DJENNE PATRIMOINE

BP 07 DJENNE Mali

 

DJENNE PATRIMOINE Informations

numéro 13, juillet 2002

 

 

NOUVELLES DE DJENNE

L’année 2002, année du football au Mali

Depuis des années, le Mali préparait la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2002). Des investissements considérables ont été réalisés dans cette perspective : non seulement on a construit un stade de 50.000 places à Bamako (le Stade du 26 mars, pour rappeler la chute de Moussa Traore, qui venait de parachever 23 années de pouvoir autocrate en faisant tirer sur des femmes et des enfants), des stades des 15.000 places à Ségou, à Mopti, à Sikasso, à Kayes, sans compter la restauration de stades plus anciens (à Bamako, à Ségou…), mais on a aussi investi dans le réseau téléphonique (ce qui a permis récemment d’installer une centaine de lignes de téléphone à Djenné), dans certains axes routiers, dans la mise à niveau technique de plusieurs aéroports (celui de Mopti est désormais aux normes internationales, ce qui est intéressant pour Djenné)) et dans la sécurité aérienne, dans l’équipement hôtelier, etc.

La préparation de la CAN 2002 impliquait aussi l’accueil des équipes, dans des équipements hôteliers répondant aux exigences de vedettes extrêmement exigeantes, et l’accueil des supporters dans des conditions accessibles pour eux. On se souvient que tous les pays limitrophes du Mali ont été qualifiés, et on pouvait donc s’attendre à ce que les spectateurs africains soient nombreux. Les autorités ont fait appel au sens de l’hospitalité, qualité par excellence des Maliens, et aux traditionnelles relations entre le logeur et celui qu’il héberge.

Pendant la Coupe, des voitures quittaient Djenné pour conduire des supporters à Mopti où se sont déroulés quelques matches. Le cœur de Djenné a battu pour l’équipe nationale, bien sûr !

Mais en outre, à Djenné même, l’ambiance nationale de préparation de la CAN 2002 donnait au football une popularité nouvelle. Ainsi, en mars 2001, a été créé un " comité directeur de Chamarouss-Club de Djenné "1, composé de 13 membres, dont Hasseye Aransana (Président), Sidi Sonfo (Secrétaire général) et Dra Dembele (Trésorier). Ce comité directeur se présente comme une instance chargée uniquement de la vie du club et de la bonne marche de l’équipe. Il est sous la tutelle du Comité local des sports, placé sous la présidence du Préfet, et dont la vocation est plus large, puisqu’il s’occupe de tous les sports et couvre tout le cercle de Djenné.

L’équipe constituée par le nouveau comité a pour entraîneur Sissoko, et ses joueurs sont :

Cette équipe a bénéficié de l’aide de Koala Cissé, qui a notamment fourni des crampons et des chaussures, évitant ainsi aux joueurs de se contenter, comme le font beaucoup au Mali, des " yakos ", ces sandalettes en plastique très souple qui faisaient fureur sur les plages en Europe à la fin des années 1950, et qui connaissent une nouvelle vie sur ce continent. Elle a été également supportée par la population de Djenné, qui se déplace en masse pour la soutenir lorsque les matches ont lieu à Djenné.

De mars 2001 à juillet 2002, l’équipe du Chamarouss-Club de Djenné n’a pas démérité. Elle a disputé les matches suivants : Djenné-Bani (2-2 après tirs au but), Djenné-Union Sportive Sévaré (3-1), Centre Mopti-Djenné (2-3), Douentza-Djenné (Djenné gagne par forfait), et donc l’équipe de Djenné était la meilleure de la région de Mopti, et c’était pour Djenné la première qualification en coupe du Mali . Hélas, lorsqu’il a fallu jouer contre le Club Olympique de Bamako, la tâche était bien difficile pour une équipe qui n’était jamais sortie de sa région, et le score a été impitoyable (10-0) !

Mais on a bien joué au foot à Djenné cette année !

Sidi Sonfo et Mamoudou Cissé

L’année 2002, année électorale au Mali :

(1) Election présidentielle

Après la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2002), l’événement qui a mobilisé villes et campagnes fut l’élection présidentielle. Alpha Oumar Konaré finissait ses dix ans à la tête de l’Etat, il n’était plus rééligible selon la constitution malienne.

Au total, 24 maliens se sont engagés à la conquête du fauteuil présidentiel (ou, comme on dit au Mali, de Koulouba, du nom de la colline située au Nord de Bamako et sur laquelle se trouve le Palais présidentiel). Mais certains candidats n’ont pas mené une campagne très active, certain par exemple n’a pas daigné quitter la France où il réside pour faire sa campagne sur le terrain ! Dès le départ, trois noms émergeaient nettement du lot :

- celui du Général Amadou Toumani Touré (qu’on désigne très généralement par ses initiales : ATT), ancien chef de l’Etat pendant la période dite " la transition ", connu pour avoir mené à bien la destitution de Moussa Traore et pour avoir dirigé le pays pendant toute la période de mars 1991 à juin 1992 où une conférence nationale devait être organisée, une nouvelle constitution devait être rédigée, et les premières élections libres et pluralistes devaient être organisées ; pour soutenir sa candidature, le Général Amadou Toumani Touré disposait de tout un réseau de clubs, et d’organisations politiques ralliées à sa candidature ; tous ces soutiens se sont fédérés entre les deux tours en une Convention pour l’Alternance et le Changement (qui se fera connaître sous le sigle ACC) ;

- celui de Ibrahim Boubacar Keita, lui aussi souvent désigné simplement par ses initiales IBK, ancien Premier Ministre, à qui le pays doit d’avoir surmonté l’instabilité sociale des premières années de la IIIème République, mais qui, à la suite de conflits internes au parti majoritaire (l’ADEMA) a créé en 2000 un nouveau parti, le Rassemblement pour la République (RPM) dont il est le Président ; autour du RPM se sont regroupées un grand nombre de formations politiques pour constituer la coalition " Espoir 2002 " ;

- celui de Soumaïla Cissé, ancien ministre des finances pendant de longues années sous la IIIème République, puis ministre de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme et de l’environnement, vice-président de l’ADEMA, candidat désigné par ce parti à la suite d’une convention nationale convoquée en janvier pour départager les candidatures internes à ce parti ; sa candidature elle aussi a été soutenue par plusieurs partis qui, ensuite, iront aux élections législatives sous le sigle ARD (Alliance pour la République et la Démocratie).

