DJENNE PATRIMOINE
Informations
n° 26, printemps 2009
NOUVELLES
DE DJENNE
Moussa
Cisse dit Papa est né en 1950 à Ké-Macina
de Ousmane Baourma et de Salimata
Diarrisso. Il est décédé à Abidjan le 22 mars 2009
d’une insuffisance cardiaque, et il a été inhumé à Djenné le 26 mars 2009. Ses
frères et sœurs avaient décidé de ramener son corps dans cette ville, et plus
d’un millier de personnes ont assisté à son inhumation.
Cette
solidarité fraternelle comme cette affluence compacte d’hommes et de femmes
venus de toutes parts, des villages avoisinants comme d’autres régions du pays
ou de l’étranger, comme encore les messages arrivés de contrées lointaines
constituent le témoignage éloquent des évidentes qualités du frère, de l’ami,
du camarade, du père de famille, du notable, de l’homme politique.
Photo J.Brunet-Jailly
Le 28 janvier 2003, lors de l’inauguration de la
mairie de Djenné
De gauche à droite : le Préfet de Djenné, le Ministre Cheick Oumar Sissoko, le maire Bamoye Traore, et Papa Moussa Cisse
Son
enfance et sa jeunesse ont été marquées par la forte présence d’un père attaché
aux valeurs ancestrales d’honneur, de dignité, de courage, et autres fondements
de la civilisation soudanaise et de la culture peulhe.
Eduqué dans cet environnement socio-culturel, son
caractère est déjà trempé quand il décide, après le DEF, de rejoindre l’IPEG de Diré, où il obtient son
diplôme d’instituteur. Sa personnalité achève de s’affirmer à travers les
premières difficultés de la vie. Ainsi, nommé dans la région de Kayes, l’une
des plus arides et déshéritées du Mali, il est d’abord pendant quelques années
« en brousse » au contact direct des villageois et des dures réalités
maliennes.
Puis,
fort de cette expérience de terrain qui avait renforcé ses capacités
d’organisation et son esprit pratique et entrepreneur, il accepte un poste à
Bamako. Là, pour raison de santé, il sera affecté au poste de billeteur de l’Ecole fondamentale de Badalabougou.
Pendant cette période il s’adonnera, à ses moments perdus, à la photographie,
qu’il pratiquait avec bonheur ; il n’a d’ailleurs jamais cessé de
s’intéresser à cette activité, évoluant vers la photographie d’art, voire la
gravure.
Ensuite
deux évènements majeurs vont peser sur son parcours : des difficultés dans
l’administration scolaire, et la nécessité d’assister son vieux père, qui avait
pris sa retraite quelques années plus tôt à Djenné. Aussi, un conseil de
famille décida de l’affecter à Djenné, réalisant ainsi un rapprochement
unanimement souhaité.
Bien
que contrarié par cette décision, qui compromettait définitivement une activité
photographique à laquelle il était attaché, il eut la sagesse et le courage de
l’accepter. Ce geste n’a jamais été oublié par la famille, il fut évoqué avec
beaucoup d’émotion lorsque le conseil de famille eut à se réunir pour décider
de rapatrier son corps d’Abidjan à Djenné.
Ce
même geste fut, bien évidemment, fort apprécié par notre vieux père, Ousmane Baourma, administrateur chevronné, ancien Conseiller général
du Territoire du Soudan Français, Député à l’Assemblée Nationale du Mali,
notable de Djenné, descendant d’une lignée de chefs militaires et théocratiques
de l’Empire Peul du Macina, et qui lui aussi s’est battu toute sa vie pour le
développement de Djenné.
Photo Evelyne Bertrand
Ce
geste permit donc à Papa Moussa Cisse d’être en
contact direct et permanent, pendant près de trente ans, avec un homme
politique des plus expérimentés, unhomme de grande
culture, un homme nourri des valeurs de la civilisation soudanaise, au cœur
d’une ville bénie, fondée trois siècles avant notre ère, désormais classée
Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO.
Papa
Moussa Ousmane Baourma a donc passé son âge mûr dans
un environnement social, politique et culturel qu’il connaissait parfaitement
et que son intelligence a, en retour, embelli de la passion des bâtisseurs de
la cité. Militant infatigable, il a sillonné sans relâche tous les villages du
cercle de Djenné –et même au-delà– porteur du message de solidarité et de justice
de l’ADEMA-PASJ. Visionnaire perspicace, il avait
atteint la notoriété lorsque ses co-associés, sur demande de la jeune
génération, décidèrent de l’élire comme premier Président de la nouvelle
association DJENNE PATRIMOINE.
Pédagogue
engagé, il n’hésita pas à envoyer son fils –celui qui porte d’ailleurs le
prénom de l’illustre Amadou Hampaté Ba, qui lui-même fut l’intime ami de Ousmane Baourma– à l’école où l’on commence par apprendre les
langues nationales, expérience extrêmement importante pour le développement du
pays.
Il
a eu, en bon père de famille, le souci constant des progrès scolaires de ses
enfants. Aujourd’hui Alphaka, l’aîné, est infirmier à
Bourem en attendant d’« attaquer » l’Ecole
de Médecine et de Pharmacie du Mali ; Ousmane, dit Papou, est dans une
école d’apprentissage ; Ibrahim, dit Agri, est à
Photo J. Brunet-Jailly
Frère
attentionné, courtois et disponible, toujours souriant, il rendait visite
régulièrement à chacun. Et à chaque visite, les petits-enfants de
s’écrier : « Papi (grand’père), Papa
(Moussa) est venu ! Papi, Papa est venu ! »
Ce
n’est pas un hasard si tant de gens ont convergé dans un immense mouvement de
reconnaissance et de solidarité pour accompagner Papa Moussa jusqu’à sa
dernière demeure.
Ce
n’est pas un hasard si les rimaïbe des terres
ancestrales de la famille ont été si nombreux à marcher jusqu’à Djenné en ce 26
mars.
