DJENNE PATRIMOINE

Informations

 

n° 23, automne 2007

 

 

NUMERO SPECIAL :

CENTENAIRE DE LA RECONSTRUCTION DE LA MOSQUEE DE DJENNE

 

 

 

Texte du discours du Président de DJENNE PATRIMOINE lors de l’inauguration de l’exposition « DJENNE DEPUIS CENT ANS » à Djenné le 27 décembre 2007

 

Chers associés de DJENNE PATRIMOINE, Chers hôtes et visiteurs de Djenné, Mesdames, Messieurs,

 

Le samedi 13 avril 1907, au sermon de la prière de 14 heures, l’imam Et-Taouati prononçait une allocution marquant l’ouverture de la mosquée qui venait d’être reconstruite à Djenné. C’est le centenaire de cet évènement que nous fêtons aujourd’hui.

 

Il y a deux ans déjà, DJENNE PATRIMOINE a présenté à la Mission culturelle et à la Mairie un ensemble de propositions pour célébrer  ce centenaire. Nous voulions travailler à cette célébration  avec tous les partenaires susceptibles d’y concourir. Malheureusement, nous avons dû constater il y a un mois que les financements que nos partenaires estimaient nécessaires pour se mobiliser n’avaient pas été obtenus.

 

Nous vous présentons donc simplement aujourd’hui l’exposition qu’une association de bonnes volontés a été capable d’organiser avec ses seules ressources. Cette exposition permettra à la population de Djenné de se remettre en mémoire ce qu’était Djenné il y a un siècle et de réfléchir à ce que Djenné est devenue et à ce que Djenné peut devenir dans l’avenir.

 

Vous remarquerez en particulier la grande allure qu’avaient de nombreux bâtiments de Djenné. Les images que vous avez sous les yeux ont fait le tour du monde depuis un siècle, ce sont elles qui ont établi la réputation de Djenné dans le monde : elles témoignent de l’héritage que nos pères nous ont transmis. Elles montrent la grandeur de ce que nous avons à transmettre à nos enfants.

 

Nous avons, à l’égard des générations qui vont nous succéder la même responsabilité qu’un père vis-à-vis de ses enfants, petits enfants et arrière-petits enfants. Nos héritiers ne nous excuseront pas si, par notre négligence ou par notre défaillance, nous les privons de l’héritage que nous avons nous-mêmes reçu : nous vieillirons dans la honte. La protection de Djenné nous incombe, et aucune excuse ne peut être invoquée, même pas le manque de moyens. Chaque famille de Djenné y est impliquée, et toutes les autorités de Djenné également. Honte sur celui qui n’est pas capable de tenir son rôle, avec les moyens dont il dispose, dans la préservation de l’héritage reçu de ses pères !

 

DJENNE PATRIMOINE appuie toute initiative judicieuse de protection et de promotion du patrimoine de Djenné. Vous savez ce qu’a déjà fait notre association. Soutenez-là et participez à ses activités ! Et que le Miséricordieux nous bénisse !

Papa Moussa CISSE

 

« Djenné il y a cent ans »,

tel est le titre d’un beau livre publié en 1995 par
Bernard Gardi, Pierre Maas et Geert Mommersteeg.
Ce livre nous a révélé les toutes premières photographies de Djenné,
celles du Docteur Rousseau, médecin de la première garnison française stationnée à Djenné :
ces photos ont été prises en 1893-1894.

En voici quelques-unes.

 

Une maison de Djenné

La mosquée de Seku Amadu

La première photo de la ruine

de la mosquée de Djenné

 

       Un vieux de Djenné         Deux vieux en grand boubou

 

 

Le premier article sur Djenné paru en France est publié en 1896 :
il est dû à Félix Dubois, journaliste au quotidien français « le Figaro »,
qui raconte sous le titre « Tombouctou la mystérieuse » son voyage de Paris à Tombouctou ;
ses illustrations sont parfois assez floues, parfois mieux réussies.

