région de Mopti. Monsieur Samuel Sidibe, directeur du Musée National de Bamako, a été chargé de rédiger un rapport sur le "concept" du musée de Djenné. Le Musée National a reçu de la Mission Française de Coopération un financement de 52.660 FF pour permettre la réalisation de ce rapport et pour appuyer la Mission Culturelle de Djenné (équipement et inventaire des objets, cf. ci-dessous). Ce rapport est toujours attendu avec le plus grand intérêt.

Par ailleurs, l'ambassadeur du Mali à Washington a reçu fin mai un chèque de 40.000 dollars du World Monuments Fund, pour financer le plan d'aménagement du site de Djenné-Djeno. La proposition de l'administration malienne était en compétition avec plus de 300 autres demandes, dont 36 seulement ont été retenues; celle qui concerne Djenné-Djèno est la seule financée en Afrique en 1996. Ce financement doit permettre la lutte contre l'érosion par la mise en place d'une ceinture verte autour du site, et notamment par la construction de diguettes limitant le ruissellement des eaux. Mais la moitié du financement devrait permettre à l'équipe McIntosh de fouiller à nouveau le site et d'y installer un petit musée de site. Cette dernière idée est-elle vraiment opportune ?

La Mission Culturelle de Djenné a réalisé, avec le concours de DJENNE PATRIMOINE, et grâce à un financement de la Mission Française de Coopération à Bamako, un inventaire des objets d'intérêt culturel détenus par les familles de Djenné : insignes du pouvoir d'une part, outillages de production d'autre part. Environ 200 objets ont été photographiés, inventoriés sur des imprimés spéciaux et numérotés. Certains ont immédiatement été acquis par la Mission Culturelle, pour d'autres la discussion a été commencée sur les conditions dans lesquelles ils pourraient être exposés dans le futur Musée ou rendus accessibles aux chercheurs. La Mission Culturelle envisage de publier un catalogue des objets ainsi recensés, afin de les protéger.

ACTIVITES DE DJENNE PATRIMOINE

* DJENNE PATRIMOINE a organisé le 28 octobre 1995 une projection privée, pour ses adhérents, de "Djenné, métropole du Podo", film réalisé par Oumar Madani KONE, cinéaste au CESPA, originaire de Djenné, en sa présence : grand succès, beaucoup de questions, auditoire enchanté.

* DJENNE PATRIMOINE a organisé le 21 mai 1996, avec la Mission Culturelle de Djenné, une conférence de l'archéologue américain Roderick McIntosh, qui a fouillé il y a vingt ans le site de Djenné-Djèno et qui l'a fait connaître. A l'aide de cet exemple et de plusieurs autres venant du monde entier, le conférencier a illustré l'intérêt de la recherche archéologique, qui contribue d'une façon particulièrement convaincante à la connaissance historique. Djenné-Djèno avec ses 69 sites satellites a abrité jusqu'à plus de 100.000 âmes à partir de 250 av. J.C., et se trouvait en relation avec le monde antique, notamment la Mésopotamie.

* La commission animée par Hamma Cisse a pris contact avec un certain nombre de familles d'artisans, pour rechercher leur coopération en ce qui concerne la conservation et la mise en valeur des outillages des métiers traditionnels : tisserands et bijoutiers, notamment.

* Bamoye Guitteye s'est rendu deux fois à Yonga Bozo et Kolenze, pour présenter l'idée qu'on pourrait probablement entreprendre quelque chose pour restaurer certains au moins des "sahos". Au cours de l'un de ces voyages, il était accompagné par Boubacar Koita, dit Tapo. Aujourd'hui encore c'est le chef des jeunes de chaque quartier qui a la responsabilité principale de l'entretien du "saho" du quartier. Mais le problème devra naturellement être posé au chef de village, ce qui impliquera un déplacement du Président Papa Cisse, soit juste avant la saison des pluies (qui va commencer dans une ou deux semaines) soit après (ce qui repousse à janvier ou février si on ne veut pas faire le voyage en pirogue).

* Amadoun Tahirou Bah a pris en charge la rédaction de notices sur les photos de la collection IFAN : une première version de ce travail, sous le titre "Djenné, il y a cinquante ans" sera prochainement photocopiée pour recueillir des commentaires.

* DJENNE-PATRIMOINE a obtenu d'un mécène, le Musée BARBIER-MUELLER, de Genève, que ce dernier finance une campagne de fouilles archéologiques à Djenné ou dans les sites des environs, dans l'espoir de contribuer à la constitution du noyau d'une collection pour le musée de Djenné. La campagne envisagée devra se situer dans le droit fil des campagnes antérieures, de façon à apporter une contribution significative à la recherche archéologique et à la connaissance de l'histoire du peuplement de cette partie du delta intérieur du Niger et de sa culture. Par ailleurs une décision de l'administration malienne devra prévoir que les objets d'intérêt muséal découverts à l'occasion de cette campagne seront exposés en permanence à Djenné même, dans le musée à construire. Les propositions des archéologues intéressés seront examinées par un comité constitué à l'initiative de DJENNE-PATRIMOINE et du Musée BARBIER-MUELLER. L'équipe qui aura été retenue, et qui sera donc assurée d'un financement, devra obtenir, en temps voulu, et conformément aux dispositions du décret n° 275 du 4 novembre 1985, une autorisation de fouiller, délivrée par l'administration malienne compétente, qui est informée de l'appel à propositions. (Pour toute information complémentaire, écrire au Professeur J. BRUNET-JAILLY, ORSTOM, 04 BP 293, ABIDJAN 04, Côte d'Ivoire, fax n° 225 35 40 15).

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Ont contribué à la rédaction de ce numéro : Papa Moussa Cisse, Bamoye Guitteye, Hamma Cisse, Amadoun Tahirou Bah, Joseph Brunet-Jailly et Ibrahim Kone

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