Ce
n’est pas un hasard si les notables de Djenné, les autorités politiques et
administratives de la ville, les grands marabouts, une foule immense de gens
simples et dignes, hommes, femmes et enfants, les délégations professionnelles,
syndicales et familiales, les représentants de l’ADEMLA-PASJ,
ont tenu à apporter leur témoignages et à exprimer leurs bénédictions.
Assurément, cette convergence si imposante a manifesté une certaine dimension
de l’histoire, soucieuse comme de vouloir se répéter.
Faut-il
en effet voir un pur hasard dans le fait que Papa Moussa soit entré dans sa
dernière demeure le 26 mars, jour du souvenir de la révolution du 26 mars
1991 ? Sans doute, mais cette coïncidence nous inspire
une dernière pensée. L’histoire fait les grands hommes comme ils la façonnent
par leur exemple. Et elle est invisible au moment où elle s’inscrit dans
l’avenir de l’homme. Mais elle fleurit bientôt comme la graine de savane. Et
elle germe pour l’éternité.
Mon
frère, mon ami, mon camarade, dors en paix du sommeil des Justes. Papi, Papa,
aucun des enfants n’oubliera ton message !
Cheick Cissé
Hommage
à Papa Moussa Ousmane Cisse
Nous
sommes à Dieu et nous retournons à lui. Dors en paix mon cher frère, que la
miséricorde du Seigneur soit avec nous. Amen !
Ta
disparition laisse un grand vide dans la famille à Djenné et dans les villages
où se trouvent nos parents. Tu leur apportas ton aide avec une générosité sans
borne, ton sourire toujours porteur de promesses étant leur espoir. Tu tissas
si intimement les liens fraternels, familiaux et amicaux qu’ils gémiront
longtemps de ton absence. Tu fus le patriarche à Djenné en dépit de ton jeune
âge.
Comme
ton père, tu pris sur tes épaules la charge des parents, des villageois. Leur
santé, leurs conflits, leurs mariages étaient ta préoccupation. Ils te
béniront, que la terre te soit légère, amen ! Tes multitudes de nièces et
de neveux ne pourront jamais t’oublier. Tu fus plus qu’un père, un oncle, un
ami, un sage compagnon de tous les jours, à toutes les étapes de leur vie. Nous
te remercions et demandons la bénédiction de Dieu et de son Prophète.
Amen ! Ta maison fut un havre de paix pour les étrangers et les talibés,
que Dieu et son Prophète te bénissent.
Nous
parlerons encore de tes conseils et aides que tu nous donnas avec amour. Tu
allais de famille en famille en semant les fleurs de la gratitude et de
l’amitié. Papa, tu fus un merveilleux conseiller conjugal, un bon éducateur, un
parfait psychologue, faisant du monde entier ton ami.
A Kolokani en 1960 dans la résidence où nous fêtons le 14
juillet, je me souviens encore des feux d’artifices : tu es souriant, moi
peureuse. Dans la résidence de Douentza, en 1960, il
y a une vingtaine d’autruches, ensemble nous mangeons de grosses omelettes
d’œufs d’autruche. A Bougouni, nous fêtons le 22
septembre 1962 : la résidence est pleine de fleurs, les peintures
flamboyantes, et toi tu es habillé en kaki, un foulard rouge au cou : tu
es un pionnier et je suis là à t’applaudir.
Photo J. Brunet-Jailly
En
1983, tu nous rejoins à Djenné à côté du père qui commence à souffrir des
maladies de l’âge. Cet homme, notre père, dur comme une pierre, doux come un pétale était chevaleresque à l’excès. Bon
administrateur, vaillant politicien, courageux combattant, il était un pilier
inébranlable pour les faibles et les pauvres. Il nous donna une sévère
éducation qui nous a permis, après avoir vécu dans le luxe opulent des
administrateurs post-coloniaux, de nous adapter à la vie rudimentaire de
Djenné.
Pour
le père, les pionniers doivent apprendre à construire une nouvelle vie, encore
meilleure. Et te voilà donc en train de bâtir une vie meilleure à Djenné
pendant plus de vingt ans. Enseignant, président de Djenné Patrimoine, membre
de l’ADEMA, conseiller du cercle et toujours partisan de toutes les activités
de Djenné. Tu y laissas ton empreinte. La vie n’est qu’une succession de peines
et de plaisir ; elle n’est que passage, mais si nous ne faisons que
passer, cela n’est pas sage.
Mon
Dieu, inscris-le au nombre de ceux qui ont fait le bien. Mon Dieu, trouve dans
sa postérité quelqu’un qui tienne sa place. Pardonne nous, pardonne lui.
Amen !
Anta Ousmane Cissé
Papa Moussa Cisse et la création de DJENNE PATRIMOINE
BG :
Je m’appelle Bamoye Guitteye,
je suis membre de DJENNE PATRIMOINE, et même l’un de ses fondateurs. Lorsque
nous les jeunes, Tapo, moi et Ibrahim Kone, nous avons voulu créer une association à Djenné, nous
nous sommes rendus compte qu’il fallait que nous ayons avec nous des membres de
la génération qui nous précède, pour que l’association soit crédible. Nous
avons pensé à Papa Cisse : fils d’Ousmane Cisse, il avait un nom, et en outre il était très
intelligent. Nous avons donc décidé d’aller le voir pour qu’il nous donne des
idées et pour qu’il nous guide. Lorsque nous l’avons vu, il nous a félicités,
en nous disant qu’il attendait une initiative de ce genre depuis des années,
que notre idée était vraiment bienvenue. Nous nous sommes revus plusieurs fois
et il nous a beaucoup guidés : c’est comme ça que l’association DJENNE
PATRIMOINE a débuté. Nous étions aussi en contact avec Joseph Brunet-Jailly, qui nous a beaucoup aidés de son temps, de
ses moyens, de ses connaissances. Papa Cisse a amené
à l’association Amadou Tahirou Bah et Hama Cisse. Nous sommes fiers d’avoir travaillé avec lui pendant
plus de dix ans, et c’est pourquoi nous voulions lui rendre hommage
publiquement. Paix à son âme !