Pendant trois semaines, les candidats se sont lancés à la conquête de l’électorat, chacun s’efforçant d’influencer les esprits en mobilisant de grands moyens. C’est ainsi qu’à Djenné même, on a pu voir :

- un cortège de trente voitures placardées d’affiches en faveur d’un candidat, klaxonnant à tue tête et à tous vents dans les rues et sur la place, transportant des militants enthousiastes et hurlant les slogans jusqu’à s’époumoner, en attendant le meeting organisé par les partisans ;

- un hélicoptère atterrir près du terrain de football pour déposer un candidat que les personnalités et ses camarades de parti attendaient depuis plus d’une heure, mais ce moyen de transport a fortement impressionné les foules (pour qui l’avion est un luxe réservé aux étrangers) ;

C’étaient là autant de nouveautés de cette campagne-ci, qui, toutefois, comme les autres, a comporté beaucoup de visites aux notabilités (les marabouts, les notables, certains chefs de grandes familles), beaucoup de réunions électorales largement ouvertes à toute la population, beaucoup de distributions de pagnes, de t-shirts, sans compter par exemple les motos qui, utilisées pour les déplacements des militants pendant la campagne reviennent ensuite aux sous-sections lorsque les opérations sont terminées. Dans chaque ville, dans chaque village, pendant trois semaines, les meetings populaires succédaient aux manifestations folkloriques en tous genres, puisqu’il est de tradition que toute visite d’une personnalité, quelle qu’elle soit, doit être fêtée en musique et en dansant.

Ainsi, le dimanche 28 avril, les Maliens se sont rendus en assez grand nombre dans les bureaux de vote où les attendaient assesseurs et délégués des différents partis, ainsi que des observateurs de la Cour constitutionnelle, des ONG, et des observateurs nationaux et internationaux invités en grand nombre par les autorités. Il est remarquable que les difficiles problèmes rencontrés pour l’organisation de ces élections, (établissement des cartes d’électeurs à la suite d’un recensement à caractère électoral spécialement réalisé à cette fin, distribution des cartes, impression des bulletins de vote pour un très grand nombre de candidats, constitution des bureaux de vote, etc.) ont été réglés de façon si satisfaisante, dans l’ensemble, qu’aucun parti n’a pu, comme par le passé, prendre prétexte des défauts d’organisation pour se retirer de la compétition.

Après le vote, les Maliens ont attendu une semaine la proclamation des résultats officiels, car la Cour constitutionnelle a voulu examiner toutes les réclamations qui lui étaient présentées. Elle n’a d’ailleurs pas hésité à annuler une proportion très importante des suffrages, chaque fois que le doute quant à leur régularité n’était pas levé. En fin de compte, elle a prononcé son verdict : ATT avait obtenu le plus grand nombre de voix, venait ensuite Soumaïla Cissé, puis en troisième position IBK. Un second tour s’imposait, après négociations, tractations et alliances. L’essentiel fut le ralliement d’Espoir 2002 à la candidature de ATT pour empêcher le candidat de l’ADEMA de succéder à Alpha Oumar Konaré, membre fondateur de l’ADEMA. On a donc entendu le slogan " tout sauf l’ADEMA ! ".

Bénéficiant du soutien de Espoir 2002, et de celui de ses partisans galvanisés par le score obtenu au premier tour, le Général Amadou Toumani Touré était donc très largement élu au second tour avec 65 % des voix contre 35 % à Soumaïla Cisse. L’élection présidentielle était terminée, et à la grande satisfaction de tous les Maliens, malgré la chaleur des joutes, malgré les suspicions de tricherie, malgré des cas de fraude avérée, tout s’était passé sans incident regrettable : les Maliens ont tous accepté les règles du jeu électoral.

Certains, à l’intérieur du pays et à l’extérieur également, se sont inquiétés de l’importance des sommes investies dans les campagnes électorales. Ainsi, par exemple, le fait qu’un candidat ait décidé de louer un hélicoptère pour ses déplacements de campagne a fait beaucoup jaser. Il était facile de dire que ce moyen de transport coûtait une fortune lorsqu’on s’adressait à de pauvres gens qui n’ont aucune idée de ce qu’est une fortune ; mais montrer qu’on a réussi, qu’on a des moyens, a toujours été et reste une façon d’impressionner l’électeur.

De même à propos des pagnes : en principe, les pagnes, imprimés aux couleurs du parti, au nom du candidat, et portant éventuellement des slogans électoraux, sont distribués à des clubs de militantes, leur sont fournis à un prix très faible, et elles peuvent les revendre à un prix modeste en faisant un bénéfice appréciable qui servira à payer les frais de campagne.

De même pour le thé, le sucre, les noix de cola et les petites coupures : il faut savoir que ces cadeaux sont, sinon une obligation, du moins une pratique très courante qui s’impose à tout visiteur à l’égard des personnes chez qui il arrive. Ici comme en Europe, même si vous vous rendez à une invitation, il n’est pas bon de venir les mains vides. Quant aux petites coupures, il est d’usage d’en remettre en public aux griots et griottes qui ont chanté et dansé, on les colle sur leur front, en les glissant sous le turban ou " mouchoir de tête " : c’est une façon de les remercier, ce n’est pas une façon de les asservir !

Il ne faut pas non plus interpréter sans tenir compte du contexte le fait qu’on puisse voter en suivant un leader. Tout, dans ce domaine, on le sait bien, est question de mesure, de nuances. Or, ici, personne ne cherche à défendre son indépendance, son autonomie, sa vie privée, sa vie de ménage, avec la hargne qu’on y met au Nord où la société est difficile à gérer après la disparition des liens sociaux que constituaient par exemple la famille ou la religion. Ici, les liens sociaux, à commencer par les liens familiaux très étendus, les liens de classe d’âge, les liens d’origine (ethnie, village, région…) subsistent, très puissants. Dans ces réseaux, des personnalités plus fortes ou mieux nées jouent le rôle de leaders : ainsi, dans un village, dans une ville, tel marabout, tel chef de famille respecté, le président de tel ou tel groupe jouent un rôle social et politique considérable, parce qu’un grand nombre de personnes vont suivre son avis. La campagne électorale commencera naturellement par eux !

A peine terminées les élections présidentielles s’ouvrait la campagne des législatives.

Foourou Alpha Cissé, Premier adjoint au Maire de Djenné,

(2) Elections législatives

Oui, les Djennenké n’avaient pas fini de manifester leur joie ou de ruminer leur défaite –selon qu’ils avaient participé à la campagne du côté de l’ACC-MC qui soutenait ATT, ou du côté du RPM, le parti d’IBK, ou encore du côté de l’ADEMA, qui avait pour candidat Soumaïla Cissé–, qu’il fallait préparer les élections législatives ! Ces dernières, en raison de leur caractère de proximité, allaient être plus ardues encore que les présidentielles ! Trois listes étaient en présence à Djenné pour le premier tour des législatives, le 14 juillet :

- une liste ACC-MC (le regroupement de clubs, partis et personnalités qui avaient soutenu la candidature du président Amadou Toumani Touré lors des élections présidentielles), où figuraient Bagouro Noumansana et Hamidi Hama Diallo ;

   

- une liste RPM, le parti d’Ibrahim Boubacar Keïta, composée de Moussa Guindo et Drahamane Gano ;

- et une liste ADEMA-PASJ, menée par Mahamane Santara et Habibou Sofara, députés sortants.

