DJENNE PATRIMOINE Informations
n° 27, automne 2009
NOUVELLES DE DJENNE
A la suite des élections du mois d’avril, le Conseil
de cercle de Djenné, composé de délégué élus par les conseils communaux, est
ainsi constitué :
Dandougou-Fakala :
Amadou Dicko et Boukary Dia
Derrary :
Abdoulaye Diarra et Amadou Diarra
Fakala :
Macki Cisse et Aminata Drame
Femaye :
Allaye Sidibe et Aly Diarra
Kewa :
Sidi Kondo et Lamine Kondo
Nema Badenya Kafo : Sékou Bah, Kouraba Tangara
et Molobaly Seiti
Ouro Ali : Oumar Couilibaly et Bilaly Traore
Pondori : Youssouf Kabirantao et Mama Koina
Togue Mourari : Amadou Macinanke et Hassane Cisse
Madiama : Komany Diarra et vMama Mahmoud Secre
Niansanari : Karimou Bouare et Amadou Tangara
Djenné : Alassane Bocoum et Hamadoun Bah
Ce conseil a élu son bureau ainsi composé :
Président du conseil de cercle de Djenné : Alassane Bocoum
Premier Vice-Président : Abdoulaye Diarra
Second Vice-Président : Mme Aminata Drame
DJENNE PATRIMOINE félicite chaleureusement les nouveaux élus et souhaite
qu’ils manifestent par des actes leur attachement à la protection et à la
promotion du patrimoine archéologique, architectural et culturel du cercle.
Le conseil de cercle a tenu plusieurs sessions au cours de l’année 2009.
Fin juin-début juillet il a adopté son budget additionnel 2009, adopté son
règlement intérieur et créé ses commissions. Les 15 et 16 septembre, il a
adopté les projets à réaliser sur le droit de tirage 2009 auprès de l’ANICT. Du
20 au 22 octobre, il a adopté son programme de développement annuel 2010
et son budget primitif 2010. Le 11 novembre 2009, au cours d’une session
extraordinaire, il a adopté un plan triennal 2009-2011 ainsi que les plans
annuels 2009 et 2010 d’appui technique (formation de ses élus et personnels,
cf. ci-dessous).
En 2010, le Conseil de cercle de Djenné doit construire et équiper une
salle de classe à Djenné ; réhabiliter la morgue du centre de santé de
référence ; renforcer les capacités de ses élus et de son personnel par des
formations, notamment en matière budgétaire.
Le Conseil de cercle de Djenné attend avec impatience la réalisation du
seuil de Soala dont il attend un épanouissement des activités de l’agriculture,
de la pêche et de l’élevage dans le cercle, en plus d’un accès plus facile à
Djenné. Il veut être impliqué de façon directe dans toutes les phases de cette
réalisation et de sa gestion. A cette fin il va constituer un comité.
La composition de ce conseil et de son bureau a été donnée dans le
précédent numéro de DJENNE PATRIMOINE Informations. Au cours de sa
première session ordinaire, le conseil communal a créé 5 commissions :
affaires économiques et financières ; affaires domaniales et
foncières ; affaires éducatives,
sociales, culturelles et sportives : état-civil et recensement ;
cadre de vie, voirie et urbanisme ; et il a adopté son budget additionnel.
Au cours d’une session extraordinaire, il a identifié et retenu un projet
d’investissement (construction d’une école maternelle à Djenné) pour mobiliser
son droit de tirage 2009. Au cours d’une seconde session ordinaire, il a adopté
son budget primitif 2010.
L’assainissement de la ville de
Djenné, encore et toujours !
En 2008, après des années de laxisme de
la part des plus hauts responsables de la ville, l’insalubrité de la ville
religieuse a atteint un seuil qui dépassait tout commentaire. Les rues étaient
impraticables, les touristes ne savaient plus où mettre le pied pour contempler
la belle architecture. Certains fidèles âgés, à cause de la boue et des eaux
usées souillant le sol, n’avaient plus accès à la mosquée dès la nuit. Les
pousse-pousse peinaient plus que de raison avant d’arriver à destination. Les
déplacements des piétons étaient devenus problématiques, les cyclistes et
motocyclistes se garaient à distance, faute de passage. La vie était devenue
intenable à l’intérieur des maisons à cause des mouches le jour, des moustiques
la nuit et des odeurs suffocantes à tout moment.
C‘est dans cette situation de
désolation qu’a eu lieu l’assemblée du 22 octobre 2008. Ce jour-là, tout Djenné
était réuni, car deus points essentiels étaient à l’ordre du jour :
l’assainissement et la religion. En effet, il s’agissait de préparer le retour
des équipes de
En ce qui concerne l’assainissement,
les différents intervenants, après avoir déploré la situation, ont accusé le
chef du SAPCN (service d’assainissement et de contrôle des pollutions et des
nuisances) d’être trop clément. Certains sont allés plus loin, en disant :
« on ne peut pas avoir l’estime de la population et être apprécié par ses
chefs ». Personne n’a fait allusion à la pratique courante à Djenné :
en cas d’infraction et de sanction, on multiplie les interventions, notamment
celles des marabouts, et jusqu’à Bamako, pour faire rapporter l’amende, ou la
convocation !
Ainsi, ce jour-là, c’est Bakary
Coulibaly, seul, qui a « porté le chapeau », comme si les accusateurs
et autres participants n’avaient jamais été défaillants. C’est donc à partir de
ce 22 octobre 2008 que le chef du SAPCN a décidé de tirer toutes les
conséquences de cette nouvelle analyse de la situation, si inattendue qu’elle
soit. Après avoir passé deux semaines de sensibilisation et d’information, qui
lui ont permis de passer dans tous les quartiers, après une campagne à la radio
locale et par crieur public, le contrôle a débuté. Pour réussir l’opération, il
fallait montrer que désormais personne n’était au-dessus de la loi. C’est ainsi
que les premiers contrôlés ont été l’administration (le premier adjoint au
préfet), la perception, beaucoup de notables de Djenné, et aussi les
beaux-parents de l’agent verbalisateur. Les convocations ont été distribués,
aucune intervention n’a été suivie de levée de la sanction encourue, le chef
SAPCN a fait appliquer la réglementation de la façon la plus stricte.
En un mois les eaux stagnantes ont
disparu, et le montant des amendes recouvrées s’est monté à 196.000 FCFA. Il ne
pouvait plus en être autrement, puisque c’est la population elle-même, par la
voie de certains de ses représentants et des fonctionnaires, qui avait montré
le chemin de la rigueur, par la simple application des textes à tout un chacun.
Ce chemin est parsemé d’embûches, parce que la crise de l’autorité persiste à
Djenné, et que personne n’est encore vraiment disposé à faire prévaloir
l’intérêt collectif sur la négligence de chacun, devenue la seule ligne de
conduite après des décennies de laxisme et d’interventions.
Il faut espérer que le retour aux
usages anciens sera, au moins dans le domaine de l’assainissement, interdit par
le fait que la majorité des djennenkés commence à sentir les bienfaits de la
nouvelle attitude du service. La dernière récolte d’amendes et de
verbalisations, à la date du 28 décembre 2009, s’élève encore à 161.000 FCFA
(montant brut), ce qui montre que la sanction reste nécessaire tant que la
seule peur de la sanction ne suffit pas à entraîner le respect des consignes
élémentaires susceptibles d’assurer la propreté de la ville.
