DJENNE PATRIMOINE

Informations

 

n° 26, printemps 2009

 

 

 

 

 

NOUVELLES DE DJENNE

 

Hommage à Papa Moussa Cisse

 

Moussa Cisse dit Papa est né en 1950 à Ké-Macina de Ousmane Baourma et de Salimata Diarrisso. Il est décédé à Abidjan le 22 mars 2009 d’une insuffisance cardiaque, et il a été inhumé à Djenné le 26 mars 2009. Ses frères et sœurs avaient décidé de ramener son corps dans cette ville, et plus d’un millier de personnes ont assisté à son inhumation.

 

Cette solidarité fraternelle comme cette affluence compacte d’hommes et de femmes venus de toutes parts, des villages avoisinants comme d’autres régions du pays ou de l’étranger, comme encore les messages arrivés de contrées lointaines constituent le témoignage éloquent des évidentes qualités du frère, de l’ami, du camarade, du père de famille, du notable, de l’homme politique.

 

 

 Photo J.Brunet-Jailly

 

Le 28 janvier 2003, lors de l’inauguration de la mairie de Djenné

De gauche à droite : le Préfet de Djenné, le Ministre Cheick Oumar Sissoko, le maire Bamoye Traore, et Papa Moussa Cisse

 

Son enfance et sa jeunesse ont été marquées par la forte présence d’un père attaché aux valeurs ancestrales d’honneur, de dignité, de courage, et autres fondements de la civilisation soudanaise et de la culture peulhe. Eduqué dans cet environnement socio-culturel, son caractère est déjà trempé quand il décide, après le DEF, de rejoindre l’IPEG de Diré, où il obtient son diplôme d’instituteur. Sa personnalité achève de s’affirmer à  travers les premières difficultés de la vie. Ainsi, nommé dans la région de Kayes, l’une des plus arides et déshéritées du Mali, il est d’abord pendant quelques années « en brousse » au contact direct des villageois et des dures réalités maliennes.

 

Puis, fort de cette expérience de terrain qui avait renforcé ses capacités d’organisation et son esprit pratique et entrepreneur, il accepte un poste à Bamako. Là, pour raison de santé, il sera affecté au poste de billeteur de l’Ecole fondamentale de Badalabougou. Pendant cette période il s’adonnera, à ses moments perdus, à la photographie, qu’il pratiquait avec bonheur ; il n’a d’ailleurs jamais cessé de s’intéresser à cette activité, évoluant vers la photographie d’art, voire la gravure.

 

Ensuite deux évènements majeurs vont peser sur son parcours : des difficultés dans l’administration scolaire, et la nécessité d’assister son vieux père, qui avait pris sa retraite quelques années plus tôt à Djenné. Aussi, un conseil de famille décida de l’affecter à Djenné, réalisant ainsi un rapprochement unanimement souhaité.

 

Bien que contrarié par cette décision, qui compromettait définitivement une activité photographique à laquelle il était attaché, il eut la sagesse et le courage de l’accepter. Ce geste n’a jamais été oublié par la famille, il fut évoqué avec beaucoup d’émotion lorsque le conseil de famille eut à se réunir pour décider de rapatrier son corps d’Abidjan à Djenné.

 

Ce même geste fut, bien évidemment, fort apprécié par notre vieux père, Ousmane Baourma, administrateur chevronné, ancien Conseiller général du Territoire du Soudan Français, Député à l’Assemblée Nationale du Mali, notable de Djenné, descendant d’une lignée de chefs militaires et théocratiques de l’Empire Peul du Macina, et qui lui aussi s’est battu toute sa vie pour le développement de Djenné.

 

Photo Evelyne Bertrand


 

Ce geste permit donc à Papa Moussa Cisse d’être en contact direct et permanent, pendant près de trente ans, avec un homme politique des plus expérimentés, unhomme de grande culture, un homme nourri des valeurs de la civilisation soudanaise, au cœur d’une ville bénie, fondée trois siècles avant notre ère, désormais classée Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO.

 

Papa Moussa Ousmane Baourma a donc passé son âge mûr dans un environnement social, politique et culturel qu’il connaissait parfaitement et que son intelligence a, en retour, embelli de la passion des bâtisseurs de la cité. Militant infatigable, il a sillonné sans relâche tous les villages du cercle de Djenné –et même au-delà– porteur du message de solidarité et de justice de l’ADEMA-PASJ. Visionnaire perspicace, il avait atteint la notoriété lorsque ses co-associés, sur demande de la jeune génération, décidèrent de l’élire comme premier Président de la nouvelle association DJENNE PATRIMOINE.

 

Pédagogue engagé, il n’hésita pas à envoyer son fils –celui qui porte d’ailleurs le prénom de l’illustre Amadou Hampaté Ba, qui lui-même fut l’intime ami de Ousmane Baourma– à l’école où l’on commence par apprendre les langues nationales, expérience extrêmement importante pour le développement du pays.

 

Il a eu, en bon père de famille, le souci constant des progrès scolaires de ses enfants. Aujourd’hui Alphaka, l’aîné, est infirmier à Bourem en attendant d’« attaquer » l’Ecole de Médecine et de Pharmacie du Mali ; Ousmane, dit Papou, est dans une école d’apprentissage ; Ibrahim, dit Agri, est à la Faculté de droit, comme sa sœur Aïssata dite Coumba ; et Salimata, dite Saly, après avoir fait l’IUG, est en stage à la BCEAO (Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest) ; Hampaté Bah et Sékou poursuivent leurs études à l’école fondamentale de Djenné.

 

Photo J. Brunet-Jailly

 

 

 

Frère attentionné, courtois et disponible, toujours souriant, il rendait visite régulièrement à chacun. Et à chaque visite, les petits-enfants de s’écrier : « Papi (grand’père), Papa (Moussa) est venu ! Papi, Papa est venu ! »

 

Ce n’est pas un hasard si tant de gens ont convergé dans un immense mouvement de reconnaissance et de solidarité pour accompagner Papa Moussa jusqu’à sa dernière demeure.

 

Ce n’est pas un hasard si les rimaïbe des terres ancestrales de la famille ont été si nombreux à marcher jusqu’à Djenné en ce 26 mars.

 

Ce n’est pas un hasard si les notables de Djenné, les autorités politiques et administratives de la ville, les grands marabouts, une foule immense de gens simples et dignes, hommes, femmes et enfants, les délégations professionnelles, syndicales et familiales, les représentants de l’ADEMLA-PASJ, ont tenu à apporter leur témoignages et à exprimer leurs bénédictions. Assurément, cette convergence si imposante a manifesté une certaine dimension de l’histoire, soucieuse comme de vouloir se répéter.