   

Les thèmes de campagne étaient assez variés, et les partis, pour s’accaparer les électeurs, n’ont lésiné ni sur les mots ni sur les moyens. A titre d’exemple, la question du barrage de Talo, qui, nous le savons, est aujourd’hui pour tous les Djennenké un véritable cauchemar, a été exploitée par les divers groupes politiques. D’aucuns par exemple se montraient absolument hostiles à ce projet, sans dire comment ils assureraient l’avenir de l’agriculture et de l’élevage à Djenné. D’autres se contentaient de faire remarquer que les députés ADEMA de Djenné étaient bel et bien présents à l’Assemblée Nationale lorsque celle-ci votait la loi de financement relative à ce barrage. D’autres encore voulaient seulement changer d’équipe : les députés de l’ADEMA sont vieux, ils ont déjà fait deux mandats, qu’ils laissent donc la place à des candidats plus jeunes ! Certains candidats présentaient des projets de développement pour le cercle : construire une école ici, un dispensaire là, favoriser la création de caisses pour aider les multiples associations villageoises, etc.

Les contacts avec l’électorat étaient assurés par l’organisation de visites et de réunions, d’où de multiples déplacements en voiture ou en mobylette, et par les émissions d’une radio locale. Une intense activité de campagne s’est développée, à la suite de laquelle le premier tour des élections législatives eut lieu le 14 juillet. Les résultats étaient alors les suivants : liste ADEMA 49,47 % des voix ; liste ACC-MC 44,04 % ; liste RPM 10,49 %. Un second tour s’imposait, aucune liste n’ayant obtenu la moitié des voix dès le premier tour ; ce second tour opposerait les listes ADEMA et ACC-MC, la liste RPM étant éliminée.

A nouveau, la campagne électorale fit rage, acharnée, sans merci.. Rien n’est laissé au hasard, cette fois-ci ! Jour et nuit, les quartiers sont animés de réunions organisées par les différents partis, et les villages eux-mêmes reçoivent de multiples missions de militants. Les thèmes de campagne sont les mêmes : le barrage de Talo, la trop grande longévité des députés ADEMA, les projets concrets de développement (école, dispensaire, caisse mutuelle, etc.). Mais d’autres arguments ont été utilisés pour abattre certains candidats –par exemple les allégations de mauvaise gestion– ou pour faire pression sur les électeurs –par exemple ceux qu’on pouvait menacer de leur retirer les terres qu’ils cultivent, ou de leur interdire l’accès à une mare pour les pêches collectives, ou de les priver d’une part dans tel ou tel héritage… Oui, la campagne locale utilise aussi des arguments qui ne grandissent ni les candidats qui les manient ni leurs partisans !

Les résultats provisoires du second tour ont été connus le lundi 29 juillet en début d’après-midi, à la fin des travaux de la commission chargée de recevoir les décomptes des diverses communes et de comptabiliser les voix recueillies par chacune des deux listes. La liste ADEMA (Mahamane Santara et Habibou Sofara) avait obtenu 17768 voix (55,96 %), la liste ACC-MC (Bagouro Noumanzana et Hamidi Hama Diallo) 13892 voix (44,04 %). Le taux de participation atteignait 40, 15 % (32065 votants sur 79872 inscrits), ce qui est très satisfaisant par rapport au reste du pays.

Les résultats par commune sont les suivants :

Commune

ADEMA

ACC

Femaye

1687

1905

Djenné

2503

2300

Fakala

4429

627

Mougna

1723

2160

Kewa

1536

1697

Konio

894

722

Madiama

970

655

Derari

752

780

Niensanari

578

357

Oura-Aly

971

946

Togué Mourari

637

952

Femaye

1687

1905

Pondori

1088

870

     

Source : résultats provisoires diffusés à Djenné le 29 juillet

Amadou Tahirou Bah

Visiteurs de marque

L’Ambassadeur des Etats-Unis est revenu à Djenné pour remettre personnellement un lot supplémentaire de 100 ventilateurs à l’imam de la mosquée de Djenné, qui les lui avait demandés il y a quelques mois. Il lui a aussi fait cadeau d’un amplificateur et un micro qui pourront être utilisés par le muezzin, ainsi que d’un ordinateur.

La directrice de l’USAID au Mali est venue visiter Djenné et les projets soutenus par son institution dans le domaine du renforcement des capacités des organisations locales et de la bonne gouvernance. Elle a rencontré les partenaires de son institution, et notamment Care.

Le 25 juillet 2002, le ministre de la culture, Monsieur André Traore, a visité Djenné et ses sites culturels, touristiques, archéologiques et artisanaux.

 

NOUVELLES DU PATRIMOINE DE DJENNE

La question de l’assainissement de la ville de Djenné commence à retenir l’attention de l’administration et celle des partenaires au développement. Un bureau d’études a été chargé par l’administration, du financement de l’Etat, de mener à bien la préparation d’un schéma d’assainissement et d’évacuation des eaux. Ce travail dervait durer 8 mois, à partir de mars 2002.

Le projet conçu par l’Université technologique d’Utrecht, et qui consiste à conduire les eaux usées dans une fosse (creusée pour chaque maison dans la rue) remplie de gravier, a été mené à bien, à titre expérimental, pour une cinquantaine de maisons du quartier de Yoboucaïna et de quelques autres du quartier Al-Gasba. En saison sèche, les résultats sont spectaculaires. La saison des pluies est là, on attend de voir comment se comporteront les fosses.

L’organisation des Peace Corp a proposé de mettre à la disposition de la mairie de Djenné un volontaire, agent d’assainissement, et un autre, urbaniste, qui seraient basés à Djenné.

NOUVELLES DE DJENNE PATRIMOINE

Le bureau de DJENNE PATRIMOINE s’est réuni le 15 juillet pour préparer un festival culturel qui aurait lieu pendant la première semaine de janvier, et auquel pourraient assister les membres bienfaiteurs de l’association résidant hors du Mali. Des précisions seront données aux membres intéressés dès le mois de septembre.

DJENNE PATRIMOINE a organisé la visite à Djenné de deux experts des questions d’eau et d’assainissement, le Professeur Bernard CONTAMIN (IUT de Bayonne) et Monsieur Emmanuel VIVIER (ingénieur du service assainissement de la Communauté d'agglomération Anglet-Bayonne-Biarritz). Cette visite a duré du 24 février au 8 mars 2002. Elle avait pour objectif de donner un avis aux autorités municipales sur les multiples propositions faites par des intervenants divers et variés en matière d’assainissement. Le rapport de cette mission est attendu.

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DOCUMENT 1

Ba, si, mi, alifu, lamu, lamu, ha… "

par Geert Mommersteeg2

Lorsque vous vous promènerez dans la vieille ville de Djenné, vous entendrez ici et là la parole de Dieu. Passant devant l’une des douzaines d’écoles coraniques de la ville, le visiteur est presque sûr d’entendre les élèves réciter des passages du Livre Saint.