Cependant, le chef SACPN reste avant
tout un éducateur, son premier métier. C’est pourquoi il voudrait qu’on montre
à la télévision malienne les images qui ont été tournées par la télévision
franco-allemande en 2008, et qui montrent le regard que les étrangers portent
sur la ville de Djenné lorsque ses autorités l’abandonnent au laxisme et aux
passe-droits. Ces images aideraient à sensibiliser la population, et à l’aider
à retrouver la fierté et la discipline nécessaires à toute action collective.
Le chef SACPN suggère aussi que la
commune urbaine de Djenné sollicite les bailleurs de fonds –et notamment la
ville jumelle de Vitré– pour obtenir
d’eux les appuis techniques, matériels et financiers qui permettraient de
pérenniser les premiers résultats obtenus et de conserver à Djenné son rôle de
destination privilégiée des touristes. Ces appuis renforceraient les actions
entreprises par le projet « Niger-Loire : gouvernance et
culture » dans le domaine de la gestion des déchets solides.
Bakary Coulibaly, Chef SACPN, Djenné
Le lycée public de Djenné a ouvert ses portes Durant
l’année scolaire 2008-2009 avec 211 élèves. En attendant la construction d’un
bâtiment, les cours ont lieu dans le groupe scolaire Foourou Alpha Cisse. Cette
année, le lycée reçoit 550 élèves venus des 12 communes du cercle de Djenné, ou
des différentes régions du Mali.
Ce lycée est dirigé par Moussa Bagayoko, tout
nouveau proviseur venu du lycée Massa Makan Diabate de Bamako, où il était
censeur. Le surveillant est Diedani Maïga. Le corps professoral est composé de
dix enseignants : 2 professeurs de mathématiques, 2 de lettres, 1 de
biologie, 1 d’histoire-géographie, 1 de physique et chimie, 1 d’arabe, 1
d’anglais et 1 d’allemand.
Ce nouvel établissement facilitera l’accès des
élèves à l’enseignement secondaire et contribuera au développement éducatif de
la ville.
DJENNE PATRIMOINE a apporté des dons de documents au
lycée.
Boubacar Cisse, professeur d’histoire-géographie au
Lycée public de Djenné
Le Gouvernement de la République du Mali, dans son
programme d’extension de l’électricité et de l’éclairage public à l’intérieur
du pays, vient d’entreprendre à Djenné son volet d’éclairage public. Ce
programme a commencé par la réhabilitation générale de toutes les installations
électriques de l’Energie du Mali (EDM) à l’intérieur de la ville de Djenné. Les
travaux, commencés en janvier 2009, ont été terminés fin juin. Il s’est agi non
seulement de remplacer les poteaux en bois, vétustes, mais surtout de monter un
lampadaire sur chaque poteau ; et encore de construire une nouvelle
centrale électrique et d’un bureau du personnel de l’EDM dans le quartier de
Tolober (à l’entrée de la ville, à l’Est). Un bâtiment flambant neuf, doté de
toutes les commodités que devra abriter l’EDM n’attend que son inauguration
officielle. Ces nouvelles installations permettront de résoudre le problème des
baisses d’intensité du courant électrique, constatées par les consommateurs ces
dernières années, et de promouvoir l’extension de l’électricité dans les zones
non encore desservies de la ville.
Depuis la fin de ces travaux, la cité des marabouts
a un nouveau visage. Dès le coucher du soleil, après l’appel du muezzin, les
lampadaires commencent à s’allumer le long de l’artère principale qui fait le
tour de la ville, et même dans quelques ruelles tordues et poussiéreuses qui se
rétrécissent au fur et à mesure qu’on s’approche des berges. Cet éclairage
public a donné à Djenné l’aspect d’une grande ville en pleine urbanisation. Il a
permis aux forains du lundi et à quelques boutiquiers de vaquer à leurs
affaires jusqu’à des heures tardives. Les vendeuses de poisson et de lait
frais, elles aussi, se regroupent en petits cercles autour de leurs produits
pour attendre les clients noctambules, plus nombreux qu’on pourrait croire. Sur
la grand place, les enfants des quartiers environnants se rassemblent pour
jouer au ballon à la lumière des lampadaires. De l’autre côté de la place, ce
sont les petites bonnes qui, une fois terminés leurs travaux domestiques, se
retrouvent pour chanter et danser les chansons de leurs terroirs. Les jeunes,
autour de leur thé, profitent des soirées pour contempler les meilleurs moments
de la nuit. Les élèves des écoles coraniques (garibou-s) profitent de
l’éclairage public pour apprendre à écrire et à réciter les sourates et versets
du saint Coran ; Allahou akbar, Dieu est grand !
Cette lumière a donc donné à la jeunesse un nouvel
espoir : leur ville n’est pas condamnée à la pauvreté, elle est elle aussi
capable de se moderniser. Désormais la lumière fait partie de la vie des
populations de Djenné ? L’obscurité nocturne n’est qu’un souvenir qui
rappelle cependant le caractère mystique légendaire de la cité. Mais la lumière
partout dans la ville n’est-elle pas aujourd’hui le symbole de la célébrité du
savoir dans cette cité millénaire, où l’on peut dire sans hésiter « qui
craint la lumière a quelque chose à cacher ». Et en plus de tous ces
avantages, l’éclairage de la ville donne encore un éclat particulier à la
célèbre architecture de Djenné, sans oublier le reflet des ampoules sur les
eaux du Bani qui entoure la ville, montrant ainsi que Djenné est véritablement
une des merveilles du monde.
Kolado A. Cisse, professeur de lettres au Lycée
public de Djenné.
Commentaire de DJENNE PATRIMOINE : cette
rénovation des installations électriques de Djenné était pour l’EDM une
occasion rêvée pour enterrer tous les cables, comme le demandent les experts de
l’UNESCO depuis le classement de la ville, il y a vingt ans ! L’EDM a
purement et simplement oublié que Djenné est une ville du Patrimoine
Mondial : ignorance ? incompétence ? Une fois de plus sur cet
exemple le Mali montre quelle faible importance il accorde à son patrimoine.
NOUVELLES DU PATRIMOINE DE DJENNE
Etat d’avancement
des travaux de restauration de la
mosquée de Djenné.
La présente note présente l’approche
générale de la restauration de la Mosquée de Djenné entreprise par l’Aga Khan
Trust for Culture (AKTC) et dresse l’état d’avancement du projet et ses perspectives.
La restauration de la mosquée de Djenné
s’inscrit dans le programme qu’AKTC a développé depuis 2004 pour la
réhabilitation et la mise en valeur du patrimoine en terre au Mali. Dans ce
cadre, la mosquée de Komoguel à Mopti a été restaurée entre 2004 et 2006,
suivie par la mosquée de Djingarey Ber à Tombouctou, en travaux depuis janvier
2007 et dont l’achèvement est prévu en juin
Le programme des interventions a été
développé suite à un diagnostic de l’édifice en concertation avec la
communauté, la corporation des maçons de Djenné et la Mission Culturelle;
si en surface l’édifice apparaissait en bon état grâce au crépissage annuel, le
mauvais état de conservation des structures, anticipé par des sondages locaux,
a été confirmé lors de la réfection de la toiture durant l’année 2009. C’est
ainsi pour garantir la pérennité du monument, la sécurité et le confort des
fidèles que l’intervention de restauration a été étendue en profondeur sur tout
le monument.