                                                                             

Faut-il en effet voir un pur hasard dans le fait que Papa Moussa soit entré dans sa dernière demeure le 26 mars, jour du souvenir de la révolution du 26 mars 1991 ? Sans doute, mais cette coïncidence nous inspire une dernière pensée. L’histoire fait les grands hommes comme ils la façonnent par leur exemple. Et elle est invisible au moment où elle s’inscrit dans l’avenir de l’homme. Mais elle fleurit bientôt comme la graine de savane. Et elle germe pour l’éternité.

 

Mon frère, mon ami, mon camarade, dors en paix du sommeil des Justes. Papi, Papa, aucun des enfants n’oubliera ton message !

 

Cheick Cissé

 

 

 

 

Hommage à Papa Moussa Ousmane Cisse

 

Nous sommes à Dieu et nous retournons à lui. Dors en paix mon cher frère, que la miséricorde du Seigneur soit avec nous. Amen !

 

Ta disparition laisse un grand vide dans la famille à Djenné et dans les villages où se trouvent nos parents. Tu leur apportas ton aide avec une générosité sans borne, ton sourire toujours porteur de promesses étant leur espoir. Tu tissas si intimement les liens fraternels, familiaux et amicaux qu’ils gémiront longtemps de ton absence. Tu fus le patriarche à Djenné en dépit de ton jeune âge.

 

Comme ton père, tu pris sur tes épaules la charge des parents, des villageois. Leur santé, leurs conflits, leurs mariages étaient ta préoccupation. Ils te béniront, que la terre te soit légère, amen ! Tes multitudes de nièces et de neveux ne pourront jamais t’oublier. Tu fus plus qu’un père, un oncle, un ami, un sage compagnon de tous les jours, à toutes les étapes de leur vie. Nous te remercions et demandons la bénédiction de Dieu et de son Prophète. Amen ! Ta maison fut un havre de paix pour les étrangers et les talibés, que Dieu et son Prophète te bénissent.

 

Nous parlerons encore de tes conseils et aides que tu nous donnas avec amour. Tu allais de famille en famille en semant les fleurs de la gratitude et de l’amitié. Papa, tu fus un merveilleux conseiller conjugal, un bon éducateur, un parfait psychologue, faisant du monde entier ton ami.

 

A Kolokani en 1960 dans la résidence où nous fêtons le 14 juillet, je me souviens encore des feux d’artifices : tu es souriant, moi peureuse. Dans la résidence de Douentza, en 1960, il y a une vingtaine d’autruches, ensemble nous mangeons de grosses omelettes d’œufs d’autruche. A Bougouni, nous fêtons le 22 septembre 1962 : la résidence est pleine de fleurs, les peintures flamboyantes, et toi tu es habillé en kaki, un foulard rouge au cou : tu es un pionnier et je suis là à t’applaudir.

 

 

Photo J. Brunet-Jailly

 

En 1983, tu nous rejoins à Djenné à côté du père qui commence à souffrir des maladies de l’âge. Cet homme, notre père, dur comme une pierre, doux come un pétale était chevaleresque à l’excès. Bon administrateur, vaillant politicien, courageux combattant, il était un pilier inébranlable pour les faibles et les pauvres. Il nous donna une sévère éducation qui nous a permis, après avoir vécu dans le luxe opulent des administrateurs post-coloniaux, de nous adapter à la vie rudimentaire de Djenné.

 

Pour le père, les pionniers doivent apprendre à construire une nouvelle vie, encore meilleure. Et te voilà donc en train de bâtir une vie meilleure à Djenné pendant plus de vingt ans. Enseignant, président de Djenné Patrimoine, membre de l’ADEMA, conseiller du cercle et toujours partisan de toutes les activités de Djenné. Tu y laissas ton empreinte. La vie n’est qu’une succession de peines et de plaisir ; elle n’est que passage, mais si nous ne faisons que passer, cela n’est pas sage.

 

Mon Dieu, inscris-le au nombre de ceux qui ont fait le bien. Mon Dieu, trouve dans sa postérité quelqu’un qui tienne sa place. Pardonne  nous, pardonne lui. Amen !

 

Anta Ousmane Cissé

 

 

 

Papa Moussa Cisse et la création de DJENNE PATRIMOINE

 

BG : Je m’appelle Bamoye Guitteye, je suis membre de DJENNE PATRIMOINE, et même l’un de ses fondateurs. Lorsque nous les jeunes, Tapo, moi et Ibrahim Kone, nous avons voulu créer une association à Djenné, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait que nous ayons avec nous des membres de la génération qui nous précède, pour que l’association soit crédible. Nous avons pensé à Papa Cisse : fils d’Ousmane Cisse,  il avait un nom, et en outre il était très intelligent. Nous avons donc décidé d’aller le voir pour qu’il nous donne des idées et pour qu’il nous guide. Lorsque nous l’avons vu, il nous a félicités, en nous disant qu’il attendait une initiative de ce genre depuis des années, que notre idée était vraiment bienvenue. Nous nous sommes revus plusieurs fois et il nous a beaucoup guidés : c’est comme ça que l’association DJENNE PATRIMOINE a débuté. Nous étions aussi en contact avec Joseph Brunet-Jailly, qui nous a beaucoup aidés de son temps, de ses moyens, de ses connaissances. Papa Cisse a amené à l’association Amadou Tahirou Bah et Hama Cisse. Nous sommes fiers d’avoir travaillé avec lui pendant plus de dix ans, et c’est pourquoi nous voulions lui rendre hommage publiquement. Paix à son âme !

 

Papa Cisse avait plusieurs qualités exceptionnelles : il était très bien, mais surtout très tolérant. Dans la vie de l’association, nous avons souvent eu des discussions chaudes, des fâcheries ; mais c’était Papa Cissé qui, après un moment, venait nous dire qu’il regrettait. Et il n’était pas rancunier : il oubliait tous les motifs de désaccord et les mots malheureux qui échappent parfois aux jeunes dans le feu de la discussion. C’était une de ses grandes qualités. Une autre est qu’il avait beaucoup d’idées. Une autre est qu’il savait créer des relations dans des milieux très divers et les mobiliser autour de ses idées. Paix à son âme !

 

BK : Je suis Boubacar Koïta, dit Tapo ; je suis guide et l’un des fondateurs de DJENNE PATRIMOINE. J’ai connu Papa Cisse comme un frère, parce que nous avons beaucoup travaillé dans cette association, qui s’est développée grâce à lui et aux autres enseignants de Djenné dont il a su s’entourer. Il a contribué à ma formation, parce que lorsque Pauline Duponchel venait à Djenné, Papa Cissé m’appelait et me demander de lui faire visiter la ville, mais aussi de la conduire chez Asmane Traore : c’est comme cela que j’ai commencé à connaître la broderie de Djenné et un des brodeurs les plus connue de cette ville. Papa Cissé a su nous pardonner les méchancetés qu’il nous est arrivé de prononcer, il les a mises sur le compte de notre jeune âge. Je m’associe à tout ce que Bamoye vient de dire. Nous avons perdu une grande personnalité, tant l’association DJENNE PATRIMOINE que la ville de Djenné. Dans la vie politique de Djenné aussi, l’ADEMA a perdu un grand type, imaginatif et dévoué.