Ba, si, mi, alifu, lamu, lamu, ha… ". Rythmiquement, le jeune Salifou récite sa leçon, ses doigts se déplaçant lentement sur les lettres arabes de sa tablette en bois. Il épelle avec application des premières lettres de l’invocation islamique universelle, le début de chaque effort, " Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux : Ba, si, mi, lamu, lamu, ha… "

L’école de Salifou, comme la plupart ici, est située dans le vestibule de la maison de son maître coranique. Une couche de sable couvrant le sol de terre battue, dans un coin une collection d’ardoises3 pour écrire, et une ou deux copies du Coran dans une niche, voilà ce qui distingue l’école coranique d’un vestibule ordinaire. On y enseigne le matin d’environ sept heures jusqu’à onze heures, et de quinze à dix-huit heures l’après-midi, sauf le jeudi et le vendredi matin. C’est seulement aux heures chaudes de la journée, lorsque le soleil est haut dans le ciel, que le marabout et ses élèves restent à l’intérieur ; tôt le matin, tous sont assis dans la bande d’ombre que fait le mur de terre sèche au pied de l’école, et en fin d’après-midi ils s’abritent de l’autre côté de la maison.

Les élèves, en grande majorité des garçons, et au nombre d’une douzaine à une centaine ou plus, ne forment pas, à proprement parler, une classe. L’enseignement est individuel. Chaque élève travaille une partie déterminée du Coran, et progresse à son rythme propre, en fonction de son intelligence et de son ardeur. Bien que toutes les filles suivent, elles aussi, pendant un peu de temps, un enseignement coranique, elles sont toujours en petit nombre par rapport aux garçons. A quelques rares exceptions près, les filles ne passent généralement à l’école coranique que le temps d’apprendre les quelques courts chapitres du Coran qui sont nécessaires pour les prières quotidiennes.

Le matériel éducatif est simple : une plume, de l’encre noire, et une ardoise recouverte des deux côtés d’une fine couche d’argile blanche, sur laquelle les versets du Coran seront écrits. La plume est taillée dans la tige d’un arbuste particulier, et l’encre est faite d’un mélange d’eau, de gomme arabique et de suie détachée des ustensiles de cuisine. Les étudiants les plus avancés, qui écrivent eux-mêmes sur leur ardoise, ont leur propre encrier et leur plume ; les plus jeunes n’ont que leur ardoise. On n’utilise ni tableau noir ni cahier de notes, et il n’y a pas d’autre livre que l’exemplaire du Coran qui est celui du maître, et une ou deux autres copies que les étudiants avancés peuvent utiliser.

Ces étudiants avancés, qui ont de 11 à 16 ans ou plus, copient de longs passages du Coran sur leur tablette d’une écriture fine et nette. Certains d’entre eux ont déjà lu le Livre en entier et pratiquent donc désormais l’art de dursu4. En les récitant inlassablement, ils travaillent à mémoriser la parole de Dieu.

Le jeune Salifou a encore un long chemin à parcourir avant qu’il ne soit capable de réciter le Coran de la façon qu’emploient les élèves plus âgés. Il n’a que sept ans. Il y a tout juste quelques semaines, il a atteint l’âge auquel il pouvait commencer l’école coranique. Au cours des derniers mois, son père lui demandait de temps à autre s’il pouvait réciter les nombres de un à dix. Le jour où Salifou a été capable de compter de un à dix sans faute, il avait l’âge d’être pris en mains par un marabout, qui lui apprendrait à réciter et plus tard à écrire les mots du Coran.

Aujourd’hui, le marabout a écrit sur la tablette de Salifou plusieurs mots nouveaux des deux premiers versets de al-Fatiha, la première sourate (ou chapître) du Coran. Montrant avec son doigt chaque lette sur la tablette, le maître prononce chacune à haute voix, plusieurs fois, attendant que son jeune élève les répète après lui. Telle est la leçon de Salifou ce jour-là. Pendant que le marabout s’occupe des autres élèves, Salifou répète sa leçon lui-même. A l’occasion, le maître ou un élève plus avancé vérifie ce qu’il fait et l’aide à bien prononcer. Le jour suivant, le marabout interrogera Salifou pour voir s’il a bien appris –c’est-à-dire mémorisé– sa leçon. Dans ce cas, le maître écrira les quelques mots suivants sur la tablette, et il faudra à nouveau les épeller à haute voix et les mémoriser.

Le première phase de l’éducation à l’école coranique, pendant laquelle les jeunes élèves tels que Salifou apprennent les 28 lettres de l’alphabet arabe, est appelée alifu-alifu, alif étant la première lettre de l’alphabet. Cependant, les lettres ne sont pas apprises dans l’ordre alphabétique strict. En partant de la sourate al-Fatiha et en continuant par la courte sourate qui termine le Livre, les élèves apprennent les lettres dans l’ordre dans lequel elles apparaissent dans le texte. Les versets sont divisés dans leurs plus petits éléments, les lettres, et la leçon consiste à réciter chaque lettre par son nom : " Ba, si, mi, alifu, lamu, lamu, ha ". Salifou récite les noms des lettres qui, ensemble, forment le tout premier mot du Coran : " Bismillah, Au nom de Dieu ".

La phase alifu-alifu couvre la première sourate et les dix courtes sourates finales (sourates 105 à 114). Cette même partie du Coran est utilisée pour la seconde phase de l’éducation, timiti-timiti, un terme provenant de l’arabe matta, étirer. Maintenant, le marabout écrit les lettres avec les marques des voyelles et autres signes diacritiques qui les accompagnent. La récitation de Bismillah, par exemple, devient désormais : " Bi, si, mi, iye, la, hi ".

Lorsque l’élève a, de cette façon, terminé la lecture des onze courtes sourates, il a rencontré toutes les lettres de l’alphabet en combinaison avec les différentes voyelles et les signes diacritiques. Cela ne signifie pas, toutefois, qu’il a réellement appris tout l’alphabet, il peut simplement réciter les lettres vocalisées exactement comme elles l’ont été par le marabout.

Après la phase timiti-timiti, l’élève revient pour la troisième fois à la sourate qui ouvre le Coran, pour apprendre à lire la parole de Dieu correctement. Il est maintenant un élève tyo koray –littéralement " lire proprement " –. L’écriture sur sa tablette est la même que durant la phase précédente, mais la lecture ne consiste plus à lire chaque lettre séparément. Les lettres doivent être combinées pour former les mots. Après quelques leçons, l’élève récite les deux premiers versets de la sourate al-Fatiha : " Bismillahi rahmani rahimi. Al-hamdulillahi rabbi al’almina ", " Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Louange à Dieu, Seigneur des mondes ". C’est cependant une combinaison de mots qu’il ne comprend pas, car tout ce qui importe pour lui à ce stade est de les réciter correctement. Pour les habitants de Djenné, comme pour les autres peuples d’Afrique de l’Ouest –à l’exception d’un petit nombre de tribus habitant le désert et parlant arabe– l’arabe est une langue étrangère. Et même pour ceux qui parlent l’arabe courant, l’arabe de la Mecque au VIIème siècle n’est pas toujours immédiatement accessible.

Apprenant chaque jour quelques mots ou une phrase, l’élève tyo koray parvient à lire la première sourate. Lorsqu’il domine la récitation correcte de la sourate al-Fatiha, le marabout écrit sur son ardoise le premier verset de la sourate al-Nas, la 114ème et dernière sourate du Coran. Pour l’essentiel, les sourates du Coran sont apprises dans leur ordre inverse, en commençant par les plus courtes, les plus faciles à mémoriser. L’objectif ultime de l’école coranique est de rendre l’élève capable de lire les versets qui terminent la seconde, et la plus longue, des sourates, al-Baqara, bien qu’une minorité seulement y parvienne. La plupart des élèves quittent l’école coranique avant d’avoir lu le Livre dans son entier.