Papa
Cisse avait plusieurs qualités exceptionnelles :
il était très bien, mais surtout très tolérant. Dans la vie de l’association,
nous avons souvent eu des discussions chaudes, des fâcheries ; mais
c’était Papa Cissé qui, après un moment, venait nous
dire qu’il regrettait. Et il n’était pas rancunier : il oubliait tous les
motifs de désaccord et les mots malheureux qui échappent parfois aux jeunes
dans le feu de la discussion. C’était une de ses grandes qualités. Une autre
est qu’il avait beaucoup d’idées. Une autre est qu’il savait créer des
relations dans des milieux très divers et les mobiliser autour de ses idées.
Paix à son âme !
BK :
Je suis Boubacar Koïta, dit Tapo ; je suis guide et l’un des fondateurs de DJENNE
PATRIMOINE. J’ai connu Papa Cisse comme un frère,
parce que nous avons beaucoup travaillé dans cette association, qui s’est
développée grâce à lui et aux autres enseignants de Djenné dont il a su
s’entourer. Il a contribué à ma formation, parce que lorsque Pauline Duponchel venait à Djenné, Papa Cissé
m’appelait et me demander de lui faire visiter la ville, mais aussi de la
conduire chez Asmane Traore :
c’est comme cela que j’ai commencé à connaître la broderie de Djenné et un des
brodeurs les plus connue de cette ville. Papa Cissé a
su nous pardonner les méchancetés qu’il nous est arrivé de prononcer, il les a
mises sur le compte de notre jeune âge. Je m’associe à tout ce que Bamoye vient de dire. Nous avons perdu une grande
personnalité, tant l’association DJENNE PATRIMOINE que la ville de Djenné. Dans
la vie politique de Djenné aussi, l’ADEMA a perdu un grand type, imaginatif et
dévoué.
BG :
Il nous a souvent dit que lui était d’accord pour tout ce qui permettait de développer
l’association et d’atteindre ses buts. Il nous a guidés dans la compréhension
de ces objectifs d’intérêt collectif dans le domaine culturel. Et il a été
patient avec nous, qui réagissions comme des jeunes, et nous laissions souvent
emporter. Je voudrais aussi ajouter qu’il s’est battu pour les artisans de
Djenné : non seulement les brodeurs, mais aussi les bijoutiers, les
cordonniers, les artisans du bogolan, les artisans du fer, etc. Il a été à
l’origine des premières expositions-ventes que nous
avons organisées à Djenné.
BK :
Tout le monde vous le dira à Djenné : Papa Cisse
s’occupait de tous les problèmes de Djenné, et se battait pour trouver des
solutions. Il était non seulement compétent, mais aussi combattif,
et se mettait au service de chacun, dans la plus grande simplicité. Avec Foourou Cisse, il est l’une de
ces personnalités qui ont vraiment œuvré pour Djenné et pour ses habitants.
BG :
Ce n’est pas un hasard si nous avons choisi de prendre contact avec lui. Nous
connaissions son poids politique à Djenné, et nous le savions intègre. Nous
savions qu’il s’occupait de tous les problèmes dont il avait connaissance à
Djenné, en demandant aux gens de venir le voir : on va discuter, on va se
comprendre ! Nous le savions cultivé et ouvert,
nous savions qu’il était au courant de beaucoup de choses et qu’il avait
beaucoup d’idées. Nous avions aussi qu’il était très sage, sans encore avoir un
grand âge. Dons lorsque l’association a été créée, nous avons pensé qu’il
méritait vraiment d’en être le président. Paix à son âme !
Amadou
T. Bah, conseiller pédagogique au
Centre d’Appui Pédagogique de Djenné : Papa Moussa Cissé,
à qui tout Djénné a rendu un dernier hommage unanime
le 26 mars dernier, était un grand Djennenké, un
homme d'une profonde sensibilité, d'un grand humanisme, toujours à l'écoute des
autres, sans chercher à ce qu'ils soient ses clients. Les exemples ne manquent
pas qui témoignent que cet homme a été tout simplement un homme de bien. Il a
aidé de nombreuses associations, notamment des associations de femmes ou de
jeunes, pour lesquelles il a monté des projets et aidé à la recherche de
financement, quand bien même il savait que ces personnes n’étaient pas du même
bord politique que lui. Il a aidé les Rimaïbés du
village de Ballé (situé à
Guédjoma Dao, conseiller pédagogique
au CAP de Djenné : Papa Moussa Cissé connaissait
Djenné et ses hommes, et il les aimait. Au CAP il était chargé du volet
alphabétisation des adultes et il s'en est acquitté dans la satisfaction d
tous les partenaires. Il était devenu un acteur privilégié du
développement du monde rural. C'était un homme généreux qui osait aller jusqu'à
l'ultime sacrifice en donnant ses derniers sous aux nécessiteux avant la fin du
mois. C'était un homme affectueux.
Baba
Touré, directeur d'école à Djenné :
Papa était homme qui savait ce qu'il voulait, et qui était toujours prêt à
rendre service quoi que cela puisse lui coûter. Papa a aidé mon école à se
connecter à l'internet dans le cadre du cyber-Edu et cela grâce à ses relations. Je garde de lui
l'image d'un homme courtois et avenant qui aimait rendre service aux
autres et cela sans distinction. Paix à son âme !
Sébastien
Diallo, architecte : Chers amis
et membres de DJENNE PATRIMOINE, Chers Frères, En cette douloureuse
circonstance, Louange à Dieu pour ce qu’il fait, je présente à la famille
éplorée CISSE, à vous tous, et à tous les Djénnenkés,
mes condoléances les plus attristées. Homme de foi, Papa CISSE que la terre te
soit légère ! Je te pardonne de tout cœur. Que le Tout Puissant t’accorde
Sa miséricorde et t’accueille parmi Ses élus ! Dors en paix CISSE.
Docteur
Henri Dubois : Je viens d'apprendre que Papa Cissé
nous a quitté, je suis ami de longue date du Mali et admirateur de son
patrimoine architectural et historique, et de Djenné la merveilleuse en
particulier : aussi je m'associe à la peine de tous, et je vous offre mes
condoléances. Oui, que
Samuel Sidibe, directeur du Musée National du
Mali : Triste nouvelle !! Mes
condoléances les plus attristées.