Cet article donne de Djenné une vision enthousiaste et sereine

 

 

 

 

 

 

Cet article contient aussi une vue assez approximative mais impressionnante de la ruine de l’ancienne mosquée de Djenné.
Une autre image donne le point de vue qu’on avait alors, depuis la ruine de la mosquée,
lorsqu’on regardait vers l’Est : à droite, la mare assez profonde, et derrière elle les maisons de Konofia ;
à gauche la mosquée de Sékou Amadou.

Voici ces gravures.

 

 

 

 

 

Nous disposons aussi d’une série de 9 photographies de marabouts de Djenné, prises en 1900 par Charles Monteil,
retrouvées dans ses papiers. Elles ont été publiées en 1968 par son fils Vincent Monteil dans la revue de l’IFAN « Notes Africaines ».

Voici ces photos

 

Le livre publié en 1903 par Charles Monteil, qui était commandant de cercle les années précédentes, contient un plan de Djenné à l’époque.
On y remarque la place considérable qu’occupaient encore les mares, en particulier :
- wagani bangou (littéralement la « mare du lait frais »);
-mais aussi la mare de Kanafa et une mare dans le quartier Al Gasba  ;
Remarquer aussi que les concessions sont disposées en arc de cercle au Nord de la « mare du lait frais »

 

 

Viennent ensuite de nombreuses cartes postales, en particulier celles de H. Danel et celles d’Edmond Fortier.

Voici quelques exemples des photographies éditées par H. Danel :
la maison du chef de village, le paiement de l’impôt, le marché, le port, le grand-père du chef actuel

 

 

 

 

 

 

Ajoutons à cette série une carte postale d’un éditeur différent (A.B&Cie à Nancy).
Elle a été expédiée le 11 novembre 1905 et représente la berge,
sur laquelle des barques cousues sont en réparation,
avec en arrière-plan deux maisons typiques de Djenné

 

 

Voici maintenant la série la plus connue, celle des images prises par Edmond Fortier,
photographe qui était établi à Dakar, et qui a visité le Soudan –comme on disait alors – en 1906.
Fortier est manifestement impressionné par l’architecture monumentale de Djenné, dont il donne des images d’une qualité exceptionnelle.

 

La légende de cette carte surprend évidemment !
Mais la même carte sera  rapidement réimprimée (avant 1908) sous le n° 415,
avec une nouvelle légende : « Djenné, une rue ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et la mosquée fut reconstruite !

La seule image que nous ayons du chantier semble être celle qui a été prise en décembre 1906 par le célèbre écrivain,
poète, explorateur, anthropologue britannique Henry Savage Landor,
qui se trouvait à Djenné au bon moment (voir son livre « Across Wildest Africa »).
La voici !

 

 

 

 

 

 

 

Et quelques années plus tard la mosquée de Djenné sera à nouveau présente dans les publications françaises :
en 1911 le périodique de luxe et de grand format « L’Illustration » en publiera une photo sur une double page.
Voici sa photo avec la légende de l’époque.

  «  Le plus important monument d’art soudanais de

       notre empire africain: la mosquée de Djenné »

 

 

 

 

Voici enfin deux photographies qui proviennent du Centre des archives d’outremer (Aix-en-Provence).
Nous savons qu’elles sont antérieures à 1914.
Elles fournissent deux vues de la mosquée dans les années qui ont suivi sa construction,
dans ses finitions d’époque (voir le minaret central, voir les toron, voir les pinacles) et dans son environnement d’époque :
la mare devant la mosquée n’a pas
encore été comblée ; la densité de l’habitat est beaucoup plus faible qu’aujourd’hui.

 

 

 

 

 

Il incombe aux générations présentes de transmettre à leur descendance des témoignages exacts et complets
ce que qu’ont été les réalisations du passé et les cultures qui les produisaient. Car ce sont les racines des nouvelles générations !
   

 

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