L’approche conceptuelle de cette
restauration s’appuie sur le respect des traditions constructives locales et
des savoir-faire de la corporation des maçons traditionnels de Djenné, le barey-ton, qui réalisent la
restauration, auquel est associée la démarche méthodologique d’un projet de
conservation fondée sur les chartes internationales en vigueur. Les dimensions
de recherche historiques, de relevé architectural, de diagnostic raisonné du
bâti ainsi que les procédures de tests de dosage du banco enrichissent le
projet, de même que la participation d’experts spécialisés dans leurs domaines
de compétence permet des échanges fructueux avec les maçons du barey-ton. Le projet s’inscrit ainsi
dans une démarche de développement local durable, fournissant non seulement des
opportunités d’emploi et un marché pour les fournisseurs locaux, mais surtout
le chantier est un lieu de formation continue et d’approfondissement des
techniques de constructions en terre en vue d’améliorer leurs performances et
rendre possible leur application en d’autres lieux de la ville.
En ce qui concerne les désordres structurels
constatés, ils concernaient autant la
toiture que les maçonneries des murs de la mosquée. En toiture, après le
décapage des surépaisseurs, des sondages ont révélé un mauvais état des bois de
rônier de la charpente. Le remplacement
de la moitié d’entre eux s’est révélé indispensable et a été réalisé
entre janvier et septembre 2009. Les maçonneries comportent de nombreuses faiblesses malgré les enduits successivement
appliqués depuis plus de 100ans. Le premier sondage réalisé sur la façade Nord
fut l’occasion de discuter avec la communauté et les maçons du barey-ton de l’opportunité de réduire
ces surépaisseurs, masquant l’architecture originale. Le sondage suivant,
réalisé sur une travée entière de la galerie Ouest a mis à jour des maçonneries
en mauvais état nécessitant de nombreux remaniements. Il a donc été décidé par
consensus de toutes les parties de restaurer
l’ensemble de la structure des élévations et, de fait, de restituer
l’aspect original de l’architecture.
L’effondrement partiel de la Tour Sud
de la façade Est, le 5 novembre dernier, a démontré la fragilité de certaines
parties de la mosquée et a rendu
d’autant plus légitime et nécessaire la méthodologie appliquée. La
reconstruction de la tour à l’identique a pu être entreprise en un mois en
utilisant intégralement des briques en djenné-ferey et en dotant la tour
d’éléments de chainages en rônier, pour garantir sa stabilité.L’expérience
acquise lors de cette reconstruction démontre que le recours intégral à une
construction à base de briques de djenné-ferey
permet une organisation du travail efficace et un résultat performant dés lors
que le djenné-ferey est fabriqué
selon un dosage adéquat, que sa mise en œuvre est soignée et qu’elle est
associée avec la disposition de chainages en rônier réguliers.
A l’intérieur de l’édifice, les
maçonneries posent moins de problèmes. A ce jour, les enduits de la moitié des
piles et ogives ont été décapés, les maçonneries reprises localement si
nécessaire et enduites des premières sous-couches. Ces enduits ont, comme à
l’extérieur, fait l’objet de test de dosage et de mise en œuvre pour en
augmenter la qualité. Les travaux de restauration actuels se concentrent sur la
façade Est (tour centrale, murs et tour
Nord), la façade Nord ; les travaux
intérieurs sur la deuxième moitié des piles, les sols, la mise en œuvre des
réseaux électriques.
A cet état d’avancement de la
restauration de la mosquée, il nous
semble utile de mettre en évidence deux observations qui méritent d’être
discutées avec la société civile de Djenné :
1. La recherche
d’amélioration de la qualité et des performances des matériaux traditionnels
est constante dans le déroulement de la restauration, la qualité des matériaux et
leur bonne mise en œuvre étant les garants de la durabilité des travaux
entrepris. Cet objectif de qualité et de durabilité dépasse la seule
restauration de la mosquée en ce que celle-ci établira une référence pour de
futures interventions dans la ville. La participation dans le processus de
décision et la réalisation des travaux par les maçons du barey-ton est essentielle pour garantir la durabilité de
l’expérience acquise.
2. Le mode
actuel de crépissage annuel de la mosquée ne semble pas remplir toutes les
exigences techniques nécessaires pour la pérennité de l’édifice. Les sondages
réalisés sur les multiples couches de banco de crépissage révèlent que
la qualité des enduits est décroissante depuis plusieurs années. Le manque de
moyens et la précipitation dans la préparation (pas de pourrissement) ou dans
la mise en œuvre (course entre les quartiers) réduisent la performance des
enduits et leur capacité à résister aux pluies. Il serait utile d’engager une
discussion approfondie afin que les maçons du barey-ton jouent un rôle central dans la préparation des matériaux,
l’encadrement de la fête de crépissage et peut-être, un suivi technique et la
prolongation de certaines activités plus délicates les jours suivant la fête.
AKTC fournira a la fin de la restauration un manuel technique illustré
comprenant les sources de matériaux utilisés, les dosages de banco et méthodes
de construction recommandés ; ce manuel sera un complément documentaire
utile aux savoir-faire transmis par voie orale des macons du barey-ton.
Aga Khan
Trust for Culture, 29 janvier 2010
Un nouveau
livre sur le patrimoine culturel de Djenné
Les
recherches que Geert Mommersteeg avait menées dans les années 1990 auprès des
marabouts de Djenné, avec l’aide de Boubacar Kouroumansé, avaient été publiées
en néerlandais en 1997. Mais ce livre a récemment été traduit en français et
publié par les Editions Grandvaux, qui ont déjà publié le magnifique album de
photographies de Mali Shamir accompagnées de poèmes d’Albakaye Ousmane Kounta,
et plusieurs autres livres sur le Mali.
Ce livre est
disponible à Djenné, dans les librairies à Bamako et en France, et il peut
aussi être commandé à DJENNE PATRIMOINE.
Le 6 août 2009 s’est tenue à Djenné une
réunion d’information sur le musée de Djenné. Présidée par le Préfet et
organisée par la Mission Culturelle, cette réunion a été marquée par la
présence des représentants des autorités administratives, politiques,
coutumières, des associations, des ONG et de la presse locale. Quelques jours
plus tard une réunion similaire avait lieu dans le vestibule du chef de
village, pour informer les conseillers de ce dernier.
M. Abdoulaye Touré, architecte et
maître d’ouvrage, a eu l’occasion d’exposer l’état d’avancement du chantier et
les raisons du retard que chacun constate. Pour lui, le retard du chantier
n’engage nullement la responsabilité de l’entreprise mais celle du premier
maître d’ouvrage délégué, qui était l’AGETIER.
D’ailleurs, fin 2008 l’Union Européenne
a retiré le marché à l’AGETIER, pour le confier au PSIC, un programme de
soutien aux initiatives locales financé
par l’Union Européenne au sein du ministère de la culture. L’Union Européenne a
également été amenée à accorder une rallonge de crédits pour achever ce musée.
Cette réunion a aussi été l’occasion de
préciser les missions de ce musée. Au nombre de quatre, elles sont :
- la collecte et la documentation, l’inventaire, l’étude et
la diffusion, la conservation et l’exposition du patrimoine culturel de
Djenné ;
- la sensibilisation de la population et des visiteurs sur
le pillage et le trafic d’objets archéologique et ethnographique, éduquer le
public à la préservation du patrimoine culturel urbain, l’organisation
d’activités éducatives pour le public scolaire et jeune, la formation et le
perfectionnement aux techniques artisanales traditionnelles (architecture
traditionnelle, sculpture, tissage, orfèvre cuir…etc.), c'est-à-dire
revitaliser les métiers traditionnels ;
- l’animation culturelle des localités concernées, en
accueillant des spectacles relevant de la culture traditionnelle (danse, conte,
musique…) ou des expressions culturelles plus contemporaines (projection de
films, concerts de musiques…) ;
- l’accueil et l’information des visiteurs, y compris par le
biais de boutiques de souvenirs et d’artisanat, de cafés restaurants, d’un
cybercafé, contribuer à l’élargissement du potentiel touristique.