Docteur
Michel Marquis : Bien à
vous : que la terre lui soit légère et que nous soyons tous dignes de
lui et son dévouement pour Djenne !
Françoise
Ribeyrolles-Marcus, de Stockholm : Je tiens à adresser mes profondes condoléances à
la famille de Papa Moussa Cisse. En
reconnaissance de tout son dévouement pour l'Association Djenne
Patrimoine, j'adresse ce jour un soutien économique à l'Association et
assure les Djennenkés et amis de Djenné que mes
pensées les accompagnent.
Lassana Cisse,
chef de
Lazare
Eloundou-Assomo, Centre du Patrimoine Mondial, UNESCO : C’est avec beaucoup de
tristesse que nous apprenons la disparition d’un grand militant du patrimoine mondial, et surtout d’un grand protecteur du patrimoine de Djenné. A tous les membres de
votre association, je voudrais adresser toutes les condoléances du personnel de
l’Unité Afrique du Centre du Patrimoine Mondial. Je vous remercie également de
bien vouloir transmettre les mêmes condoléances attristées à sa famille. Très
cordialement.
Hamidou Magassa, de Bamako : Que le pardon et la miséricorde du Tout Puissant
accompagne Papa Moussa Cissé !
Professeur
Guy Farnarier
(Faculté de Médecine de Marseille) et Madame : c'est avec une immense
tristesse que nous avons appris le décès de Papa Moussa Cissé.
Nous ne nous étions rencontrés qu'à un seul moment: lors des festivités de l'an
2000. Cela est pour nous un grand souvenir. Nous avions pu apprécier les
grandes qualités de Papa Moussa Cissé lors de notre
passage à Djenné, mais nous avons pu nous rendre compte de tout ce qu'il a fait
depuis, car le contact était gardé grâce aux informations envoyées aux membres
de Djenné Patrimoine. C'était un grand homme, son absence est cruelle. Que la
terre lui soit légère !
Docteur
Sarmoye Cisse (OMS, Bamako) : Mes condoléances les plus
attristées. Que la terre lui soit légère et qu’Allah le miséricordieux
l’accueille dans son paradis ! Amen !
Professeur
Doulaye Konate, historien, ancien recteur de l’Université du
Mali : C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris cette
nouvelle de la disparition du Président de votre association et bien entendu je
m'associe à votre peine et vous présente à cette occasion mes
sincères condoléances. Aussi je me joins à vous dans la prière pour
le repos de l'âme de l'illustre disparu. Que la terre lui soit légère et
que Dieu lui accorde son pardon et sa miséricorde. Amen!
Geert
Mommesteeg,
des Pays-Bas : Mes condoléances pour cette perte irréparable !
Mamadou
Diallo Iam,
Ministère de
Balla
Diarra, ISFRA, Bamako : Un adage
bambara nous dit que la mort ne peut vaincre que la chair et les os : elle
ne vaincra jamais le renom. Cela s’applique à la situation que nous vivons avec
la disparition de Papa Cissé. Dors donc en paix Papa
Moussa Cissé ! Puisse Dieu permettre que nous
ayons la force physique, morale et intellectuelle de poursuivre tes belles et
grandes œuvres ! Amen !
Yamoussa Fane, chef de
Ali
Ould Sidi,
chef de
Bénédicte
Wahlin,
architecte à Stockholm : Mesdames Kerstin Nilsson et Anna Rydh, et toute la
famille Wåhlin présentent leurs condoléances à la
famille Cisse et à tous les membres de DJENNE
PATRIMOINE. Souhaitons que cette association continue ses activités pour
rester fidèle à la mémoire du premier Président de cette si utile
association !
Pierre
Maas,
architecte au Pays-Bas : Je voulais simplement présenter mes condoléances
à sa famille et à ses amis.
Denis
Maugenest,
d’Abidjan : je formule des vœux pour que se poursuive l'œuvre
entreprise par Papa Cisse, si précieuse pour que
mémoire se garde d'un passé riche de promesses pour l'avenir !
Philippe
Garnier, CRATerre :
veuillez transmettre nos plus sincères condoléances à la famille de Papa Moussa
Cisse
Jean
Dethier,
architecte, Paris : Je tiens en ces douloureuses circonstances à
vous faire part de mon émoi, de ma profonde sympathie et vous présenter mes
sincères condoléances. Merci cher Amadou Tahirou Bah
d'avoir pris de suite l'affectueuse et respectueuse initiative - au nom de tous
les membres de notre association - d'aller présenter à la famille du
défunt et à ses amis le témoignage de la peine que nous
partageons avec eux et de notre affection vis à vis du grand disparu.
Comme
vous, j'apprécie à sa juste mesure tout ce que Djenné et ceux qui militent
en faveur de la protection durable et de la valorisation de son patrimoine
culturel majeur doivent à Papa Moussa Cissé.
Comme vous, je tiens à rendre hommage à ses qualités de générosité et de
dévouement à une grande cause humaniste, aux initiatives culturelles et
stratégiques qu'il a su formaliser, fédérer ou défendre avec ténacité et
conviction afin que Djenné assume avec ferveur et dignité son statut
de "Patrimoine Mondial de l'Humanité."
Je
suis donc de tout cœur avec vous alors que nous allons, tous et
toutes, constater le vide affectif et opérationnel qu'implique la cruelle
disparition de notre président. Je souhaite que cette douloureuse épreuve -
comme notre bien-aimé disparu l'aurait espéré - soit
l'occasion de reserrer nos liens d'amitié, d'agir
avec plus encore d'ardeur et de motivation en faveur du grand projet culturel
de valorisation de la cité de Djenné qui nous unit cordialement à travers le
Mali, l'Afrique et le monde.
Je
vous souhaite tout le courage nécessaire pour surmonter ces pénibles
circonstances et trouver les énergies indispensables à la poursuite et à
l'amplification de l'œuvre civique de protection et de valorisation de la ville
de Djenné en tant que témoignage majeur de la créativité architecturale et
urbaine des peuples et cultures du Mali.