 

BG : Il nous a souvent dit que lui était d’accord pour tout ce qui permettait de développer l’association et d’atteindre ses buts. Il nous a guidés dans la compréhension de ces objectifs d’intérêt collectif dans le domaine culturel. Et il a été patient avec nous, qui réagissions comme des jeunes, et nous laissions souvent emporter. Je voudrais aussi ajouter qu’il s’est battu pour les artisans de Djenné : non seulement les brodeurs, mais aussi les bijoutiers, les cordonniers, les artisans du bogolan, les artisans du fer, etc. Il a été à l’origine des premières expositions-ventes que nous avons organisées à Djenné.

 

BK : Tout le monde vous le dira à Djenné : Papa Cisse s’occupait de tous les problèmes de Djenné, et se battait pour trouver des solutions. Il était non seulement compétent, mais aussi combattif, et se mettait au service de chacun, dans la plus grande simplicité. Avec Foourou Cisse, il est l’une de ces personnalités qui ont vraiment œuvré pour Djenné et pour ses habitants.

 

BG : Ce n’est pas un hasard si nous avons choisi de prendre contact avec lui. Nous connaissions son poids politique à Djenné, et nous le savions intègre. Nous savions qu’il s’occupait de tous les problèmes dont il avait connaissance à Djenné, en demandant aux gens de venir le voir : on va discuter, on va se comprendre ! Nous le savions cultivé et ouvert, nous savions qu’il était au courant de beaucoup de choses et qu’il avait beaucoup d’idées. Nous avions aussi qu’il était très sage, sans encore avoir un grand âge. Dons lorsque l’association a été créée, nous avons pensé qu’il méritait vraiment d’en être le président. Paix à son âme !

 

 

 

Témoignages

 

Amadou T. Bah, conseiller pédagogique au Centre d’Appui Pédagogique de Djenné : Papa Moussa Cissé, à qui tout Djénné a rendu un dernier hommage unanime le 26 mars dernier, était un grand Djennenké, un homme d'une profonde sensibilité, d'un grand humanisme, toujours à l'écoute des autres, sans chercher à ce qu'ils soient ses clients. Les exemples ne manquent pas qui témoignent que cet homme a été tout simplement un homme de bien. Il a aidé de nombreuses associations, notamment des associations de femmes ou de jeunes, pour lesquelles il a monté des projets et aidé à la recherche de financement, quand bien même il savait que ces personnes n’étaient pas du même bord politique que lui. Il a aidé les Rimaïbés du village de Ballé (situé à 7 km de Djenné) pour le montage de leur projet de riziculture et la recherche de son financement, grâce à ses relations ; il était aussi au cœur du projet rizicole de Niala, un autre village rimaïbé à trois km de Djenné. En plus de ces qualités, l'homme était un politicien au commerce agréable ; il s'entendait avec tout monde, c'était l'homme du consensus; il fut premier conseiller au conseil du cercle de Djenné de 1999 à 2004. Papa Cissé était aussi l'homme des ONG, avec lesquelles il a travaillé notamment dans le cadre de l'alphabétisation des adultes. Djenné a perdu un sage, un promoteur-clef de développement et d'émancipation. Dors en paix cher ami, que la terre te soit légère ! Amen !

 

Guédjoma Dao, conseiller pédagogique au CAP de Djenné : Papa Moussa Cissé connaissait Djenné et ses hommes, et il les aimait. Au CAP il était chargé du volet alphabétisation des adultes et il s'en est acquitté dans la satisfaction d tous les partenaires. Il était devenu un acteur privilégié du développement du monde rural. C'était un homme généreux qui osait aller jusqu'à l'ultime sacrifice en donnant ses derniers sous aux nécessiteux avant la fin du mois. C'était un homme affectueux.

 

Baba Touré, directeur d'école à Djenné : Papa était homme qui savait ce qu'il voulait, et qui était toujours prêt à rendre service quoi que cela puisse lui coûter. Papa a aidé mon école à se connecter à l'internet dans le cadre du cyber-Edu et cela grâce à ses relations. Je garde de lui l'image d'un homme courtois et avenant qui aimait rendre service aux autres et cela sans distinction. Paix à son âme !

 

Sébastien Diallo, architecte : Chers amis et membres de DJENNE PATRIMOINE, Chers Frères, En cette douloureuse circonstance, Louange à Dieu pour ce qu’il fait, je présente à la famille éplorée CISSE,  à vous tous, et à tous les Djénnenkés, mes condoléances les plus attristées. Homme de foi, Papa CISSE que la terre te soit légère ! Je te pardonne de tout cœur. Que le Tout Puissant t’accorde Sa miséricorde et t’accueille parmi Ses élus ! Dors en paix CISSE.

 

Docteur Henri Dubois : Je viens d'apprendre que Papa Cissé nous a quitté, je suis ami de longue date du Mali et admirateur de son patrimoine architectural et historique, et de Djenné la merveilleuse en particulier : aussi je m'associe à la peine de tous, et je vous offre mes condoléances. Oui, que la Terre lui soit légère, et que son esprit continue à habiter ce qu'il a initié.

 

Samuel Sidibe, directeur du Musée National du Mali : Triste nouvelle !! Mes condoléances les plus attristées.

 

Docteur Michel Marquis : Bien à vous : que la terre lui soit légère et que nous soyons tous dignes de lui et son dévouement  pour Djenne !

 

Françoise Ribeyrolles-Marcus, de Stockholm : Je tiens à adresser mes profondes condoléances à la famille de Papa Moussa Cisse. En reconnaissance de tout son dévouement pour l'Association Djenne Patrimoine, j'adresse ce jour un soutien économique à l'Association et assure les Djennenkés et amis de Djenné que mes pensées les accompagnent.

 

Lassana Cisse, chef de la Mission culturelle de Bandiagara : C'est avec une profonde tristesse que j'ai appris la mort brutale de notre frère Papa Moussa Cissé, militant convaincu de la défense du patrimoine culturel au Mali et de celui de Djenné en particulier. Je suis particulièrement affligé parce que c'est tout proche d'une grande victoire que sa mort survint. Je m'incline donc pieusement devant sa mémoire et demande à tout un chacun d'honorer cette mémoire en poursuivant, dans l'unité et la différence des méthodes d'intervention, le combat dans lequel il s'est volontairement engagé avec nous autres. La lutte doit continuer parce que je crois fermement que nous n'avons pas d'autre voie que celle du sacrifice que Papa a voulu bien emprunter. Ainsi va la vie ! Paix à son âme !

 

Lazare Eloundou-Assomo, Centre du Patrimoine Mondial, UNESCO : C’est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons la disparition  dun grand militant du patrimoine mondial, et surtout dun grand protecteur du patrimoine de Djenné. A tous les membres de votre association, je voudrais adresser toutes les condoléances du personnel de l’Unité Afrique du Centre du Patrimoine Mondial. Je vous remercie également de bien vouloir transmettre les mêmes condoléances attristées à sa famille. Très cordialement.