Les méthodes de correction peuvent être rudes. L’élève qui commet de façon répétée des erreurs en récitant, ou celui dont l’attention fléchit, ou qui n’apprend pas ses leçons avec assez d’ardeur, peut compter sur un habile coup du fouet manié par le marabout, ou par un élève plus âgé.

Lorsque les leçons d’un élève ont été entendues, et s’il a récité ses versets correctement, le maître lui donne la permission de laver le texte qui était écrit sur la tablette. L’eau qu’il utilise à cette fin est soigneusement collectée dans un canari (une cruche), qu’on appelle nesi-kusu, ou jarre d’eau sainte, qui est installée pour cet usage dans la cour de la maison du marabout. C’est que tout chose qui contient des mots du Coran est considérée comme sainte, et doit être traitée soigneusement, et même l’eau dans laquelle les mots du Coran ont été dissous. Une fois ou deux dans l’année, le nesi-kusu est vidé ; l’eau, épaissie de l’encre et de l’argile qui ont été lavées des tablettes, est transportée à l’extérieur de la ville et versée dans l’un des bras du fleuve Bani. Même l’eau avec laquelle la cruche est rincée doit être versée à cet endroit. Un marabout, qui a grandi à la campagne dans les environs de Djenné, explique que les élèves du village lavaient leurs tablettes à l’endroit où le feu restait allumé la nuit, " parce que jamais personne ne marche à cet endroit ", et de la sorte les mots sacrés, tout dissous qu’ils soient dans l’eau, ne seront jamais souillés par les pieds humains.

La phase de lecture de la première éducation coranique, à Djenné, va jusqu’à la sourate 67, al-Mulk. A partir de là, l’élève apprendra simultanément comment lire les mots du Coran et comment les écrire. Le marabout écrit les versets en rayant, avec un stylet en bois, la fine couche d’argile qui recouvre la tablette. L’élève suit méticuleusement ces traces sur son ardoise avec une plume, les remplissant d’encre, et montre sa tablette à son maître lorsqu’il a fini. Le marabout lit le passage à haute voix, corrige l’écriture, rend l’ardoise à son élève, et lui lit le texte mot après mot. L’élève, suivant avec son doigt ce qu’il a écrit, répète les mots après son maître, puis s’assied et apprend à réciter correctement le verset à partir de son ardoise. Lorsqu’il doute, il consulte un autre élève du maître, et lui demande de répéter un passage donné. Cette phase est appelée khairun (de l’arabe khair, qui signifie bon, une bonne chose, une bénédiction). Pendant la phase suivante, khairun kasida, qui couvre les sourates 36 à 46, le marabout laisse plus d’espace entre les lignes qu’il écrit en rayant l’argile : l’élève ne repassera pas dans les traces laissées par le maître, il écrira de lui-même en dessous de l’exemple écrit par le maître.

A la fin de la phase khairun kasida, pendant laquelle il a copié l’écriture de son maître, l’élève a lu un quart du Coran. Les autres sourates, il les lira après les avoir toutes écrites lui-même, en les copiant à partir de pages du Coran. Avant cette phase dite fita (feuille), les élèves sont considérés comme trop peu mûrs pour traiter un exemplaire du Coran avec le respect qui convient.

Lorsque l’élève de la phase fita a écrit sa leçon, il la montre au marabout pour qu’elle soit corrigée. Et, après avoir écouté son maître lui montrer comment réciter les versets, il s’entraîne tout seul à réciter correctement. La phase fita inclut l’essentiel du Coran et s’achève par les versets qui terminent la sourate al-Baqara.

En étudiant de cette façon, il faut au moins quatre années à l’élève pour achever la lecture du Coran, bien que les différences entre individus soient importantes. Lorsqu’il a appris les derniers versets de la seconde sourate, une cérémonie (al-korana dyumandi) [de dyumandi = faire descendre] est organisée : d’autres maîtres coraniques de Djenné sont invités à l’école pour assister à la récitation, par l’élève qui répète les mots prononcés par son maître, de la dernière partie de la seconde sourate, et par deux fois. Un des marabouts invités prononce des bénédictions et tous les présents partagent un repas préparé par la famille de l’élève. Avec quelques-uns de ses condisciples, l’élève déambule alors en ville, en montrant son ardoise, et recueillant des marques de respect : de petits cadeaux de riz, de mil, des arachides ou des piécettes. Le père de l’élève exprime sa gratitude pour l’éducation reçue par son fils en donnant une certaine somme au maître coranique.

A part ce paiement final qui, en 1986, pouvait varier de 500 à 20.000 FCFA, le maître recevait aussi environ 500 FCFA lorsque l’élève atteignait le milieu de ses études, à la sourate 19, plus un versement régulier, chaque vendredi, jour où les élèves apportaient à l’école un honoraire de 10 ou 25 FCFA. On voit la grande modestie de ces sommes.

Cependant, l’éducation coranique d’un élève ne se termine pas nécessairement lorsqu’il a lu la totalité du Livre. Il peut continuer ses études, soit en allant à une école de niveau secondaire, soit en restant à l’école élémentaire pour relire le Coran. Dans ce dernier cas, la cérémonie finale est retardée, et l’élève commence à écrire et à lire la totalité du Coran dans l’ordre des sourates depuis la première. Certains essaient, par la même occasion, d’apprendre le texte par cœur.

Cependant, tout cela ne concerne pas le jeune Salifou. Son éducation coranique ne fait que commencer. Mais il est fier d’être désormais parmi les élèves, et il s’entraîne à réciter comme son maître le lui a montré : " Ba, si, mi, alifu, lamu, lamu, ha "… Dans quelques mois, il combinera ces lettres pour former la phrase sainte de l’une des prières centrales, et les plus belles, de l’islam, des mots qu’il récitera et lira toute sa vie : " Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Louange à Dieu, Seigneur des Mondes, le Clément, le Miséricordieux. Maître du jour de la Rétribution. C’est Toi que nous adorons, et c’est de Toi que nous implorons secours. Guide-nous dans le chemin droit, le chemin de ceux que Tu as comblés de bienfaits, non pas de ceux qui ont encouru colère, ni de ceux qui s’égarent. "

 

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DOCUMENT 2

Analyse du projet de barrage de Talo

et de ses conséquences prévisibles

sur les systèmes de production ruraux du Djenneri

par François Gallier5

Le projet de construction du barrage de Talo sur le Bani en amont du delta du Niger est très controversé. Ce projet déjà ancien6 prévoit, à terme, l'aménagement de 20.316 ha dont 16.030 ha pour la riziculture, la submersion contrôlée étant assurée par le barrage. Ce dernier doit permettre de relever le niveau des eaux à la cote de 274,35 m sur le site d'un seuil latéritique. En condition décennale sèche7, cela aura pour effet de relever le plan d'eau de plus de 6 mètres à Talo et de 2,84 mètres à Douna (80 km en amont du barrage). A cette cote, le réservoir aurait un volume de 175 millions de m3 et une superficie de 29 millions de m2 (Agrer1997).