Jean-Luc
Baillet, directeur du Centre culturel
français de Bamako : Aux membres de l’association DJENNE PATRIMOINE,
recevez toutes mes condoléances pour le décès de Monsieur Cissé
que j’ai connu et apprécié.
La qualité de vos actions futures sera le plus bel hommage à lui rendre !
Les
élections communales du 26 avril traduisent une grande stabilité politique au
Mali : le parti le plus important reste l’ADEMA avec 33 % des voix (en
recul de 1 point de pourcentage par rapport à 2004), suivi de l’URD qui recueille 15 % des voix (en progression de 3,6
points de pourcentage), puis du RPM qui obtient un peu moins de 9 % des voix
(après avoir perdu 6 point de pourcentage). Aucun des autres partis n’a plus de
6 % des voix.
Dans
le cercle de Djenné, l’un des traits marquant de cette élection est le taux de
participation relativement élevé dans les communes rurales : il va de 39 %
dans la commune de Nema Dadenyakafo ou 46 % dans celle
de Ouro Ali, les deux communes où il est le plus
faible, mais il dépasse 50 % dans 8 communes, pour atteindre 67 % dans
celle de Dandougou Fakala.
Pour Djenné-ville, le taux de participation est de
45,7 %
A
la suite de ces élections, dès le 28 avril ont été proclamé élus au conseil
communal les personnalités dont les noms suivent :
Prénoms et Noms |
Date de
naissance |
Profession |
Bamoye Sory Traoré |
1947 |
Enseignant retraité |
Hamadoun Ba |
11/ 08 / 1952 |
Enseignant |
Lalla Maïga |
1956 |
Ménagère |
Mahamane Sao |
03/10/1955 |
A.T. d’Agriculture |
Sarmoye Santara |
1956 |
T. d’Agriculture |
Diaroukou Touré |
1960 |
T. d’Agriculture |
Gouro Cissé |
1955 |
Enseignant |
Lassina Yaro |
1971 |
Commerçant |
Hamma Ba |
1957 |
T.S Eaux et Forêts |
Mamoudou Touré |
1967 |
Enseignant |
Hawa Saba |
18/06/1965 |
Enseignante |
Alassane Bocoum |
26/03/1956 |
Comptable |
Modibo Diallo |
1950 |
Comptable |
Alhabibou Alpha Oumar |
1950 |
Enseignant |
Amadou dit Gouro Bocoum |
26/08/1972 |
Technicien de Bâtiment |
Amadou Cissé |
29/10/1970 |
Infirmier de Santé |
Kadiatou M’Baye |
19 /08/1971 |
Pharmacienne |
Ces élus se répartissent ainsi entre les
partis : ADEMA 5 élus, URD 5 élus, RPM 4 élus, PSP 2 élus, Indépendants 1
élu.
Les
élus se sont réunis le mercredi 27 mai, après des semaines de tractations entre
les partis, pour aboutir au refus par le RPM d’occuper le poste de second
adjoint qui lui avait été proposé par la coalition ADEMA-URD majoritaire dans
ce conseil et soucieuse de composer un bureau d’union . En fin de compte, le
bureau du conseil est ainsi composé :
Maire de Djenné : Monsieur Bamoye
Traore (ADEMA)
1er adjoint : Monsieur Alhabibou Alpha Oumar (URD)
2ème adjoint : Monsieur Amadou dit
Gouro Bocoum (PSP)
3ème adjoint : Madame Sidibe Lalla Maïga
(ADEMA)
Au cours de la même réunion, le conseil communal a
désigné ses deux représentants au conseil de cercle. Il s’agit de :
Monsieur Hamadoun Bah, plus connu comme Amadou Tahirou Bah (ADEMA)
Monsier Alassane Bocoum (URD)
NOUVELLES DU PATRIMOINE DE
DJENNE
Début des
activités du programme de formation des maçons et de construction d’une Maison
du Patrimoine
Dans
le cadre de ce projet, Evelyne Bertrand a séjourné à Djenné de novembre 2008 à
mars 2009 et Olivier Scherrer de mi-janvier à mi-mars, afin de mettre en place
quelques activités importantes parmi lesquelles:
-
un atelier de sensibilisation des élèves de Djenné au patrimoine de leur ville
-
un cours d’alphabétisation axé sur les compétences de vie courante pour un
groupe de maçons volontaires
-
un recensement des artisans d’art de la ville
-
un dossier de photographies des maisons recouvertes de briques cuites, qui ont
été recensées l’an dernier par Olivier Scherrer
-
la constitution de groupes de travail des maçons de la ville pour préparer la
construction de
La sensibilisation des
élèves de Djenné au patrimoine de leur ville
Cette
activité a été prise en charge par Evelyne Bertrand, MM. Papa Cissé et Amadou Tahirou Bah, de
DJENNE PATRIMOINE, et M. Mamadou Samaké de
Photo Evelyne Bertrand
Pour
solliciter la participation des jeunes, il a été décidé de partir d’une série
de questions simples sur ce qu’est le Patrimoine Mondial, sur les motifs de
classement (quel genre de site peut être classé ?), sur les avantages
apportés par le classement, mais également les contraintes qu’il impose, sur le
respect dû aux visiteurs, sur les risques qu’entraînerait un déclassement pour
une ville telle que Djenné, etc … Puis l’échange
serait suivi par la projection d’un diaporama montrant des vues de différentes
villes du monde classées, elles aussi, au Patrimoine Mondial tout comme
Djenné : Paris, Venise, Florence, Tolède, Cordoue, Antigua, Quito, Sanaa,
….
Plusieurs
séances ont eu lieu : le jeudi 29 janvier 2009 à 16 h pour les élèves
concernés de l’école du quartier, de l’école franco-arabe ainsi que des 6e
de l’école de Kanafa ; le vendredi 30 janvier
2009 à 16 h pour les élèves du second cycle de l’école de Kanafa ; le samedi 31 janvier 2009 à 16 h :
pour les 6e A, B, C. de l’école Thiokary.