 

Hamidou Magassa, de Bamako : Que le pardon et la miséricorde du Tout Puissant accompagne Papa Moussa Cissé !

 

Professeur Guy Farnarier (Faculté de Médecine de Marseille) et Madame : c'est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Papa Moussa Cissé. Nous ne nous étions rencontrés qu'à un seul moment: lors des festivités de l'an 2000. Cela est pour nous un grand souvenir. Nous avions pu apprécier les grandes qualités de Papa Moussa Cissé lors de notre passage à Djenné, mais nous avons pu nous rendre compte de tout ce qu'il a fait depuis, car le contact était gardé grâce aux informations envoyées aux membres de Djenné Patrimoine. C'était un grand homme, son absence est cruelle. Que la terre lui soit légère !

 

Docteur Sarmoye Cisse (OMS, Bamako) : Mes condoléances les plus attristées. Que la terre lui soit légère et qu’Allah le miséricordieux l’accueille dans son paradis ! Amen !

 

Professeur Doulaye Konate, historien, ancien recteur de l’Université du Mali : C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris cette nouvelle de la disparition du Président de votre association et bien entendu je m'associe à votre peine et vous présente à cette occasion mes sincères condoléances. Aussi je me joins à vous dans la prière pour le repos de l'âme de l'illustre disparu. Que la terre lui soit légère et que Dieu lui accorde son pardon et sa miséricorde. Amen!

 

Geert Mommesteeg, des Pays-Bas : Mes condoléances pour cette perte irréparable !

 

Mamadou Diallo Iam, Ministère de la Communication et des Nouvelles Technologies : Veuillez présenter mes condoléances les plus sincères à sa famille, à l'Association Djenné Patrimoine et à ses collègues. Qu'Allah le Tout Puissant, lui accorde son pardon ! Amen.

 

Balla Diarra, ISFRA, Bamako : Un adage bambara nous dit que la mort ne peut vaincre que la chair et les os : elle ne vaincra jamais le renom. Cela s’applique à la situation que nous vivons avec la disparition de Papa Cissé. Dors donc en paix Papa Moussa Cissé ! Puisse Dieu permettre que nous ayons la force physique, morale et intellectuelle de poursuivre tes belles et grandes œuvres ! Amen !

 

Yamoussa Fane, chef de la Mission Culturelle de Djenné : La culture malienne en général et le patrimoine culturel en particulier viennent de perdre un grand soutien, un passionné, un homme pétri de qualité. Il fut pour moi un ami, un collaborateur. Les mots me manquent pour décrire les qualités intrinsèques de l'homme. Dors en paix, que le Tout Puissant Miséricordieux t'accueille dans son paradis ! Amen !

 

Ali Ould Sidi, chef de la Mission Culturelle de Tombouctou : A tous les membres de DJENNE PATRIMOINE, à sa famille et à la population de Djenné, mes condoléances attristées ! Mon ami, dors en paix et que ton âme repose au paradis !

 

Bénédicte Wahlin, architecte à Stockholm : Mesdames Kerstin Nilsson et Anna Rydh, et toute la famille Wåhlin présentent leurs condoléances à la famille Cisse et à tous les membres de DJENNE PATRIMOINE. Souhaitons que cette association  continue ses activités pour rester fidèle à la mémoire du premier Président de cette si utile association !

 

Pierre Maas, architecte au Pays-Bas : Je voulais simplement présenter mes condoléances à sa famille et à ses amis.

 

Denis Maugenest, d’Abidjan : je formule des vœux  pour que se poursuive l'œuvre  entreprise par Papa Cisse, si précieuse pour que mémoire se garde d'un passé riche de promesses pour l'avenir !

 

Philippe Garnier, CRATerre : veuillez transmettre nos plus sincères condoléances à la famille de Papa Moussa Cisse

 

Jean Dethier, architecte, Paris : Je tiens en ces  douloureuses circonstances à vous faire part de mon émoi, de ma profonde sympathie et vous présenter mes sincères condoléances. Merci cher Amadou Tahirou Bah d'avoir pris de suite l'affectueuse et respectueuse initiative - au nom de tous les membres de notre association - d'aller présenter à la famille du défunt et à ses amis le témoignage de la peine que nous partageons  avec eux et de notre affection vis à vis du grand disparu.

 

Comme vous, j'apprécie à sa juste mesure tout ce que  Djenné et ceux qui militent en faveur de la protection durable et de la valorisation de son patrimoine culturel majeur  doivent à Papa Moussa Cissé. Comme vous, je tiens à rendre hommage à ses qualités de générosité et de dévouement à une grande cause humaniste, aux initiatives culturelles et stratégiques qu'il a su formaliser, fédérer ou défendre avec ténacité et conviction afin que Djenné assume  avec ferveur et dignité son statut de "Patrimoine Mondial de l'Humanité."

 

Je suis donc de tout cœur avec vous alors que nous allons, tous et toutes, constater le vide affectif et opérationnel qu'implique la cruelle disparition de notre président. Je souhaite que cette douloureuse épreuve - comme notre bien-aimé disparu l'aurait  espéré - soit l'occasion de reserrer nos liens d'amitié, d'agir avec plus encore d'ardeur et de motivation en faveur du grand projet culturel de valorisation de la cité de Djenné qui nous unit cordialement à travers le Mali, l'Afrique et le monde.

 

Je vous souhaite tout le courage nécessaire pour surmonter ces pénibles circonstances et trouver les énergies indispensables à la poursuite et à l'amplification de l'œuvre civique de protection et de valorisation de la ville de Djenné en tant que témoignage majeur de la créativité architecturale et urbaine des peuples et cultures du Mali.

 

Jean-Luc Baillet, directeur du Centre culturel français de Bamako : Aux membres de l’association DJENNE PATRIMOINE, recevez toutes mes condoléances pour le décès de Monsieur Cissé que j’ai connu et apprécié.
La qualité de vos actions futures sera le plus bel hommage à lui rendre !

 

 

Elections municipales

 

Les élections communales du 26 avril traduisent une grande stabilité politique au Mali : le parti le plus important reste l’ADEMA avec 33 % des voix (en recul de 1 point de pourcentage par  rapport à 2004), suivi de l’URD qui recueille 15 % des voix (en progression de 3,6 points de pourcentage), puis du RPM qui obtient un peu moins de 9 % des voix (après avoir perdu 6 point de pourcentage). Aucun des autres partis n’a plus de 6 % des voix.

