Djenné se présente elle-même aujourd'hui encore comme une ville religieuse, et c'est à bon droit. Celui qui la visite par exemple pendant le ramadan ou pendant la semaine du maouloud (de l'anniversaire de la naissance à celui du baptême du Prophète) ne peut pas ne pas être frappé par la piété qui s'y manifeste dans les activités religieuses organisées à cette occasion sur les places, ou dans les rues, ou dans les concessions, sans aucun besoin de ces manifestations ostentatoires si fréquentes dans les villes où l'islam est ouvertement concurrencé par l'incroyance. On dit que Djenné est la ville aux 313 saints, et même si ce nombre composé de chiffres sacrés signifie un très grand effectif plutôt qu'un effectif dénombré, la ville garde la mémoire de beaucoup de personnes qui se sont signalées durant leur vie par des comportements exemplaires. Cette mémoire est fragile, parce que la culture islamique et la culture de Djenné sont désormais en compétition avec tant de cultures étrangères séduisantes par les succès matériels qui leur sont associés. Mais cette mémoire s'appuie sur des traces qu'il est possible d'utiliser pour la revivifier.

Comme il a fallu attendre la période coloniale pour que soit créé un cimetière en dehors de la ville, beaucoup de saints, plus anciens, sont enterrés en ville, généralement dans des maisons, parfois au bord de la rue. Certains enclos à peine visible au ras du sol, certaines murettes inattendues rompant un alignement de hauts murs, et quelques rares constructions de petite taille mais de conception recherchée peuvent ne pas être reconnues par le passant pour ce qu'elles sont. Et les voisins ne sont plus toujours capables de donner l'explication qui convient au visiteur intrigué qui poserait la question. C'est la raison pour laquelle cette section offre toutes les informations qu'il a été possible de glaner et de recouper au cours des dernières années.