Commentaire
de DJENNE PATRIMOINE : Peut-être convient-il de rappeler ici le
proverbe « qui trop embrasse, mal étreint » ?
Les maçons et
l’architecture de Djenné en honneur à Londres
Aujourd’hui, Trevor Marchand organise à
Londres, du 2 mars au 29 avril 2010, une série de manifestations du plus grand
intérêt pour tous ceux qui sont attachés au patrimoine bâti de la ville de
Djenné.
L’architecture de Djenné, une ville
entourée d’eau au cœur du delta intérieur du Niger, en Afrique de l’Ouest, est
considérée comme le meilleur exemple de construction traditionnelle en terre.
Des maisons commerciales élégantes et une mosquée célèbre dans le monde entier
portent témoignage c’une longue histoire de commerce et d’enseignement
islamique. Avec ses compositions audacieuses et ses contours érodés,
l’architecture de la ville lui a permis d’être reconnue comme un important site
du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
La construction créative en terre crue
prospère lorsque les maçons adaptent les connaissances traditionnelles, la
profession et bâtisseur et la magie au monde moderne qui change. Cette
exposition explore les relations fascinantes entre les pratiques de conception
et de construction, l’héritage architectural et l’identité culturelle.
3) une visite-conférence animée par Trevor Marchand
lui-même
Plus d’informations sur www.soas.ac.uk/about/events
Le kossi, une technique traditionnelle de
teinture, encore pratiquée à Djenné !
Si la teinture naturelle à base
d’indigo est depuis des siècles pratiquée dans la région de Djenné et colore
encore les pagnes traditionnels, elle est de nos jours fortement concurrencée
par les basins teintés à l’aide de teintures chimiques, sous l’influence
prédominante de la mode bamakoise.
A Djenné, plusieurs artisan(e)s font
actuellement de la teinture de basin et parmi eux, Lassine Koné que j’ai eu le plaisir
de rencontrer et de voir à l’œuvre.
Lassine a appris l’art de teindre
auprès de sa mère à Bamako lorsqu’il était enfant. Ce travail saisonnier ne lui
fournissant pas de revenus stables, il s’est formé à l’hôtellerie et a trouvé
un emploi au campement de Djenné. Parallèlement à son activité de serveur, il a
fondé une association pour la promotion des femmes artisanes et forme celles-ci
à la teinture.
Parmi les nombreuses techniques qu’il
maîtrise, Lassine en perpétue une en particulier qu’il est le seul à posséder à
Djenné : le kossi qui veut dire
« grattage » en soninké. Relativement tombé en désuétude à Bamako, je
suis heureuse de voir ce procédé perpétué ici.
La technique du kossi consiste à appliquer sur le tissu avec le plat de la main une
pâte à base de farine cuite. L’artisan réalise ensuite sur la surface enduite
des motifs graphiques à l’aide d’un peigne. Dès que tout est sec, le tissu est
trempé rapidement dans le bain de teinture. Les dessins apparaissent alors en
négatif sur le basin, après rinçage.
Ce procédé est très ancien et se
pratiquait dans toute la sous-région. Des cartes postales du début du 20e
siècle en attestent. Aujourd’hui, la méthode est toujours la même. Toutefois,
les colorants synthétiques et le basin ont remplacé respectivement l’indigo et
la cotonnade locale.
Les graphismes reproduits à l’aide du
peigne appartiennent à un répertoire d’une dizaine de motifs connus des
teinturier(ère)s de kossi. Lassine en
a réalisé trois différents devant moi :
A Bamako, à la fin des années 1990,
certains ont renouvelé la technique en utilisant des rideaux en dentelle
synthétique comme pochoir. Cette technique a l’avantage de pouvoir décorer sans
trop de raccords de grandes longueurs de tissu et donne un résultat délicat
composé de motifs floraux et géométriques[1].
Lacine qui maîtrise également cette façon de faire, m’en a fait la
démonstration.
Grâce à des artisans comme lui, ce
savoir-faire ancien se perpétue tout en intégrant les nouveautés. Le dynamisme
culturel de cet artisanat est patent, il constitue le meilleur gage de sa
pérennité.
Patricia
Gérimont, Bruxelles
La
recette du kossi
NOUVELLES DE DJENNE PATRIMOINE
Une subvention du Conseil Général des
Bouches-du-Rhône (Marseille, France)
Le Conseil
Général des Bouches-du-Rhône, collectivité décentralisée siégeant à Marseille,
a accordé une subvention de 8500 € à DJENNE PATRIMOINE pour contribuer au titre
de l’année 2009 à la réalisation du projet de formation des maçons.
La seconde année du Projet de formation
des maçons
L’examen
des comptes de la première année fait apparaître les faits suivants :
- le Ministère français des Affaires
Etrangères a versé environ 37500 € à ACROTERRE au titre du co-financement pour
la première année du projet ;
- les dépenses de la première année
n’ont pas dépassé 15000 € (dont environ 3500 € à Djenné même)
- le disponible en trésorerie est donc
de l’ordre de 23000 €, à quoi s’ajoutent environ 2000 € de dons reçus à la
suite de la souscription lancée fin 2008 ;
- à cela s’ajoute la récente subvention
du Conseil Général des Bouches du Rhône
Il est donc prévu les activités
suivantes pour la seconde année d’exécution du projet :
1) en matière d’alphabétisation
fonctionnelle
a) les résultats obtenus par le premier
groupe lancé l’an dernier sont très satisfaisants, et donc il faut prévoir un
programme de seconde année pour ce groupe ;
b) un second groupe de débutants sera
constitué si A.T. Bah et Boubacar Cissé le jugent utile; en attendant leur
réponse, seul est budgétisé le programme de seconde année destiné au groupe qui
a commencé en janvier 2009 ;
2) en matière de sensibilisation, les
activités budgétisées sont les suivantes :
a) l’atelier de dessin, dont l’objectif
est d’amener un certain nombre de scolaires à regarder attentivement
l’architecture de la ville et d’aboutir à une exposition de dessins à Djenné et
éventuellement à Bamako ;
b) la reprise des émissions sur la
radio locale ; radio Jamana demande 20.000 FCFA par émission d’une
heure ; les émissions seraient préparées et présentées par M.