 

Dans le cercle de Djenné, l’un des traits marquant de cette élection est le taux de participation relativement élevé dans les communes rurales : il va de 39 % dans la commune de Nema Dadenyakafo ou 46 % dans celle de Ouro Ali, les deux communes où il est le plus faible, mais il dépasse 50 % dans 8 communes, pour atteindre  67 % dans celle de Dandougou Fakala. Pour Djenné-ville, le taux de participation est de 45,7 %

 

A la suite de ces élections, dès le 28 avril ont été proclamé élus au conseil communal les personnalités dont les noms suivent :

 

 

Prénoms et Noms

Date de naissance

Profession

Bamoye Sory  Traoré

1947

Enseignant retraité

Hamadoun Ba

11/ 08 / 1952

Enseignant

Lalla Maïga

1956

Ménagère

Mahamane Sao

03/10/1955

A.T. d’Agriculture

Sarmoye Santara

1956

T. d’Agriculture

Diaroukou Touré

1960

T. d’Agriculture

Gouro Cissé

1955

Enseignant

Lassina Yaro

1971

Commerçant

Hamma Ba

1957

T.S Eaux et Forêts

Mamoudou Touré

1967

Enseignant

Hawa Saba

18/06/1965

Enseignante

Alassane Bocoum

26/03/1956

Comptable

Modibo Diallo

1950

Comptable

Alhabibou Alpha Oumar

1950

Enseignant

Amadou dit Gouro Bocoum

26/08/1972

Technicien de Bâtiment

Amadou Cissé

29/10/1970

Infirmier de Santé

Kadiatou M’Baye

19 /08/1971

Pharmacienne

 

 

Ces élus se répartissent ainsi entre les partis : ADEMA 5 élus, URD 5 élus, RPM 4 élus, PSP 2 élus, Indépendants 1 élu.

 

Les élus se sont réunis le mercredi 27 mai, après des semaines de tractations entre les partis, pour aboutir au refus par le RPM d’occuper le poste de second adjoint qui lui avait été proposé par la coalition ADEMA-URD majoritaire dans ce conseil et soucieuse de composer un bureau d’union . En fin de compte, le bureau du conseil est ainsi composé :

 

Maire de Djenné : Monsieur Bamoye Traore (ADEMA)

1er adjoint : Monsieur Alhabibou Alpha Oumar (URD)

2ème adjoint : Monsieur Amadou dit Gouro Bocoum  (PSP)

3ème adjoint : Madame Sidibe Lalla Maïga (ADEMA)

 

Au cours de la même réunion, le conseil communal a désigné ses deux représentants au conseil de cercle. Il s’agit de :

 

Monsieur Hamadoun Bah, plus connu comme Amadou Tahirou Bah (ADEMA)

Monsier Alassane Bocoum (URD)

 

 

 

 

NOUVELLES DU PATRIMOINE DE DJENNE

 

Début des activités du programme de formation des maçons et de construction d’une Maison du Patrimoine

 

Dans le cadre de ce projet, Evelyne Bertrand a séjourné à Djenné de novembre 2008 à mars 2009 et Olivier Scherrer de mi-janvier à mi-mars, afin de mettre en place quelques activités importantes parmi lesquelles:

- un atelier de sensibilisation des élèves de Djenné au patrimoine de leur ville

- un cours d’alphabétisation axé sur les compétences de vie courante pour un groupe de maçons volontaires

- un recensement des artisans d’art de la ville 

- un dossier de photographies des maisons recouvertes de briques cuites, qui ont été recensées l’an dernier par Olivier Scherrer

- la constitution de groupes de travail des maçons de la ville pour préparer la construction de la Maison du Patrimoine.

 

 

La sensibilisation des élèves de Djenné au patrimoine de leur ville

 

Cette activité a été prise en charge par Evelyne Bertrand, MM. Papa Cissé et Amadou Tahirou Bah, de DJENNE PATRIMOINE, et M. Mamadou Samaké de la Mission Culturelle de Djenné. Ils ont ensemble déterminé : i) à quels élèves s’adresserait cette sensibilisation : le choix s’est porté sur les classes de 6e, 7e, 8e et 9; ii) du lieu où se déroulerait les interventions : la Maison du Peuple ; iii) et du moment opportun : lorsque les élèves seraient disponibles.

 

Photo Evelyne Bertrand

 

Pour solliciter la participation des jeunes, il a été décidé de partir d’une série de questions simples sur ce qu’est le Patrimoine Mondial, sur les motifs de classement (quel genre de site peut être classé ?), sur les avantages apportés par le classement, mais également les contraintes qu’il impose, sur le respect dû aux visiteurs, sur les risques qu’entraînerait un déclassement pour une ville telle que Djenné, etc … Puis l’échange serait suivi par la projection d’un diaporama montrant des vues de différentes villes du monde classées, elles aussi, au Patrimoine Mondial tout comme Djenné : Paris, Venise, Florence, Tolède, Cordoue, Antigua, Quito, Sanaa, ….

 

Plusieurs séances ont eu lieu : le jeudi 29 janvier 2009 à 16 h  pour les élèves concernés de l’école du quartier, de l’école franco-arabe ainsi que des 6e de l’école de Kanafa ; le vendredi 30 janvier 2009 à 16 h pour les élèves du second cycle de l’école de Kanafa ; le samedi 31 janvier 2009 à 16 h : pour les 6e A, B, C. de l’école Thiokary. Pour le second cycle de l’école Vitré-Djenné : une première séance a eu lieu le jeudi 5 février à 16 h, et une seconde séance le samedi 7 février 2009 à 16 h.

 

Cette activité a touché un très grand nombre d’élèves (de 300 à 500 par séance). Elle est apparue bien nécessaire, parce qu’il s’est avéré que les enfants ignoraient à peu près tout de ce qu’est véritablement une ville classée comme Patrimoine Mondial. Notamment, en ce qui concerne Djenné, selon la plupart d’entre eux, le patrimoine que viennent voir les étrangers ce ne sont pas les lieux les plus importants aux yeux des djennenkés, à savoir la tombe de Tapama ou le puits de Nana Wangara, etc … Les jeunes ignorent totalement que leur ville est classée essentiellement pour son architecture traditionnelle en terre crue et pour le style de ses constructions, ainsi que pour son site archéologique.

 

Photo Evelyne Bertrand

 

Ces interventions ont également permis aux élèves de réfléchir à l’importance que ce patrimoine peut avoir au niveau économique, comme source de revenu pour les habitants de la ville, et comme moyen d’obtenir une amélioration des infrastructures locales. Ce fut l’occasion également de réfléchir à l’attitude à adopter envers les touristes, qui se plaignent d’être importunés sans cesse par des gamins qui leur réclament des cadeaux.

 

Photo Evelyne Bertrand

 

La plupart des élèves ont bien participé, mais il faut souligner qu’une traduction en bambara s’est souvent montrée nécessaire.

 

Il est envisagé pour plus tard d’organiser des séances pour les élèves du lycée et pour ceux du Centre de formation professionnelle Vitré-Djenné, ainsi qu’une journée de formation sur le Patrimoine pour les enseignants volontaires. Il faut aussi trouver le moyen de diffuser cette sensibilisation à toute la population de la ville par le moyen de la radio : des émissions consacrées à ce thème devraient être assurées prochainement par M. Mamadou Samaké.