L'adoption de ce projet a déclenché le mécontentement d'une partie des populations locales, surtout celles situées à l'aval des aménagements, c'est à dire celles qui n'en bénéficieront pas mais qui subiront les conséquences des transformations hydrologiques du Bani. C'est au-delà de San et jusqu’à Mopti que les inquiétudes sont les plus fortes ; les ressortissants de Djenné, en particulier, ont réussi à alerter l'opinion8. Ainsi, l'association des ressortissants de Djenné à Bamako a exprimé ses inquiétudes dans une lettre adressée au Président de la République du Mali, lettre intitulée " Les arguments de Djenné au sujet du barrage de Talo " et datée du 28 octobre 1998.

Les principales inquiétudes sont liées à :

Néanmoins, les opposants comme les défenseurs de ce barrage semblent manquer d'études complètes et fiables. En particulier, pour ce qui est des impacts sur l’aval, il faut déplorer un manque d'estimations chiffrées cohérentes et concordantes qui permettraient des débats plus constructifs mais aussi plus critiques pour prendre des décisions en pleine connaissance de cause... Il y a donc là un manque d'informations vraies que, avec les moyens qui m’étaient impartis dans le cadre d’un stage de DEA, j’ai tenté de combler. Deux objectifs principaux ont été retenus :

Contexte et analyse critique

La présentation du contexte géographique, climatique mais aussi conceptuel semble indispensable à la bonne appréhension du

problème. Les impacts seront ressentis dans la partie méridionale de la zone inondable du Delta intérieur du Niger. Les richesses, mais aussi la fragilité de ces milieux deltaïques ont déjà été démontrées. La variabilité et l'imprévisibilité des pluies et des crues déterminent l'abondance et la répartition des ressources naturelles et, de fait, les conditions de vie des populations, restées essentiellement rurales et agraires. Cela explique combien les producteurs (riziculteurs, éleveurs et pêcheurs) dépendent de la bonne qualité des crues concomitantes du Niger et du Bani, et sont donc particulièrement sensibles et inquiétées par ce barrage qui les menace.



Ces inquiétudes semblent légitimes au regard de l’expérience internationale. En effet sur le plan international, la politique de construction des barrages est de plus en plus critiquée. Sociétés civiles, scientifiques et experts mettent en cause leur rentabilité économique et leur intérêt en démontrant les impacts négatifs qu'ils peuvent induire. Leur capacité à participer d'un " développement durable " est finalement très discutée. Aussi semble-t-il indispensable pour ce projet de barrage de prendre toutes les précautions nécessaires et de s'assurer que les impacts néfastes ne seront pas supérieurs aux avantages escomptés.

Dans le cas spécifique du barrage de Talo, la réflexion sur son intérêt et ses dangers devrait intégrer les complexes problématiques de développement du système deltaïque, la diversité des milieux, la variabilité des ressources, les difficultés qui résultent de la cohabitation des riziculteurs, des éleveurs et des pêcheurs. Les études de préparation présentent-elles ces qualités ?

L'analyse critique des documents de préparation9 a révélé de très importantes lacunes:

En conséquences, des études complémentaires basées sur la prévision des transformations hydrologiques semblent tout à fait nécessaires. Elles devraient permettre d’en corriger les principales lacunes pour permettre un meilleur débat, et la prise de décisions plus adaptées pour favoriser un développement économique et social respectant l'environnement. Ces études complémentaires exigeront la collecte de nouvelles informations de base (topographiques, hydrologiques, foncières...) et la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire.

Néanmoins nous avons ici avec nos moyens et compétences tenté de prévoir quelles seraient les transformations hydrologiques et leurs conséquences.

Prévision des transformations hydrologiques des milieux

En traitant des informations hydrologiques spécifiques au montage du projet12 et en les rattachant aux connaissances que l'on a de l'hydrologie du Bani13, nous avons pu parvenir à une prévision des principales transformations hydrologiques que le projet entraînera. En voici les résultats essentiels :

Prévision des transformations hydrographiques

Par l'utilisation d’un Système d'Information Géographique (ArcView), nous avons pu réaliser une simulation cartographique sur la réduction des surfaces inondées qui aurait résulté de la construction du barrage dans les conditions de crues de 1993, 1994, 1995 qui sont jugées comme étant respectivement de mauvaises, bonnes ou moyennes crues. A ces années nous avons ajouté une simulation pour la saison 2000 afin de recueillir auprès des producteurs, des souvenirs récents et précis. Nous avions pour base un fond topographique au 1/5 000ème d'une partie du casier de Bougoula obtenu à l'Office Riz Mopti (ORM)14. L’équidistance des courbes de niveau est de 0,25 mètres et permet une précision satisfaisante. Nous y avons intégré des données hydrologiques de l'ORM et de la Direction Nationale de l’Hydraulique (DNH), desquelles nous avons retranché les pertes et les hauteurs prévisibles du fait du barrage. Nous avons ainsi obtenu une série de cartes d’inondation pour différentes années, avec la situation naturelle et la situation à laquelle il faut s’attendre avec le barrage de Talo. Le logiciel fournit les surfaces en eau.

Pour exemple on peut se reporter à la carte de simulation de l’inondation en 1995, extraite du mémoire et jointe ci-après. La carte de gauche représente l’inondation qui a dû se produire dans cette partie du casier de Bougoula en 1995 en fonction des données hydrologiques relevées par l’ORM à l’entrée du casier. On attribue à chaque espace, en fonction de la hauteur des lames d’eau un certain potentiel agricole. La carte de droite représente l’inondation qui aurait dû se produire dans le cas où le barrage de Talo aurait été construit selon l’estimation des transformations hydrologiques. En dessous, l’histogramme donne l’évolution des surfaces ainsi concernées par les différentes lames d’eau et les potentiels qui y sont associés. Ainsi, avec ArcView, on peut estimer les pertes que l’on devrait déplorer en terme de surfaces inondables et de potentiel agricole.

Voici les principales informations qu’on obtient par cette méthode à propos des surfaces inondées à différentes profondeurs :

 

- La diminution des surfaces inondées par la crue est variable selon les années et les espaces considérés, mais elle est proportionnellement d’autant plus importante que les crues sont plus médiocres.

- Il y a des seuils en-dessous desquels une faible baisse du niveau des eaux induit une très forte baisse des surfaces inondées. Ainsi l'évolution des surfaces inondées n'est pas linéaire et proportionnelle à la cote du plan d'eau.