Samake ; une dizaine d’émissions sont budgétisées (par exemple une par
mois pendant dix mois) ; le contenu reste à élaborer et M. Samake nous
fera des propositions ;
c) l’organisation à partir de la fin
décembre et jusqu’au début février d’une exposition sur la conservation de
l’architecture de terre, et fin janvier 2010 d’un séminaire sur ce même thème à
Djenné ;
d) l’achat d’un vidéo-projecteur et
d’un onduleur, puisque l’expérience montre qu’il est difficile de trouver ce
matériel sur place lorsqu’on en a besoin, et parce que ce matériel sera utilisé
pendant l’exposition et surtout pendant le séminaire ;
3) documentation du projet
Au cours de la première année, le
prestataire chargé de la documentation vidéo du projet n’a pas été convoqué en
temps utile pour filmer les activités intéressantes ; cette année il sera
possible de filmer les maîtres-maçons Boubacar Toure et Bere Yonou, les séances
d’alphabétisation fonctionnelle, les réunions des groupes de travail des maçons
et –espérons-le– les premières étapes du chantier (fabrication des djenne
ferey, implantation…)
4) travail avec les maçons
Plusieurs activités sont budgétisées
ici :
a) la poursuite de l’activité du groupe
de travail sur la modernisation de la profession
b) l’organisation pratique du travail
sur la qualité des enduits : achat de matériaux et expérimentations (suite
du travail entrepris en 2009) d’une part, création d’un prix du meilleur enduit
(à partager entre le maçon et le propriétaire de la maison) d’autre part ;
c) la poursuite de travail de
documentation photographique sur les façades revêtues de briques cuites ;
d) la poursuite du travail sur la
conception de la Maison du Patrimoine et l’organisation du chantier ;
e) la production de djenne-ferey et
le début de la construction : achat des matériaux
f) la production de djenne-ferey
et le début de la construction : rémunération des maîtres-maçons formateurs
g) la production de djenne-ferey
et le début de la construction : déplacements et indemnités de l’architecte
superviseur
h) l’entretien du vélomoteur
4) gestion du projet
Le coordonateur local sera indemnisé
dans les mêmes conditions qu’au cours de la première année
5) missions
Le programme des missions est identique
à celui de la première année.
Toutes ces
prévisions sont reprises dans le tableau page suivante.
Atelier
sur la conservation du patrimoine bâti classé de Djenné (30-31 janvier 2010)
Groupe cible : Cet atelier, organisé avec l’appui
technique et financier du Trust Aga Khan pour la Culture (AKTC), que DJENNE PATRIMOINE
remercie chaleureusement, s’adresse en premier lieu aux maçons de Djenné. Il
s’insère cependant dans un ensemble de manifestations qui ont pour but
d’attirer l’attention des habitants de la ville, des propriétaires des maisons,
des responsables politiques et administratifs locaux et nationaux, sur la
fragilité d’un patrimoine dont dépend en grande partie la réputation de la
ville auprès des Musulmans du monde entier, auprès des visiteurs qui viennent
en Afrique de l’Ouest, auprès des Maliens eux-mêmes.
Contexte : L’effondrement de
la tour sud-est de la façade principale de la célèbre mosquée de Djenné, le 5
novembre 2009, alors que la mosquée était considérée comme le bâtiment le mieux
entretenu de Djenné, montre la grande fragilité de cette architecture, dès que
la qualité de l’entretien décline. Or il est évident que la course de vitesse
qui caractérisait le recrépissage annuel de la mosquée depuis une dizaine
d’années, et l’abandon des bonnes pratiques traditionnelles pour la préparation
du banco (au motif que le beurre de karité serait devenu trop coûteux,
comme le pain de singe, etc…), était de mauvais augure. La responsabilité des
maçons et celle des autorités civiles et religieuses est donc engagée dans
cette catastrophe.
Objectif principal : faire prendre
conscience aux maçons du rôle central qu’ils ont à jouer dans le processus de
conservation du patrimoine architectural ; alors que la corporation des
maçons a construit et entretenu la ville pendant des siècles, elle a été
écartée des décisions au cours des dernières décennies ; il s’agit pour
elle de retrouver la pleine maîtrise de la technique et, par là, à la fois de
reprendre confiance dans ses fonctions et de retrouver le sens de ses
responsabilités ; en particulier, maîtres de la technique, les maçons
doivent savoir s’opposer aux arguments d’économie qui leur sont parfois
adressés ; il leur revient de défendre les bonnes pratiques professionnelles,
et de mettre la collectivité devant ses responsabilités.
Objectif secondaire : sensibiliser les
habitants de Djenné, à la fois par l’intermédiaire des maçons qui sont leurs
premiers interlocuteurs en matière de construction, mais aussi par des
activités s’adressant directement à la population de Djenné et aux visiteurs de
la ville, à la valeur historique et culturelle de ce patrimoine et à l’intérêt
historique, culturel, touristique et économique de sa conservation.En Voici
le programme de cet atelier, qui s’est déroulé devant une assistance d’une
soixantaine de maçons, qui ont participé de façon très active aux discussions.
Thèmes :
1) « Richesse et diversité de l’architecture
en terre dans le monde ». A l’aide de documents photographiques et vidéo, Olivier
Scherrer montre que la terre est un matériau utilisé partout dans le monde,
pour des constructions qui peuvent être très sommaires ou très luxueuses, un
matériau récemment redécouvert dans les pays développés, et le matériau qui
fait la réputation internationale de Djenné
2) « La grande mosquée de Djenné, un chef
d’œuvre en cours de restauration ». La grande mosquée de Djenné est un
bâtiment exceptionnel par sa taille, par son architecture, et parce qu’il a été
le chef d’œuvre des maçons de Djenné au début du XXème siècle. Ce bâtiment
s’est avéré plus fragile qu’on ne le croyait jusqu’à présent, et le
savoir-faire des maçons de Djenné a dû être mobilisé par le Réseau Aga Khan
pour la Culture (AKTC) pour procéder à la restauration en cours. A l’avenir,
les maçons auront à reprendre leurs meilleures pratiques traditionnelles pour
assurer à nouveau l’entretien de ce chef d’œuvre dans les meilleures
conditions. L’exposé est présenté par Cheich Abdel Kader Fofana,
architecte, travaillant pour AKTC sur le chantier de restauration de la mosquée
de Djenné.
3) « Le djenne ferey, un
savoir-faire constructif ancestral à transmettre » portera sur la technique de construction
propre à Djenné, et dont on cherche encore des équivalents, ailleurs dans le
monde, L’ancienneté de cette technique, son adaptation aux formes diverses
qu’ont prises les bâtiments civils au cours des siècles, et les problèmes de
son entretien seront abordés, ainsi que la valeur patrimoniale de cette
architecture, qui est à la base de l’activité touristique de la ville et des
recettes qui en découlent. L’exposé est présenté par Mamadou Samake,
chargé de programme à la Mission culturelle de Djenné.
4) « Comment conserver le patrimoine bâti de
Djenné ? » Ce thème sera introduit par Amadou Tahirou Bah, Président de DJENNE
PATRIMOINE, qui brossera le tableau des principaux problèmes de la conservation
du patrimoine bâti de Djenné : l’entretien courant n’est pas assuré, la
qualité du travail n’est plus ce qu’elle était, l’administration ne joue pas
son rôle dans la protection du site classé, etc. Ensuite Olivier Scherrer
présentera l’étude qu’il a faite du coût comparé du recrépissage selon les
meilleures techniques traditionnelles et du revêtement des façades avec des
briques cuites hourdées au ciment. Il montre que cette mode, que les maçons ont
contribué à développer, est une mauvaise solution à un vrai problème : son
coût considérablement plus élevé que celui du crépissage traditionnel effectué
dans les meilleures conditions n’est pas justifié par une durabilité nettement
plus longue (voir le document ci-après préparé par Olivier Scherrer :
« Ce que devient Djenné, hélas ! » et les photographies
d’Evelyne Bertrand). On s’interroge sur les actions susceptibles d’assurer
durablement la protection du patrimoine architectural bâti en terre crue de
Djenné.