 

L’approfondissement de cette sensibilisation vis-à-vis du public scolaire prendra la forme d’un atelier de dessin sur l’architecture de Djenné. Cet atelier serait animé par Evelyne Bertrand, professeur d’éducation artistique. Il se déroulerait dans les rues de la ville, et pourrait déboucher sur une exposition des dessins réalisés : à Djenné même, bien sûr, et peut être également à Bamako.

 

Les différents intervenants, lorsqu’ils ont fait le bilan de cette sensibilisation, l’ont jugée extrêmement  positive. Ils ont dégagé les conditions d’une intervention plus efficace encore l’an prochain : réduire l’effectif des élèves à chaque séance, quitte à augmenter le nombre des séances, intervention dans les écoles à l’invitation des directeurs plutôt qu’en dehors, élargissement de l’auditoire aux autres habitants de la ville, etc

 

L’alphabétisation axée sur les compétences de vie courante au profit d’un groupe de maçons

 

L’alphabétisation des maçons de Djenné est apparue comme une condition de l’adaptation de leur profession aux conditions actuelles de la discussion et de la passation des marchés. Cette alphabétisation doit être centrée sur les compétences utilisées dans la vie active. Dans le projet, il est prévu que cette formation s’étale sur trois ans, et elle pourrait alors être offerte à la plus grande partie des maçons de la ville. 

 

Photo Evelyne Bertrand

 

 

 

Du fait de la maladie de Papa Cissé, qui devait prendre en charge cette activité, c’est à M. Abdoulaye Koïta qu’elle a été confiée, un professionnel du domaine, résidant à Madiama, à 22 km de Djenné. La présentation de cette activité a été faite à l’ensemble des maçons lors d’une réunion du barey ton le 29 décembre 2008 ; ce jour là,  il a été décidé du nombre (35 la première année) et de l’âge des stagiaires maçons qui pourraient être admis à cette formation (entre 18 et 50 ans). Ensuite les stagiaires volontaires se sont inscrits dans chacun des trois quartiers entre lesquels se répartissent les maçons à Djenné.

 

Les cours ont eu lieu dans une salle de l’école Thiokary. Il a été nécessaire d’y installer un éclairage d’appoint, qui cependant demeure très insuffisant dans une grande partie de la salle, obligeant les stagiaires à utiliser une lampe de poche pour écrire sur leurs cahiers). Les cours ont eu lieu du 15 janvier au 31 mai 2009. Une trentaine de maçons les ont suivis régulièrement. Les séances se sont déroulées –pour l’instant– en langue bambara ; sera abordée plus tard une initiation à la langue française,

 

   

Photo Evelyne Bertrand

 

celle qui est utilisée dans les appels d’offre de l’administration malienne et que les maçons doivent donc connaître.

 

Les cours ont lieu de 19 à environ 22 heures, les samedi, dimanche, lundi, mardi et mercredi soir ; l’animateur ayant négocié avec les stagiaires l’autorisation de rentrer dans son village pour la foire du jeudi, les cours ont donc vaqué les jeudi et vendredi soir. Les stagiaires ont commencé à apprendre à lire, écrire et calculer.

 

Pour Evelyne Bertrand cette alphabétisation centrée sur les compétences de vie courante est véritablement une réussite : les cours sont plutôt bien suivis, les stagiaires sont motivés et s’accrochent, et ils sont d’autant plus méritants que les séances ont lieu en soirée après leur journée de travail sur les chantiers. Les cours se passent de manière détendue et dans la bonne humeur, l’enseignant commence par exemple toujours par une histoire drôle destinée à détendre l’atmosphère. Ensuite vient un bon moment d’apprentissage de la lecture, puis une séance de calcul, le tout toujours en bambara. Pour éviter que les élèves stagiaires ne demeurent assis pendant trois heures aux tables exiguës faites pour des écoliers, et non adaptées à des tailles d’adultes, …. et auxquelles il arrive d’ailleurs de s’écrouler !...  l’animateur les sollicite sans arrêt de venir écrire à tour de rôle au tableau. Et par ailleurs, les stagiaires ne se privent pas de rentrer et sortir de la salle comme bon leur semble, pour répondre à un appel téléphonique, prendre l’air, fumer une cigarette, etc …. Et ce de manière tout à fait naturelle, sans que personne ne s’en offusque : chacun fait pour lui-même, on le sait, l’effort de concentration maximum.

 

Le plus touchant, au début de la formation était de constater qu’il arrivait quelquefois, notamment le week-end lorsque la salle de classe n’avait pas été occupée durant la journée, que les stagiaires, en arrivant pour leur cours, trouvent encore inscrites au tableau des

Photo Evelyne Bertrand

 

notes de leur propre cours de la veille, et qu’ils se dirigent directement vers le tableau pour les compléter, … heureux de commencer à savoir écrire et calculer ! Ils semblent également avoir beaucoup de plaisir à écrire sur leurs cahiers, il a fallu très rapidement en fournir un second à chacun.  Chaque semaine a lieu une dictée, qui est notée et qui est destinée à évaluer le niveau des stagiaires.

 

Cette alphabétisation commence même à faire des envieux dans la ville, notamment auprès d’autres jeunes qui souffrent d’être analphabètes.

 

Un test a eu lieu le samedi 30 mai 2009, portant sur la lecture, l’écriture, le dénombrement (chacune de ces trois épreuves étant notée sur 10) et calcul (cette épreuve étant notée sur 40, ce qui lui donne un poids considérable). Les résultats suivants ont été proclamés : le nombre total de points obtenus va de 14 à 53 (le maximum accessible était de 70) ; 13 des participants sur 24 ont 40 points ou plus ; les quatorze meilleurs ont reçu une gratification de fin d’année de 12.500 FCFA, les autres une gratification limitée à 7.500 FCFA.

 

A la fin de cette première étape, le maître d’alphabé-tisation, Abdoulaye Koita, nous a fait passer le message suivant : « D'abord je présente mes condoléances à l'association DJENNE PATRIMOINE, qui en pleine activité, a perdu son président Papa Moussa Cissé. Que son âme se repose en paix! Amen!

 

« Ensuite, cette première phase de cours d'alphabétisation s'est très bien passée, dans des conditions favorables, et l'examen s'est déroulé dans la sérénité et dans le calme. Je suis satisfait des stagiaires et les félicite de leur courage, leur assiduité, et le respect dont ils ont fait preuve.

 

« J'ai des propositions à faire pour la seconde phase d'alphabétisation :

1) je suggère qu’on rédige des documents en bamanan sur l'association DJENNE PATRIMOINE, sur ACROTERRE et sur le Barey ton;

2) je suggère qu’on rédige des documents sur la maçonnerie en général;

3) je suggère qu’on prolonge les cours : au lieu de 4 mois comme cette année, on peut travailler 5 et même 6 mois, l’expérience de la première année le prouve ;

4) je suggère qu’on annonce clairement qu’il n’y a pas de per diem pour ces cours, mais qu’il y a des prix  pour les lauréats ; cela évitera que certains ne cherchent à perturber les cours. 