 

- Si la baisse moyenne du niveau de la crue est de 30 cm, la réduction des surfaces inondées peut être (selon les lieux et les années considérés) de 20 à 90 % par rapport à la situation actuelle ! Pour la suite, nous retenons une perte moyenne de 22%, ce qui correspond à nos résultats les plus faibles, donc les plus optimistes. Or, même en retenant cette hypothèse faible, les surfaces ainsi perdues seraient très importantes et ne peuvent en aucun cas être négligées. Pour donner une idée : sur la surface de 53 060 ha sous influence du Bani avancés par le PMB15 on perdrait ainsi plus de 12 000 ha et sur la surface de 44 000 ha cultivée dans la seule plaine du Pondori en l’an 2000 (selon des relevés faits au GPS par Care Djenné) on perdrait environ 10 000 ha.

   

Prévision des répercussions de ces transformations hydrologiques

sur les systèmes de production ruraux.

Les productions agraires dans les zones inondables qui nous intéressent constituent un système de production très complexe. En effet, la cohabitation des activités de culture, de pêche et d'élevage, sur une mosaïque d'espaces et selon des rythmes saisonniers précis, dépend de facteurs divers (dont les pluies et les crues) et dont les liens de causes à effets ne sont pas linéaires. Nous devons donc raisonner en terme de système.

Déjà en conditions naturelles, les systèmes de production deltaïques sont très dépendants des conditions pluviométriques et de l'intensité des crues. Il en résulte que les activités productives des zones inondables sont toujours aléatoires car tributaires d'éléments naturels variables et imprévisibles. L'homme tente de s'adapter, de composer avec ces éléments, de concilier les rythmes climatiques et hydrologiques avec les exigences biologiques des diverses productions. Mais, malgré leurs efforts, 1es producteurs restent toujours et largement à la merci des aléas. En effet, on peut bien chercher les variétés les mieux adaptées au milieu, tirer profit de l’expérience, diversifier les activités, se déplacer pour aller là où les ressources sont disponibles... mais, avec leurs moyens techniques et financiers, les producteurs restent impuissants devant les pluies trop faibles ou la mauvaise crue. De plus, comme pour compliquer encore les activités de production, il faut partager les ressources, assurer la cohabitation des exploitants, ce qui passe par la négociation des droits à l'exploitation des ressources, ainsi que par le respect de calendriers rigoureux. Du fait, non seulement la qualité et la quantité des productions sont aléatoires et exposées à de nombreux risques, mais aussi la " paix sociale " dépend du respect d'un système foncier complexe qui doit être adapté et renégocié en temps réel en fonction des conditions d’exploitation offertes par les différents milieux.

Aussi il faut craindre que les transformations hydrologiques que provoquerait la construction du barrage de Talo16 n’entraînent l'augmentation des risques qui menacent les productions, et la mise à l'épreuve des systèmes fonciers déjà fragilisés. Voici, sommairement, comment des principaux risques naturels pourraient êtres accrus par le barrage de Talo :

 

- Sécheresse des cultures : les semis de riz doivent lever avec les pluies, mais lorsque les pluies diminuent en fin d'hivernage, il importe que les crues viennent inonder les jeunes pousses pour permettre leur maturation. Or le retard de la crue occasionné par le remplissage de la retenue fait craindre qu'en certaines circonstances, les pousses flétrissent ou se dessèchent avant que la crue n'arrive.

 

- Si l'inondation des parcelles de riz ne se fait pas, au moment voulu et en quantité voulue, la récolte est perdue. Or avec le barrage de Talo la proportion des parcelles qui ne recevront plus d'eau augmentera.

- Si la crue arrive trop violemment (si l’eau monte de plus de 3 à 5 cm par jour), les tiges de riz peuvent être submergées et " noyées " (ce terme est employé localement, on parle aussi " d’inondation blanche "). Cela vaut aussi pour d'autres espèces végétales. La production primaire de certains milieux pourrait donc être affectée par le barrage, puisque, d’après notre exploitation des documents hydrologiques, la crue arrivera plus brutalement avec des hausses de l'ordre de 10 cm par jour…

 

- Si l'inondation des parcelles n’est pas assez durable (2 à 4 mois selon les différentes variétés de riz), les plantes risquent de ne pas atteindre leur maturité, et les récoltes seront affectées ou même parfois totalement perdues. Or le barrage de Talo retarde l'arrivée de la crue mais ne retarde pas la décrue. L'inondation des différents espaces est donc inévitablement plus courte et le risque augmentera sensiblement (les paysans parlent de retrait précoce).

- Pendant l'étiage on craint toujours l'assèchement des mares et chenaux secondaires qui permettent l'abreuvement des troupeaux et la survie d'une faune piscicole nécessaire à la bonne saison de pêche suivante. Or, avec le barrage de Talo, on peut craindre une baisse des nappes phréatiques à l’aval, et un tarissement plus précoce des points d'eau. Cette hypothèse reste a vérifier. Dans le cas où elle serait validée, il est clair que les activités pastorales et halieutiques seraient affectées pendant l'étiage.

Ces mécanismes d'aggravation des risques pesant sur les cycles biologiques pourraient entraîner des transformations sensibles et durables des systèmes de production ruraux. En voici quelques tendances possibles:

On peut arbitrairement différencier les zones inondables en deux catégories : ce que l'on peut considérer comme les " plaines hautes " et les " zones basses " :

On peut prévoir que ces différentes zones seront différemment touchées et affectées par les transformations hydrologiques dues au barrage de Talo.

Les " zones hautes " dont la submersion va devenir plus aléatoire, et de moindre intensité (hauteur et durée), deviendront moins attrayantes pour la culture du riz. Par ailleurs, leur exploitation pour y réaliser des cultures sèches (mils et sorghos) ne sera pas facile, car les terres sont peu favorables à ces cultures, et la submersion leur serait nuisible. Enfin la biomasse des pâturages baissera, ainsi que leur capacité de charge, affectant l'élevage. Ces hautes plaines vont devenir globalement moins productives, ce qui risque d'entraîner une désaffection foncière.

Les " zones basses " vont connaître d'autres difficultés. La plus grande brutalité de l'arrivée des eaux, et l’augmentation consécutive des risques de noyade de certaines variétés, nous poussent à considérer 1'hypothèse d'une baisse de la biodiversité et de la productivité de ces écosystèmes aquatiques. La baisse du niveau moyens des eaux, et de la durée de l'inondation, nous laisse prévoir une diminution des productions primaires. De plus, ces zones déjà fragilisées vont devoir supporter l'afflux des riziculteurs qui se reporteront inévitablement vers ces zones plus creuses pour retrouver des conditions d'inondation suffisantes (en hauteur et durée) à la culture du riz. Ce déplacement des cultivateurs dans les " zones basses " traditionnellement dédiées à l'élevage va réduire la surface des espaces pastoraux. Il faut craindre que les tensions et conflits déjà fréquents entre ces deux types d'utilisateurs ne s’aggravent encore.

Parmi les formes d'adaptation prévisibles, la mobilité des espaces de production et des producteurs eux même sera sans doute un atout majeur. Mais le droit foncier et la capacité à la mobilité ne seront pas identiques pour tout le monde. L'amplitude et la fréquence des déplacements ne seront pas les mêmes selon les ressources convoitées et les utilisateurs concernés. La mobilité est depuis toujours un fondement essentiel des systèmes de production deltaïques, mais elle n'en pose pas moins de nombreux problèmes, apportant son lot de tensions et de conflits fonciers.