Les sessions seront agrémentées de projections de
photos et de films parmi lesquels :
- une collection de photographies rassemblées par
Olivier Scherrer, et dont certaines proviennent du Projet Leonardo da Vinci[2] ;
- Villes en terre : Djenné, Shibam, Yazd, trois films réalisés
pour la chaine de télévision Arte par Filmquadrat ;
- L’avenir du banco, film tourné à Djenné
par Susan Vogel, Samuel Sidibe et Trevor Marchand ;
- Les maîtres du banco, film réalisé par Assane
Kouyate (CNPC, Bamako)
L’ouverture et la clôture de l’atelier seront
organisées pour permettre de sensibiliser les autorités administratives,
politiques et religieuses à la valeur du patrimoine bâti de Djenné.
Assemblée générale
Le 31 décembre
2009, à partir de 15 h, s’est tenue à la Maison du Peuple de Djenné l’assemblée
générale de DJENNE PATRIMOINE. Après avoir remercié les présents, et tout
spécialement les notables, tels que Bemamy Maïga, Albachir Tounkara, Amadou
Soumaïla Diallo, et Asmane Traore, Amadou Tahirou Bah a fait observer une
minute de silence à la mémoire des membres disparus : Papa Moussa Cisse,
Alpha Nouhoum Diallo, Foourou Alpha Cisse, Basékou Traore… Il a ensuite appelé
l’assistance à continuer la tâche entreprise par ces devanciers.
Amadou Tahirou
Bah a ensuite rappelé quelques-unes des activités de l’association depuis sa
création : le bulletin semestriel, le site internet, les expositions, les
conférences, la publication de livres sur le patrimoine de Djenné, et le projet
de formation des maçons, devant aboutir à la construction d’une Maison du
Patrimoine. Il a notamment signalé que les activités lancées par Papa Cisse ont
été poursuivies, en particulier l’alphabétisation fonctionnelle des maçons,
mais aussi la recherche d’un terrain pour l’édification de la Maison du
Patrimoine.
En effet,
trois jours après avoir attribué à l’association pour cette construction un
terrain de
Amadou
Soumaila Diallo a félicité le bureau et s’est dit fier que l’association ait pu
obtenir le financement d’un si beau projet. Bemamy Maïga a lui aussi remercié
le bureau de ses activités. Ali Daou est intervenu pour dire que le jeunes ont
beaucoup appris sur Djenné grâce à cette association. Hama Cisse est intervenu
pour appeler les jeunes à rejoindre le bureau. Le Dr Konate a posé quelques
questions sur le rôle des membres qui ne résident pas à Djenné. Il a été appuyé
par Asmane Traore.
Ensuite la
discussion a porté sur le renouvellement du bureau. Bamoye Guitteye ayant
proposé que Amadou Tahirou Bah soit le futur président, il a été demandé à ce
dernier de proposer la composition d’un nouveau bureau. Sa proposition a
ensuite été adoptée à l’unanimité des présents. Le bureau élu est donc ainsi
composé :
Président :
Amadou Tahirou Bah, conseiller pédagogique en histoire ;
Secrétaire
administratif : Boubacar Cisse, professeur d’histoire-géographie au lycée
de Djenné ;
Secrétaire
administratif adjoint : Dr Moussa Konate, médecin au centre de référence
de la commune VI de Bamako
Secrétaire à
l’organisation : Boubacar Garba Koïta, dit Tapo, guide touristique
Secrétaire à
l’organisation adjoint : Ali Tanapo, dépanneur moto-auto, Djenné
Secrétaire aux
relations extérieures : Bamoye Guitteye, antiquaire
Secrétaire aux
relations extérieures adjoint : Mahamane Founé Touré, bijoutier
Trésorier :
Dramane Dembele, gérant Campement-Hôtel de Djenné
Trésorier-adjoint :
Hamadou Waïgalo, directeur du Centre de Formation Professionnelle Vitré-Djenné
Secrétaire aux
comptes : Hamma Cisse, conseiller pédagogique
Document :
Ce que devient
Djenné, hélas !
par Olivier Scherrer
Photographies d’Evelyne Bertrand
Djenné se couvre de briques cuites, et
ce phénomène ne peut laisser indifférents ni les responsables de la ville, ni
les propriétaires, ni les protecteurs –nationaux et internationaux– du
patrimoine de la ville, puisque cette ville est classée à la fois par le Mali
et par l’UNESCO, faut-il le rappeler.
L’augmentation significative du nombre
de maisons habillées en briques cuites dans la ville de Djenné ces dernières
années et le risque subséquent d’une généralisation de cette pratique ont
conduit l’association DJENNE PATRIMOINE, en partenariat avec ACROTERRE et avec
le barey ton (la corporation des
maçons) à entreprendre d’analyser ce phénomène, afin de mieux pouvoir y
remédier.
C’est dans ce contexte qu’a été
réalisée, en février 2008, puis entre janvier et mars 2009, la présente étude.
Methode
: une
enquête de terrain a été effectuée en février 2008 par un enquêteur connaissant
bien la ville. Chaque rue a été visitée et les maisons présentant des briques
cuites apparentes ont fait l’objet d’une observation particulière, d’un relevé
succinct et d’un questionnaire. Les données identifiées sont les
suivantes :
nom du
propriétaire
adresse
type de
bâtiment
caractéristiques
(dimensions)
date de
construction
technique de
construction
date de
l’habillage en briques cuites
nom du maçon
qui a réalisé les travaux
parties
recouvertes en briques cuites
entretiens
réalisés
état du bâtiment
Des photos ont été prises entre janvier
et mars 2009, mais de façon non systématique, essentiellement à fin
d’illustration.
Synthèse
des résultats :
Localisation :
disponibilité des données 154/154
Kanafa : 43
Sankoré : 21
Koyetende : 19
Yoboukaïna : 18
Djoboro : 15
Konofia : 14
Algassouba : 11
Farmantala : 9
Seuls les quartiers anciens de la ville
ont été concernés par l’enquête. Le nouveau quartier de Tolober ne faisant pas l’objet d’une réglementation spécifique
destinée à protéger ou à affirmer l’identité et l’homogénéité architecturale et
urbanistique du site, on y voit fleurir de nombreuses constructions en
« dur » et des revêtements en briques cuites.
On
constate que la « mode » des habillages en briques cuites
n’épargne aucun quartier.
Types de bâtiments :
disponibilité
des données 154/154
Maisons
d’habitation : 149
Ecole :
1
Marché :
1
Banque :
1
Hôtel :
2
La quasi totalité des constructions
couvertes en briques cuites sont des maisons d’habitation. A noter que plusieurs
bâtiments publics du centre ancien sont construits en ciment (l’hôpital, la
poste,…)
Hauteur des
bâtiments : disponibilité des données149/154
Bâtiments en RDC : 61 (dont 21
dans le quartier de Kanafa de construction plus récente que le reste de la
ville ancienne)
Bâtiments R + 1 : 88
Plus de 50 % des maisons couvertes en
briques cuites sont à étage, ce qui signifie que le phénomène n’épargne pas les façades remarquables des maisons
monumentales de type toucouleur et marocaines et que l’impact visuel est
important.
Date de
construction : disponibilité des données 48 /154
Sur les 48 réponses obtenues
(propriétaires absents, occupants ignorant l’époque de construction), la
plupart des maisons sont récentes (1958 à 2007). Les réalisations pour lesquelles
la date de construction n’est pas disponible, sont vraisemblablement plus
anciennes.
Types de
construction :
Tous les bâtiments identifiés étaient
construits en terre, par contre il n’a pas été possible de distinguer avec
certitude ceux construits en toubabou
ferey (la grande majorité) de ceux réalisés en djenné ferey.