 

« Pour finir je remercie tous les stagiaires et les animateurs du projet, au Mali et en France. A tous j’exprime ma reconnaissance et ma disponibilité au service de l'association, du projet, et de la protection du patrimoine. Je vous remercie tous. » (message traduit de Bamanan en Français par Boubacar Cissé).

 

De même, Ba Lamine Toumagnon, doyen des stagiaires, a déclaré : « Je suis très content d'avoir appris l'alphabétisation, car aujourd'hui ça nous a permis de comprendre beaucoup de choses, à nous qui n’avons pas eu la chance d'aller sur les bancs de l'école française ; nous souhaitons que la deuxième phase nous trouve tous en bonne santé et dans la sérénité. Vraiment Abdoulai a rempli sa tâche, car il n'est pas facile d'enseigner des vieillards de notre âge. Vraiment nous ne savons pas comment le remercier ! Il n'a pas de problème, il ne s’énerve pas, nous avons beaucoup appris avec lui. »

 

Photo Evelyne Bertrand

 

 

Le recensement des artisans d’art de la ville de Djenné

 

La Maison du Patrimoine de Djenné témoignera par elle-même du savoir-faire des maçons de Djenné, et elle servira à  exposer des chefs d’œuvre des artisans d’art afin de promouvoir leurs produits auprès des visiteurs de Djenné.

 

Afin de préparer cette utilisation de la Maison du Patrimoine de Djenné, Evelyne Bertrand a entrepris un recensement des artisans d’art : tisserands, brodeurs, peintres en bogolan, peintres en batik, bijoutiers, potiers, cordonniers, cordonniers en babouches, fabricants d’instruments de musique, ainsi que d’autres artisans créateurs : forgerons décorateurs de calebasses de mariage, couturiers, vanniers, fabricants de pirogues, fabricants d’objets en calebasses, etc …. Elle s’est également intéressée aux artisans du recyclage : à partir de sacs plastique,  de boîtes de conserve, de plastique fondu pour créer des bijoux, des objets décoratifs, etc ….

 

L’artisanat est une des activités économiques essentielles de la ville : 500 artisans dont inscrits à la chambre des métiers, alors même que ce nombre ne tient pas compte des groupes de femmes qui confectionnent les bracelets en perles rocaille, activité qui est aujourd’hui  pratiquée dans le vestibule de toutes les maisons de la ville.

 

Ce recensement a été l’occasion de repérer certaines des difficultés auxquelles se heurtent les artisans d’art de Djenné : par exemple la difficulté à se procurer certains matériaux nécessaires à leur activité (par exemple, pour les brodeurs, le fil de qualité), ou la disparition de l’apprentissage familial dans certains métiers considérés comme sans avenir… Le recensement a aussi été l’occasion de photographier le travail en cours chez les artisans visités. Il a confirmé l’extraordinaire potentiel d’invention créatrice existant à Djenné.

 

Ces documents pourront  être utilisés pour compléter le diaporama qui est déjà sur le site internet de DJENNE PATRIMOINE.

 

Dossier photographique sur les maisons à façades recouvertes de  briques cuites

 

DJENNE PATRIMOINE a déjà exprimé la position selon laquelle le recouvrement des façades en briques cuites est une fausse solution à un vrai problème : une solution plus coûteuse, plus dangereuse et moins durable qu’on ne le croît ! En 2000, Olivier Scherrer a recensé les maisons à façades recouvertes de briques cuites, sur lesquelles quelques informations ont été notées (en particulier l’année où ce revêtement a été mis en place, et la liste des façades concernées). Et inventaire devait absolument être complété par des documents photographiques. C’est ce qu’a fait Evelyne Bertrand en ce début 2009 : 173 photographies de ces maisons ont été prises dans tous les différents quartiers de la ville (vues d’ensemble et détails des revêtements).

 

Ce travail confirme, au moment où la mode est à Djenné de « recouvrir entièrement » les maisons de briques cuites, que des fissures apparaissent rapidement, même sur les maisons récemment revêtues.

 

Les groupes de travail des maçons de Djenné sur le projet de Maison du Patrimoine

 

Au cours d’une réunion du barey ton » Olivier Scherrer a présenté aux maçons de la ville la manière dont le projet a été conçu. Ce n’est pas là un « projet cadeau » parachuté depuis l’étranger, il a été monté depuis le début à Djenné par DJENNE PATRIMOINE et le barey ton, appuyés par ACROTERRE et les membres européens de DJENNE PATRIMOINE. Il est géré à Djenné par un coordonnateur, M. Amadou Tahirou Bah, le trésorier de DJENNE PATRIMOINE, et par M. Bakaïna Mayentao, un maçon entrepreneur désigné par le barey ton. Pour l’instant, la moitié seulement du financement a été trouvée : il faut donc cette année, avec l’argent disponible, respecter un budget et des délais précis, se concerter pour prendre entre nous les décisions nécessaires, etc.

 

Ensuite Olivier Scherrer a suggéré que le barey ton constitue trois groupes de travail pour que les maçons définissent en détail les actions qu’ils vont entreprendre : un premier groupe sur la Maison du Patrimoine, un second sur la modernisation de la profession, un troisième sur l’amélioration de la qualité des enduits … Ces groupes ne doivent pas être trop nombreux, pour travailler efficacement : le barey ton pourrait constituer 3 groupes de six maçons ; les groupes discuteraient, puis rapporteraient leurs conclusions à l’ensemble de la profession.

 

Les maçons présents à cette réunion se sont donc répartis en trois groupes de 52 à 54 personnes, et chaque groupe a désigné ses six représentants, dont un vieux maçons qui dirigera le groupe. Les groupes sont constitués de maçons de tous âges, des plus jeunes stagiaires de l’alphabétisation aux plus âgés (qui ont ainsi à cette occasion retrouvé une place qu’ils avaient perdue depuis quelques années au sein du barey ton. Le premier bénéfice de cette activité est donc déjà de solliciter la collaboration de l’ensemble de la profession.

 

Puis Olivier a organisé des réunions avec chacun des représentants des groupes, afin de les conseiller sur la de procéder, totalement révolutionnaire pour eux. Avec une infinie patience, et d’incroyables dons pédagogiques, il est parvenu à leur faire comprendre des notions abstraites bien difficiles à acquérir pour eux, qui ont l’habitude de fonctionner de manière totalement empirique. Par exemple il a fallu beaucoup de temps pour faire comprendre aux maçons l’importance de « classifier » les différents problèmes qu’ils avaient recensés, mais Olivier y est parvenu en recourant à l’exemple d’objets que l’on range dans des boîtes en fonction de leur destination. De la même manière il ne fut pas simple de leur faire découvrir par eux-mêmes comment organiser un chantier de grande ampleur, comparé à la taille des maisons qu’ils ont coutume de construire. Il a fallu également leur montrer comment s’y prendre pour estimer les quantités de matériaux nécessaires pour construire, que ce soit en « djenné ferey » ou en « toubabou ferey », afin de  pouvoir établir un coût comparatif entre les deux modes de construction. Etc, etc ….. Si les maçons parviennent à poursuivre seuls à l’avenir ce mode de fonctionnement en échangeant entre eux, ils auront franchi un très grand pas.