Recommandations

Les carences que nous avons pu identifier dans la préparation du programme et la légèreté de certaines études sont d’autant plus inquiétantes qu'un tel barrage en amont de zones inondables menace inévitablement l'abondance des ressources et donc la vie économique et sociale de la vallée. La préparation de ce projet doit donc être reconsidérée  : il y faut des études traduisant une véritable expertise et une concertation élargie, et une mise aux "normes actuelles" en matière d'études d'impacts. Il y faut une analyse objective et critique du projet, une évaluation sérieuse de ses avantages et de ses inconvénients, permettant de juger de son intérêt réel et de son degré de priorité dans la politique de développement rural. Deux options seraient alors possibles : abandonner le programme ou choisir de le poursuivre après lui avoir apporté des améliorations importantes.

Dans le cas de la poursuite du programme, il serait important de reconsidérer toutes les alternatives possibles, des solutions techniques plus abouties qui permettraient une meilleure gestion de l'eau (utilisation rationnelle, partage entre les utilisateurs), la réduction des impacts écologiques et une meilleure rentabilité économique. Il faudrait aussi sans aucun doute apporter un soin particulier aux conditions de la participation populaire et de la gestion paysanne des aménagements, question trop souvent négligée. Enfin il faudrait intégrer les problématiques foncières déjà sensibles dans le delta du Niger en ces temps de décentralisation.

Conclusion

La préparation de ce projet de barrage souffre d’énormes carences, comme par exemple l’omission des impacts hydrologiques et économiques sur l'aval, et un bilan économique et social prévisionnel mal assuré. Or nous avons pu vérifier que ce barrage provoquera d'importantes transformations des conditions hydrologiques et hydrographiques (baisse du niveau de l’eau, réduction des surfaces inondées, montée des eaux plus brutale mais plus tardive, inondation plus courte...), et ces transformations auront inévitablement des répercussions sur l'abondance et la répartition spatiale des ressources naturelles. Les systèmes de production ruraux se trouveront affectés et les populations devront résister (plus que s'adapter) à ces nouvelles conditions de milieux devenus moins généreux. On peut prévoir la désaffection de certains espaces (plaines hautes) dont la submersion sera devenue trop aléatoire pour la riziculture. En revanche, les zones plus profondes feront l'objet de plus vives convoitises avec le besoin d'en renégocier les droits d'exploitation. Les risques de conflits fonciers vont immanquablement êtres augmentés.

Dans ces conditions, scientifiques et techniciens ont le devoir de travailler à fournir des informations vraies, à alerter l’opinion sur les danger qui menacent les sociétés concernées, à mettre en avant les opportunités qui sont offertes. Pour ce faire, dans le cas présent, on ne peut pas se dispenser de collecter les informations hydrologiques et topographiques qui permettront des simulations plus abouties et des prévisions plus fines que celles que nous avons pu produire dans ce travail. Il faudra aussi considérer de près les modalités de la concertation avec les populations concernées, les modalités de la gestion de l’ouvrage et des terres aménagées, les impacts fonciers à attendre.

En son état actuel, ce projet est dangereux.

 

 

 

 

 

Références :

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1 Ce nom évoque évidemment Cham-Harous, ou Chamharouch, chef des djinns et même plus précisément des " djinns musulmans ", puisque diverses traditions musulmanes lui donnent un rôle éminent, cf. Adame Bah Konare " Djenné, des origines à la pénétration coloniale : un aperçu historique ", in J. Brunet-Jailly (sous la direction de) : Djenné, d'hier à demain, Editions Donniya, Bamako, 1999 (p. 43-44) Retour au texte
2 Extraits de Geert Mommersteeg " Learning the word of God ", Aramco World, sept-oct. 1991, vol. 42, n° 5, p. 2-10 ; traduction de J. Brunet-Jailly, révisée par l'auteur.
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3 Il s'agit en fait d'une tablette en bois, nettement plus longue que large, sur laquelle on écrit dans le sens de la largeur ; le haut est arrondi, le bas est rectangulaire ; on tient généralement cette tablette d'une main par le haut, et le bas repose sur l'aine ou le haut de la cuisse, elle est donc légèrement de travers pour la lecture comme pour l'écriture ; on ne parle, à Djenné, que d'ardoises.
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4 le mot existe autant en songhay qu'en bambara, de l'arabe dars, durus : l'étude, la mémorisation, l'activité qui consiste à apprendre par cœur. " Les bamanan appellent lettré celui qui n'oublie pas ce qu'on lui raconte, il le mémorise. En langage des marabouts, on emploie le mot durusili, la mémorisation, c'est ce qu'on est capable de retenir, de ne pas oublier, de raconter ", Jeli Baba Sisoko, in Etudes maliennes, n° 55, p. 49. Retour au texte
5 Résumé du mémoire de DEA de géographie de M. François GALLIER, soutenu au centre IRD d'Orléans le 12 septembre 2001. Contact : gallierfc@yahoo.fr Retour au texte
6 Initié au début des années 1980, le barrage de Talo faisait partie d'un vaste schéma d'aménagement du Bani, dont l'ouvrage principal devait être le barrage de Djenné (Sedes 1984). Depuis ce schéma a été abandonné et, inexplicablement, le projet du barrage de Talo a été poursuivi. Retour au texte
7 En hydrologie, la crue décennale sèche désigne la crue faible dont la hauteur d'eau va statistiquement être dépassée neuf années sur dix. Retour au texte
8 En particulier, l'association internationale Cultural Survival s'est engagée contre la construction de ce barrage. Le rapport de l'Université Clark, très critique sur ce projet, insiste sur les risques encourus ; il est disponible sur le site : www.cs.org
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9
Il faut en particulier se reporter aux documents du bureau d'étude Agrer de 1987, 1988 et 1997. Retour au texte
10  Désormais, la Banque Africaine de Développement (BAD) devant l'ampleur des contestations a décidé de surseoir au financement du projet jusqu'à nouvel ordre. Pour 1'heure tout est donc figé. Retour au texte
11 Le coût des travaux de première phase est estimé à environ 27 millions de $ US. Retour au texte
12 Agrer, 1997, figure 26 en particulier. Retour au texte
13 Relevés limnimétriques de la direction nationale de l'hydraulique, Brunet-Moret 1986. Retour au texte
14 Ce casier se trouve à environ 20 km au Sud de Djenné sur la rive droite du Bani. Un travail sur une plus vaste zone serait tout à fait envisageable dans les secteurs ainsi cartographiés par l'Office Riz Mopti.
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15 Selon une note de réponse du Programme de mise en valeur des plaines du Moyen Bani à l'ONG Cultural Survival de 2001, et utilisant des données SEDES 1984. Retour au texte
16 Toutefois, il faut considérer une somme de facteurs aux interrelations complexes aléatoires, aussi, en matière de prévision des répercussions, on se limite à la présentation de logiques et de dynamiques qui semblent probables, mais toutes tentative de quantification serait pour l'heure illusoire et douteuse. Retour au texte
17 IIMI : Institut International du Management de l'Irrigation
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