Date
d’habillage en briques cuites : disponibilité des données 140 / 154
Le premier habillage en briques cuites
a été réalisé en 1973.
Années 1980 : 8/140 soit 5,7
%
Années 1990 : 20/140 soit 14,3 %
Années 2000/2004 : 42/140 soit 30
%
Années 2005/2008 : 70/140 soit 50
%
On constate une augmentation considérable du nombre des habillages en briques cuites
ces dernières années puisque jusqu’en 1999 (soit sur une période de 26 ans)
il n’y en avait que 28 alors que 112 ont
été construits entre 2000 et 2008 (soit sur une période de 8 ans).
Maçons intervenants : disponibilité
des données 139 / 154
58 différents maçons ont réalisé des
habillages de façades en briques cuites.
Certains maçons ont réalisés plusieurs
chantiers (jusqu’à 14), d’autres n’en ont fait qu’un seul.
L’ensemble de la profession est
concerné. Certains se sont même pratiquement « spécialisés » dans la
technique d’habillage en briques cuites. Même
si une grande partie des maçons ont aujourd’hui conscience des problèmes
engendrés par cette pratique, ils estiment n’avoir pas souvent le choix et
devoir respecter la volonté de leurs clients.
Parties du
bâtiment recouvertes : disponibilité des données 152 /154
Façade Est : 73
L’ensemble de la maison : 46
Une partie de la maison (hors façade
Est) :33
La majeure partie des habillages
concerne les façades est (d’où vient la pluie battante), les autres parties
exposées à la pluie telles que les sarafar sont
aussi souvent protégées. Les gens qui disposent de moyens financiers importants
n’hésitent pas à recouvrir l’ensemble de la maison y compris les façades de la
cour intérieure.
Entretien/réparations :
disponibilité des données 134 /154
Aucune réparation : 69 soit 45 %
Réparation annuelle : 31 soit 20 %
Réparations occasionnelles : 31
soit 20 %
Destruction complète : 3 soit 2 %
Sur les réponses obtenues, 45 % des
façades habillées en briques cuites n’ont fait l’objet d’aucune
réparation/entretien. Ce résultat est à relativiser considérablement puisque
sur ce nombre seules 11 façades qui
n’ont pas fait l’objet de réparations ont été réalisées avant 2003.
Autrement dit 84 % des façades
habillées ont été réalisées il y a moins de 5 ans.
Seul
un bâtiment habillé avant 2002 n’a fait l’objet d’aucune réparation.
L’entretien
est systématique après 5 ans.
Dans les 3 cas de destruction totale,
l’habillage a été remplacé par un enduit traditionnel.
Etat du
bâtiment :
disponibilité des données 152 /154
Bon état : 85
Défauts : 34
Mauvais état : 31
Travaux en cours : 2
Il convient de relativiser le
« bon état » de l’habillage puisque 70 d’entre eux ont été réalisés
il y a moins de 3 ans.
Conclusion
La mode de l’habillage des façades en briques
cuites a tendance à se généraliser, elle n’épargne aucun quartier qu’il
s’agisse du petit patrimoine ou des célèbres maisons à façades monumentales.
L’impact visuel est important puisque
ce sont aujourd’hui près de 10 % des maisons de Djenné qui sont touchées.
Le phénomène croit de manière
exponentielle : 28 entre 1973 et 1999 (moyenne d’une réalisation par an),
112 entre 2000 et 2008 (moyenne dix fois plus élevée).
L’ensemble de la profession de maçon
est concerné par cette pratique.
Pourtant, outre le préjudice esthétique
et la dégradation de la qualité du patrimoine architectural conduisant à la
perte de l’identité de la ville de Djenné, l’habillage des façades en briques
cuites présente des inconvénients majeurs sur le plan technique (faible durabilité,
problèmes d’infiltration, fragilisation de la structure du bâti à long terme),
comme sur le plan économique (beaucoup plus coûteux que le meilleure enduit
traditionnel, moins intensif en main d’œuvre, privant les maçons d’une source
de revenus réguliers).
Alors
même que la ville est classée « Patrimoine mondial de l’humanité »
depuis 1988 et que plusieurs projets d’aménagement et de réhabilitation du
patrimoine ont été réalisés, la situation du patrimoine architectural de Djenné
ne cesse de se dégrader.
Ces mauvais résultats amènent à
s’interroger sur la réelle volonté de l’Etat –ou sur la capacité des
institutions nationales et internationales– à assurer la protection de ce
patrimoine.
Car ce patrimoine est en danger !
Des actions urgentes s’imposent…. qui pourraient être menées à moindre coût par
les organisations locales comme le barey
ton et DJENNE PATRIMOINE, …Encore faudrait-il leur en donner les
moyens !
Cette
évolution est due à une mode, le remplacement des enduits en banco par des revêtements en briques
cuites, une technique très coûteuse et très dangereuse :
-
masquant les dommages irréversibles causés aux murs par l’infiltration des eaux
à travers les fissures (voir, plus loin, les photos) ;
-
à peine plus durable que l’enduit traditionnel incorporant du beurre de
karité ;
-
14 fois plus coûteuse, comme on le montre ci-dessous. [3]
Coût
du recrépissage selon la technique traditionnelle
Le recrépissage d’une maison du
quartier de Djoboro, auquel il a été procédé le 14 mars
Composition de l’enduit :
20 charrettes (tractées par un âne) de banco
10 sacs de balle de riz (volume 100
litres/sac)
Procédé de production de l’enduit
:
La terre est stockée à proximité du
chantier, additionnée d’eau et malaxée à la daba
de manière à constituer une pâte épaisse. La balle de riz est ajoutée au
mélange en remuant au fur et à mesure de façon à bien la répartir.
Le mélange ainsi constitué est laissé à
pourrir, en l’arrosant chaque jour, pendant une semaine minimum et deux
semaines idéalement. Il ne faut pas laisser pourrir le mélange plus longtemps,
car la balle de riz aurait alors tendance à se désagréger.
Le beurre de karité est ajouté au
dernier moment après l’avoir fait fondre sur un fourneau, en malaxant le
mélange autant que de besoin.
Procédé de mise en œuvre : au fur
et à mesure de la fabrication du mélange additionné de beurre de karité, les
manœuvres transportent l’enduit dans des paniers plats de forme ronde jusqu’au
maçon. Le maçon se saisit d’une poignée de pâte et l’étale sur le mur en un
mouvement de va et vient. La main droite applique la terre, elle est nettoyée
en la passant entre le pouce et les doigts de la main gauche
Coûts :
Prix d’achat des matériaux : 1
charrette de banco (entre 300 et
1 sac de balle de riz (volume
1 kilo de
beurre de karité : 550 FCFA
A noter que le maître maçon Boubacar
Kouroumanse recommande d’utiliser un sac de balle de riz par charrette de banco (bien remplie). Par contre, il
n’est plus question aujourd’hui d’ajouter de la poudre de pain de
singe comme on le faisait autrefois.
Sur le chantier considéré, comme il a
été estimé que certains murs n’avaient pas besoin d’être recrépis cette année,
le besoin en enduit a été estimé à 20
charrettes de banco. Un recrépissage complet aurait nécessité l’utilisation de
40 charrettes.