Pour le second cycle de l’école Vitré-Djenné :
une première séance a eu lieu le jeudi 5 février à 16 h, et une seconde
séance le samedi 7 février 2009 à 16 h.
Cette
activité a touché un très grand nombre d’élèves (de 300 à 500 par séance). Elle
est apparue bien nécessaire, parce qu’il s’est avéré que les enfants ignoraient
à peu près tout de ce qu’est véritablement une ville classée comme Patrimoine
Mondial. Notamment, en ce qui concerne Djenné, selon la plupart d’entre
eux, le patrimoine que viennent voir les étrangers ce ne sont pas les lieux les
plus importants aux yeux des djennenkés, à
savoir la tombe de Tapama ou le puits de Nana Wangara, etc … Les jeunes
ignorent totalement que leur ville est classée essentiellement pour son
architecture traditionnelle en terre crue et pour le style de ses
constructions, ainsi que pour son site archéologique.
Photo Evelyne Bertrand
Ces
interventions ont également permis aux élèves de réfléchir à l’importance que
ce patrimoine peut avoir au niveau économique, comme source de revenu pour les
habitants de la ville, et comme moyen d’obtenir une amélioration des
infrastructures locales. Ce fut l’occasion également de réfléchir à l’attitude
à adopter envers les touristes, qui se plaignent d’être importunés sans cesse par
des gamins qui leur réclament des cadeaux.
Photo Evelyne Bertrand
La
plupart des élèves ont bien participé, mais il faut souligner qu’une traduction
en bambara s’est souvent montrée nécessaire.
Il
est envisagé pour plus tard d’organiser des séances pour les élèves du lycée et
pour ceux du Centre de formation professionnelle Vitré-Djenné,
ainsi qu’une journée de formation sur le Patrimoine pour les enseignants
volontaires. Il faut aussi trouver le moyen de diffuser cette sensibilisation à
toute la population de la ville par le moyen de la radio : des émissions
consacrées à ce thème devraient être assurées prochainement par M. Mamadou Samaké.
L’approfondissement
de cette sensibilisation vis-à-vis du public scolaire prendra la forme d’un
atelier de dessin sur l’architecture de Djenné. Cet atelier serait animé par
Evelyne Bertrand, professeur d’éducation artistique. Il se déroulerait dans les
rues de la ville, et pourrait déboucher sur une exposition des dessins
réalisés : à Djenné même, bien sûr, et peut être également à Bamako.
Les
différents intervenants, lorsqu’ils ont fait le bilan de cette sensibilisation,
l’ont jugée extrêmement positive. Ils ont dégagé les conditions d’une
intervention plus efficace encore l’an prochain : réduire l’effectif des
élèves à chaque séance, quitte à augmenter le nombre des séances, intervention
dans les écoles à l’invitation des directeurs plutôt qu’en dehors,
élargissement de l’auditoire aux autres habitants de la ville, etc…
L’alphabétisation axée sur
les compétences de vie courante au profit d’un groupe de maçons
L’alphabétisation
des maçons de Djenné est apparue comme une condition de l’adaptation de leur
profession aux conditions actuelles de la discussion et de la passation des
marchés. Cette alphabétisation doit être centrée sur les compétences utilisées
dans la vie active. Dans le projet, il est prévu que cette formation s’étale
sur trois ans, et elle pourrait alors être offerte à la plus grande partie des
maçons de la ville.
Photo Evelyne Bertrand
Du
fait de la maladie de Papa Cissé, qui devait prendre
en charge cette activité, c’est à M. Abdoulaye Koïta
qu’elle a été confiée, un professionnel du domaine, résidant à Madiama, à
Les
cours ont eu lieu dans une salle de l’école Thiokary.
Il a été nécessaire d’y installer un éclairage d’appoint, qui cependant demeure
très insuffisant dans une grande partie de la salle, obligeant les stagiaires à
utiliser une lampe de poche pour écrire sur leurs cahiers). Les cours ont eu
lieu du 15 janvier au 31 mai 2009. Une trentaine de maçons les ont suivis
régulièrement. Les séances se sont déroulées –pour l’instant– en langue
bambara ; sera abordée plus tard une initiation à la langue française,
Photo Evelyne Bertrand
celle qui
est utilisée dans les appels d’offre de l’administration malienne et que les
maçons doivent donc connaître.
Les
cours ont lieu de 19 à environ 22 heures, les samedi, dimanche, lundi, mardi et
mercredi soir ; l’animateur ayant négocié avec les stagiaires
l’autorisation de rentrer dans son village pour la foire du jeudi, les cours
ont donc vaqué les jeudi et vendredi soir. Les stagiaires ont commencé à
apprendre à lire, écrire et calculer.
Pour
Evelyne Bertrand cette alphabétisation centrée sur les compétences de
vie courante est véritablement une réussite : les cours sont plutôt bien
suivis, les stagiaires sont motivés et s’accrochent, et ils sont d’autant plus
méritants que les séances ont lieu en soirée après leur journée de travail sur
les chantiers. Les cours se passent de manière détendue et dans la bonne
humeur, l’enseignant commence par exemple toujours par une histoire drôle
destinée à détendre l’atmosphère. Ensuite vient un bon moment d’apprentissage
de la lecture, puis une séance de calcul, le tout toujours en bambara. Pour
éviter que les élèves stagiaires ne demeurent assis pendant trois heures aux tables
exiguës faites pour des écoliers, et non adaptées à des tailles d’adultes, …. et auxquelles il arrive d’ailleurs de
s’écrouler !... l’animateur les sollicite sans arrêt de venir écrire
à tour de rôle au tableau. Et par ailleurs, les stagiaires ne se privent pas de
rentrer et sortir de la salle comme bon leur semble, pour répondre à un appel
téléphonique, prendre l’air, fumer une cigarette, etc
…. Et ce de manière tout à fait naturelle, sans que personne ne s’en
offusque : chacun fait pour lui-même, on le sait, l’effort de
concentration maximum.