Après le départ d’Olivier, M. Boubacar Cissé, un jeune professeur au collège de Djenné, a été chargé de suivre les réflexions de ces différents groupes de travail, et d’en transmettre les conclusions aux responsables du projet sous formes de compte rendus par mails.

 

 

Activités de la Mission culturelle

 

Du 28 au 30 novembre 2008, la Mission culturelle a organisé une formation sur les questions du patrimoine culturel et de sa protection pour les maires des douze communes du cercle de Djenné. Les exposés suivis de discussion ont porté sur le concept de patrimoine culturel, sur les bénéfices qu’ont peu attendre du patrimoine culturel, sur l’état du patrimoine archéologique, sur le pillage, sur la législation relative à la protection du patrimoine, sur le patrimoine et le développement durable ; le programme comportait aussi la projection de deux films ainsi que la visite du musée de la Mission culturelle et du site archéologique.

 

En février-mars 2009, la Mission culturelle a organisé une sensibilisation par le théâtre à la protection du patrimoine. Le spectacle a té conçu et mis en scène par M. Mamadou Dansoko, animateur de la jeunesse, et également créateur de la troupe de théâtre de Djenné. Le spectacle a été montré dans les villages de Seïna, Taga, Soala, Toun, Thiecorobougou, Soumatogo, Kouakourou, Gagna, Siratintin et Senossa.

 

La Mission culturelle a organisé des journées portes ouvertes pour chacun des établissements scolaires de Djenné (sauf le CFP).

 

La Mission culturelle mène un programme de causeries dans les villages sur les questions du pillage des sites archéologiques, avec le concours des notables de chaque village. En mai-juin cette activité a eu lieu dans les villages de Gomitogo, Diabolo, Sirabougou, Kandara, Keke, Kobassa, Bougoula, Ngola, Djére, Kané, Koïna, Konio, Madiama, Bounguel, Montrobougou.

 

Du 14 au 16 avril la Mission culturelle  a organisé une formation destinée aux guides et antiquaires de Djenné. Y ont participé 26 guides officiels (sur 27) et 8 antiquaires. Le programme comportait des exposés suivis de discussion sur des sujets tels que : le patrimoine culturel sous ses différentes formes, le rôle de la Mission culturelle, l’histoire de Djenné, la législation malienne et internationale de protection du patrimoine culturel, la déontologie du guide et de l’antiquaire. Le programme comportait aussi des projections de films et une visite du musée de la Mission culturelle et du site de Djenné-djeno lui-même.

 

La Mission culturelle a également édité récemment des affiches, des dépliants, ainsi qu’un fascicule de 8 pages  destiné aux scolaires.

 

 

 

Activités du Réseau Aga Khan

 

Les travaux entrepris par le Réseau Aga Khan sur la mosquée de Djenné sont entrés en 2009 dans une phase active. Sous la conduite d’architectes de divers pays (France, Egypte, Cameroun, Italie, Algérie…) qui semblent se relayer sur ce projet, et d’Ibrahim Toumagnon, maçon de la famille du chef traditionnel de Djenné, une quinzaine de maçons de Djenné, aidés chacun par deux manœuvres (plus les manœuvres employés pour mélanger, transporter, hisser les matériaux…) travaillent sans discontinuer.

 

Leur première tâche a été de remettre en état de toit-terrasse de la mosquée, qui supportait une couche de banco épaisse en certains endroits de plus de 60 cm. Après avoir déchargé le toit de ce poids considérable, on a examiné l’état des planchers qui le supportaient, et qui étaient de deux types. Un premier plancher fait de troncs de rônier éclatés  placées côte à côte ; et dessus, un second plancher fait de bois ordinaires,  placées côte à côte, mais perpendiculairement aux rôniers. Ces bois ordinaires étaient en général en mauvais état, et ils ont tous été remplacés par des morceaux de rônier. Les rôniers viennent de la région de Kayes. Ce travail sur le toit-terrasse est très avancé, mais il n’est pas achevé.

 

 

Photo J. Brunet-Jailly

 

La couleur très claire du banco de Sakoumbo apparaît nettement sur les pinacles récemment recrépis

 

 

En même temps, les maçons ont commencé à recrépir les pinacles et acrotères de la mosquée. Ils ont pour cela créé des bassins protégés du soleil pour préparer le banco, ils sont fait venir du banco de Sakoumbo (près du site archéologique), ils ont soigneusement tamisé ce banco, qui est de couleur très claire, et ils l’ont mélangé avec de la balle de riz. Le résultat est un crépi très clair, très lumineux, qui modifie sensiblement l’image qu’avait la mosquée de Djenné depuis sa création d’après les documents dont nous disposons. Aucun additif n’a été utilisé, semble-t-il, contrairement à ce qu’on dit dans la ville. Aucune décision n’a semble-t-il été prise quant à l’adoption de ce type de crépi pour l’ensemble du bâtiment. Cette année, la mosquée sera recrépie de la même façon que les années passées : ceci sera fait le jeudi 4 juin.

 

Il est prévu que le chantier ne  sera pas interrompu pendant la saison des pluies. L’effectif des maçons pourrait être réduit à 10, et le travail portera sur les enduits de l’intérieur de la mosquée, après que les fils électriques aient été encastrés dans les murs.

 

 

 

NOUVELLES DE DJENNE PATRIMOINE

 

Une délégation du Rotary Club de Dijon visite Djenné :

 

Evelyne Bertrand a noué des contacts avec le Rotary Club de Dijon, pour lui faire connaître le programme d’alphabétisation fonctionnelle et de formation professionnelle des maçons de Djenné. Début décembre, une délégation de ce club, envisite au Mali, a rencontré à Djenné Evelyne Bertrand, Papa Cissé et Amadou Tahirou Bah. Le lendemain, les mêmes personnes ont rencontré le Rotary Club de Mopti. Evelyne Bertrand et Papa Cissé ont remis à cette délégation une estimation du coût du programme d’alphabétisation, pour le dossier qu’elle rapportera au Rotary Club de Dijon, qui envisageait de constituer un dossier pour le Rotary Club International.

 

 

Voir les résultats complets (nationaux et par  région) publiés par le Ministère de l’administration territoriale et repris dans la presse, par exemple dans Le Républicain du 8 mai 2009, p. 6-8 Retour au texte

 

logo

Table des matières Bulletin

fl2

Précédent/ Suivant