Coût de la main d’œuvre :
- maçons x 2500 FCFA/j x7 jours =
35 000 FCFA
- 6 manœuvres x 750 FCFA x 7 jours =
31 500 FCFA
Soit au total 66 500 FCFA
Coût des matériaux :
- 20 charrettes de banco x 300 FCFA = 6
000 FCFA
- 10 sacs de balle de riz x 1 250
FCFA = 12 500 FCFA
-
Soit au total 43 250 FCFA
Coût total : 109 750 FCFA
Coût
de l’enduit traditionnel :
109 750 FCFA/559 m2 (surface
enduite) = 196 FCFA/ m2
Coût de l’enduit par m2 sans beurre
de karité : 152 FCFA/m2
Coût de la main d’œuvre par m2 :
119 FCFA/m2
Coût des matériaux par m2 : 33
FCFA/m2
Coût de l’enduit par m2 avec beurre
de karité : 196 FCFA/m2
Coût de la main d’œuvre par m2 :
119 FCFA/m2
Coût des matériaux par m2 : 77
FCFA/m2
Coût
de l’habillage des façades en briques de terre cuite
Sur cette technique, les informations
ont été recueillies à la même occasion, au cours d’un entretien avec le maître
maçon El Hadji Kouroumanse (traduction de Pérou Cisse)
Description de la technique :
- le mur est gratté et débarrassé de
l’enduit jusqu’à atteindre la brique en banco
- on étale une couche d’un mélange
terre et balle de riz (mélangé et préparé 3 ou 4 jours auparavant) en épaisseur
de
- les briques sont collées sur cet
enduit pendant qu’il est encore frais
- tous les
- le banco excédentaire des joints est enlevé ;
- les vides des joints sont remplis au
mortier de ciment (dosage : 1,5 brouette de sable +
Matériaux
35 briques/m2 (mais il faut ajouter les
pertes)
1 brouette de banco/m2
¼ brouette de mortier de sable et
ciment
Main d’œuvre
1 maçon + 3 manœuvres mettent en œuvre
environ
Coût des matériaux
Les briques de terre cuite sont
fabriquées dans le quartier de Yoboukaïna (à l’ouest de la mosquée) par
Barou Toumagnon. Elles mesurent
40 briques/m2 (y compris les pertes) x
25 FCFA = 1000 FCFA
Le transport d’une charrette de briques
(300 unités) coûte 500 FCFA, soit 1,66 FCFA l’unité. Donc pour 40
briques :
40
x 1,66 FCFA = 66,66 FCFA
Le mortier de banco : 1
brouette/m2 soit 50 FCFA
Le mortier de ciment : ¼ de
brouette /m2
Soit sable : 12,5 FCFA
Ciment :
Sous-total mortier : 486,5 FCFA
Sous total matériaux : 1 608
FCFA/m2
Coût de la main d’œuvre :
1 maçon coûte 2 500 FCFA/jour
3 manœuvres x 750 FCFA/jour =
2 250 FCFA
soit 4 750 FCFA pour
Sous total « main d’œuvre » :
1 200 FCFA/m2
Total matériaux et main d’œuvre :
2 808 FCFA/m2
Coût
du parement en briques cuites : 2 808 FCFA/m2
Commentaires
Il convient d’abord de relever que tous
nos interlocuteurs ne sont pas absolument convaincus que cette technique ne
présente que des avantages. Le maître maçon El Hadji Kouroumanse signale que,
lorsqu’on démonte les briques cuites après plusieurs années, on constate que
les briques en banco en bas des murs
sont fragiles et friables (ce qui s’explique parfaitement par la présence de
potasse). De même, dans un entretien du 16 mars 2006 avec MM. Amadou Tahirou
Bah et Foourou Cissé, ces derniers mentionnent l’écroulement d’une maison
habillée de briques de terre cuite, vraisemblablement du fait de l’infiltration
d’eau de pluie.
En second lieu, si on compare le prix
de revient au m2 de l’enduit traditionnel en banco (152 FCFA /m2 sans beurre de karité et 196 FCFA/m2 avec
beurre de karité), à celui du parement en briques de terre cuite, on constate
que le second revient 14 fois plus cher que l’enduit banco avec beurre de karité et 18 fois plus cher que l’enduit banco sans beurre de karité.
Autrement
dit, pour être économiquement intéressante, la technique de parement en briques
cuites devrait avoir une durée de vie sans entretien d’au moins 14 ans.
Cette durée de vie sans entretien, qui
est l’argument généralement invoqué pour justifier le recours à cette
technique, est loin d’être démontrée. Au contraire, les maçons ont signalé des
interventions assez régulières de rebouchage de fissures apparues sur les
façades. Ces fissures sont en réalité inévitables : techniquement, elles
sont très probablement causées, en l’absence de joints souples, par des
phénomènes de dilatation et de contraction des briques exposées au soleil, et par
des tassements différentiels du mur et de son revêtement.
En outre, il faut observer que
l’investissement nécessaire pour réaliser des travaux d’habillage en briques
cuites est très important. Compte tenu du niveau des revenus, et de la faible
capacité d’épargne locale, seuls les nantis peuvent se permettre ces travaux
qui, paradoxalement, ne contribueront pas à améliorer la durabilité des
bâtiments… Même si les usagers ne sont vraisemblablement pas tous conscients
des déficiences de ce système constructif, et cherchent plutôt à montrer qu’ils
ont les moyens, cette technique apparait
essentiellement comme une mode dépensière, et pas comme une solution
raisonnable pour l’entretien du patrimoine bâti de Djenné.
Ces observations amènent non seulement
à questionner la validité de cette option, mais aussi à s’interroger sur les
motivations des propriétaires qui ont recours à cette technique.
Un travail d’enquête pourrait
probablement confirmer que trois facteurs concomitants sont à prendre en
considération pour comprendre cette mode :
- la lassitude des chefs de famille qui
voient dans le travail de recrépissage annuel une contrainte dont il convient
de se libérer ;
- la volonté d’afficher qu’on est
partisan d’adopter les dernières nouveautés, quelles qu’elles soient, pour
montrer qu’on est moderne,
- le désir de se faire valoir et de
montrer son statut social en ayant recours à une technique coûteuse.
Il parait nécessaire d’enrayer cette tendance
qui risque d’entraîner à moyen terme l’altération du patrimoine bâti et la
perte de l’identité unique et exceptionnelle de Djenné comme ville construite
en terre crue.
Pour y parvenir, il conviendrait de
réaliser un important travail d’information et de sensibilisation, s’adressant
à la fois aux maçons et aux chefs de famille, en s’appuyant notamment sur la
comparaison des coûts et les autres données techniques énoncés ci-dessus.
Parallèlement, un travail de recherche
et d’amélioration de la qualité et de la durabilité des enduits en terre crue,
prévu dans le cadre du projet de construction de la Maison du Patrimoine,
trouvera tout son sens puisqu’il devrait permettre de réduire la fréquence de
l’entretien (une durabilité de trois ans semble être un objectif raisonnable à
atteindre) sans présenter au niveau technique les inconvénients du parement en
briques.
Olivier
Scherrer,
constructeur spécialisé en terre
Photographies
d’Evelyne Bertrand
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Photographies
d’Evelyne Bertrand
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Photographies
d’Evelyne Bertrand
[1]Grosfilley Anne, Afrique
des textiles, Edisud, 2004, p. 77
[2] DVD Clay Plaster, Enduits en terre, Projet Leonardo da Vinci, Unions Européenne Retour au texte
[3] Cette partie du document a déjà été publiée dans ce bulletin, voir
Olivier Scherrer : Que coûte le recrépissage annuel des maisons de
Djenné ? DJENNE PATRIMOINE
Informations, n° 21, automne 2006, p. 12-14
sur le site www.djenne-patrimoine.asso.fr