Le
plus touchant, au début de la formation était de constater qu’il arrivait
quelquefois, notamment le week-end lorsque la salle de classe n’avait pas été
occupée durant la journée, que les stagiaires, en arrivant pour leur cours,
trouvent encore inscrites au tableau des
Photo Evelyne Bertrand
notes de
leur propre cours de la veille, et qu’ils se dirigent directement vers le
tableau pour les compléter, … heureux de commencer à savoir écrire et calculer
! Ils semblent également avoir beaucoup de plaisir à écrire sur leurs cahiers,
il a fallu très rapidement en fournir un second à chacun. Chaque semaine
a lieu une dictée, qui est notée et qui est destinée à évaluer le niveau des
stagiaires.
Cette
alphabétisation commence même à faire des envieux dans la ville, notamment
auprès d’autres jeunes qui souffrent d’être analphabètes.
Un
test a eu lieu le samedi 30 mai 2009, portant sur la lecture, l’écriture, le
dénombrement (chacune de ces trois épreuves étant notée sur 10) et calcul
(cette épreuve étant notée sur 40, ce qui lui donne un poids considérable). Les
résultats suivants ont été proclamés : le nombre total de points obtenus
va de 14 à 53 (le maximum accessible était de 70) ; 13 des participants
sur 24 ont 40 points ou plus ; les quatorze meilleurs ont reçu une
gratification de fin d’année de 12.500 FCFA, les autres une gratification
limitée à 7.500 FCFA.
A
la fin de cette première étape, le maître d’alphabé-tisation,
Abdoulaye Koita, nous a fait passer le message
suivant : « D'abord je présente mes condoléances à l'association
DJENNE PATRIMOINE, qui en pleine activité, a perdu son président Papa Moussa Cissé. Que son âme se repose en paix! Amen!
« Ensuite,
cette première phase de cours d'alphabétisation s'est très bien passée, dans
des conditions favorables, et l'examen s'est déroulé dans la sérénité et dans
le calme. Je suis satisfait des stagiaires et les félicite de leur
courage, leur assiduité, et le respect dont ils ont fait preuve.
« J'ai
des propositions à faire pour la seconde phase d'alphabétisation :
1)
je suggère qu’on rédige des documents en bamanan sur
l'association DJENNE PATRIMOINE, sur ACROTERRE et sur le Barey
ton;
2)
je suggère qu’on rédige des documents sur la maçonnerie en général;
3)
je suggère qu’on prolonge les cours : au lieu de 4 mois comme cette année,
on peut travailler 5 et même 6 mois, l’expérience de la première année le
prouve ;
4)
je suggère qu’on annonce clairement qu’il n’y a pas de per
diem pour ces cours, mais qu’il y a des prix pour les lauréats ;
cela évitera que certains ne cherchent à perturber les cours.
« Pour
finir je remercie tous les stagiaires et les animateurs du projet, au Mali et
en France. A tous j’exprime ma reconnaissance et ma disponibilité au service de
l'association, du projet, et de la protection du patrimoine. Je vous remercie
tous. » (message traduit de Bamanan
en Français par Boubacar Cissé).
De
même, Ba Lamine Toumagnon,
doyen des stagiaires, a déclaré : « Je suis très content d'avoir
appris l'alphabétisation, car aujourd'hui ça nous a permis de comprendre
beaucoup de choses, à nous qui n’avons pas eu la chance d'aller sur les bancs
de l'école française ; nous souhaitons que la deuxième phase nous trouve
tous en bonne santé et dans la sérénité. Vraiment Abdoulai
a rempli sa tâche, car il n'est pas facile d'enseigner des vieillards de notre
âge. Vraiment nous ne savons pas comment le remercier ! Il n'a pas de
problème, il ne s’énerve pas, nous avons beaucoup appris avec lui. »
Photo Evelyne Bertrand
Le recensement des artisans d’art de la ville de Djenné
Afin
de préparer cette utilisation de
L’artisanat
est une des activités économiques essentielles de la ville : 500 artisans
dont inscrits à la chambre des métiers, alors même que ce nombre ne tient pas
compte des groupes de femmes qui confectionnent les bracelets en perles
rocaille, activité qui est aujourd’hui pratiquée dans le vestibule de
toutes les maisons de la ville.
Ce
recensement a été l’occasion de repérer certaines des difficultés auxquelles se
heurtent les artisans d’art de Djenné : par exemple la difficulté à se
procurer certains matériaux nécessaires à leur activité (par exemple, pour les
brodeurs, le fil de qualité), ou la disparition de l’apprentissage familial
dans certains métiers considérés comme sans avenir… Le recensement a aussi été
l’occasion de photographier le travail en cours chez les artisans visités. Il a
confirmé l’extraordinaire potentiel d’invention créatrice existant à Djenné.
Ces
documents pourront être utilisés pour compléter le diaporama qui est déjà
sur le site internet de DJENNE PATRIMOINE.
Dossier photographique sur
les maisons à façades recouvertes de briques cuites
DJENNE
PATRIMOINE a déjà exprimé la position selon laquelle le recouvrement des
façades en briques cuites est une fausse solution à un vrai problème : une
solution plus coûteuse, plus dangereuse et moins durable qu’on ne le
croît ! En 2000, Olivier Scherrer a recensé les maisons à façades
recouvertes de briques cuites, sur lesquelles quelques informations ont été
notées (en particulier l’année où ce revêtement a été mis en place, et la liste
des façades concernées). Et inventaire devait absolument être complété par des
documents photographiques. C’est ce qu’a fait Evelyne Bertrand en ce début
2009 : 173 photographies de ces maisons ont été prises dans tous les
différents quartiers de la ville (vues d’ensemble et détails des
revêtements).
Ce
travail confirme, au moment où la mode est à Djenné de « recouvrir
entièrement » les maisons de briques cuites, que des fissures apparaissent
rapidement, même sur les maisons récemment revêtues.
Les
groupes de travail des maçons de Djenné sur le projet de Maison du Patrimoine
Au cours d’une réunion du barey
ton » Olivier Scherrer a présenté aux maçons de la ville la manière
dont le projet a été conçu. Ce n’est pas là un « projet cadeau »
parachuté depuis l’étranger, il a été monté depuis le début à Djenné par DJENNE
PATRIMOINE et le barey ton, appuyés par
ACROTERRE et les membres européens de DJENNE PATRIMOINE. Il est géré à Djenné
par un coordonnateur, M. Amadou Tahirou Bah, le
trésorier de DJENNE PATRIMOINE, et par M. Bakaïna Mayentao, un maçon entrepreneur désigné par le barey ton. Pour l’instant, la moitié
seulement du financement a été trouvée : il faut donc cette année, avec
l’argent disponible, respecter un budget et des délais précis, se concerter
pour prendre entre nous les décisions nécessaires, etc.
Ensuite Olivier Scherrer a suggéré que le barey ton constitue trois groupes de travail
pour que les maçons définissent en détail les actions qu’ils vont
entreprendre : un premier groupe sur
Les maçons présents à cette réunion se sont donc
répartis en trois groupes de 52 à 54 personnes, et chaque groupe a désigné ses
six représentants, dont un vieux maçons qui dirigera
le groupe. Les groupes sont constitués de maçons de tous âges, des plus jeunes
stagiaires de l’alphabétisation aux plus âgés (qui ont ainsi à cette occasion
retrouvé une place qu’ils avaient perdue depuis quelques années au sein du barey ton. Le premier bénéfice de cette
activité est donc déjà de solliciter la collaboration de l’ensemble de la
profession.
Puis Olivier a organisé des réunions avec chacun des
représentants des groupes, afin de les conseiller sur la de procéder,
totalement révolutionnaire pour eux. Avec une infinie patience, et d’incroyables
dons pédagogiques, il est parvenu à leur faire comprendre des notions
abstraites bien difficiles à acquérir pour eux, qui ont l’habitude de
fonctionner de manière totalement empirique. Par exemple il a fallu
beaucoup de temps pour faire comprendre aux maçons l’importance de
« classifier » les différents problèmes qu’ils avaient recensés, mais
Olivier y est parvenu en recourant à l’exemple d’objets que l’on range dans des
boîtes en fonction de leur destination. De la même manière il ne fut pas simple
de leur faire découvrir par eux-mêmes comment organiser un chantier de grande
ampleur, comparé à la taille des maisons qu’ils ont coutume de construire. Il a
fallu également leur montrer comment s’y prendre pour estimer les quantités de
matériaux nécessaires pour construire, que ce soit en « djenné ferey » ou en
« toubabou ferey », afin de pouvoir
établir un coût comparatif entre les deux modes de construction. Etc, etc ….. Si les maçons
parviennent à poursuivre seuls à l’avenir ce mode de fonctionnement en
échangeant entre eux, ils auront franchi un très grand pas.
Après le départ d’Olivier, M. Boubacar Cissé, un jeune professeur au collège de Djenné, a été
chargé de suivre les réflexions de ces différents groupes de travail, et d’en
transmettre les conclusions aux responsables du projet sous formes de compte
rendus par mails.
Activités de
Du 28 au 30 novembre 2008,
En
février-mars 2009,
Du
14 au 16 avril
Les
travaux entrepris par le Réseau Aga Khan sur la mosquée de Djenné sont entrés
en 2009 dans une phase active. Sous la conduite d’architectes de divers pays
(France, Egypte, Cameroun, Italie, Algérie…) qui semblent se relayer sur ce
projet, et d’Ibrahim Toumagnon, maçon de la famille
du chef traditionnel de Djenné, une quinzaine de maçons de Djenné, aidés chacun
par deux manœuvres (plus les manœuvres employés pour mélanger, transporter,
hisser les matériaux…) travaillent sans discontinuer.
Leur
première tâche a été de remettre en état de toit-terrasse
de la mosquée, qui supportait une couche de banco épaisse en certains endroits
de plus de
Photo J. Brunet-Jailly
La couleur très
claire du banco de Sakoumbo apparaît nettement sur
les pinacles récemment recrépis
En
même temps, les maçons ont commencé à recrépir les pinacles et acrotères de la
mosquée. Ils ont pour cela créé des bassins protégés du soleil pour préparer le
banco, ils sont fait venir du banco de Sakoumbo (près
du site archéologique), ils ont soigneusement tamisé ce banco, qui est de
couleur très claire, et ils l’ont mélangé avec de la balle de riz. Le résultat
est un crépi très clair, très lumineux, qui modifie sensiblement l’image
qu’avait la mosquée de Djenné depuis sa création d’après les documents dont
nous disposons. Aucun additif n’a été utilisé, semble-t-il, contrairement à ce
qu’on dit dans la ville. Aucune décision n’a semble-t-il été prise quant à
l’adoption de ce type de crépi pour l’ensemble du bâtiment. Cette année, la
mosquée sera recrépie de la même façon que les années passées : ceci sera
fait le jeudi 4 juin.
Il
est prévu que le chantier ne sera pas interrompu pendant la saison des
pluies. L’effectif des maçons pourrait être réduit à 10, et le travail portera
sur les enduits de l’intérieur de la mosquée, après que les fils électriques
aient été encastrés dans les murs.
NOUVELLES DE DJENNE PATRIMOINE
Une délégation du Rotary Club de Dijon visite Djenné :
Evelyne
Bertrand a noué des contacts avec le Rotary Club de Dijon, pour lui faire
connaître le programme d’alphabétisation fonctionnelle et de formation
professionnelle des maçons de Djenné. Début décembre, une délégation de ce
club, envisite au Mali, a rencontré à Djenné Evelyne
Bertrand, Papa Cissé et Amadou Tahirou
Bah. Le lendemain, les mêmes personnes ont rencontré le Rotary Club de Mopti.
Evelyne Bertrand et Papa Cissé ont remis à cette
délégation une estimation du coût du programme d’alphabétisation, pour le
dossier qu’elle rapportera au Rotary Club de Dijon, qui envisageait de
constituer un dossier pour le Rotary Club International.
Voir les résultats complets (nationaux et par région) publiés par le Ministère de l’administration territoriale et repris dans la presse, par exemple dans Le Républicain du 8 mai 2009, p. 6-8 Retour au texte